Le secteur manufacturier représente une part de plus en plus faible dans l’activité économique globale mais son caractère cyclique en fait un indicateur utile pour prendre le pouls de l’économie. L’indice Markit PMI est à cet égard souvent utilisé. Il est en repli depuis la fin de l’année dernière dans une grande majorité de pays.

Comme le montre le graphique 1, la variation la plus forte est celle observée en Turquie, ce qui n’a rien de surprenant compte tenu des tensions sur le marché ces derniers mois. La confiance des entreprises du secteur manufacturier a reculé dans la plupart des pays de la zone euro. Dans certains cas (Allemagne, France, Italie, Autriche) et pour la zone euro dans son ensemble, la confiance a connu une baisse significative, après avoir néanmoins atteint des niveaux très élevés à la fin de 2017. En effet, pour la plupart des pays de la zone euro, les niveaux actuels restent bien supérieurs au seuil de 50 (séparant expansion et contraction dans l’industrie manufacturière). Une exception, cependant : l’Italie, avec un indice à 50,1. Dans le reste du monde, comme dans la plupart des pays, la confiance des chefs d’entreprises se maintient au-dessus de la barre des 50.
Aux Etats-Unis, l’indice couramment utilisé est celui publié par l’association des directeurs d’achats (Institute for Supply Management ou ISM). Depuis décembre 2017, l’indice ISM manufacturier oscille dans une fourchette assez étroite, entre 57,3 (avril dernier) et 61,3 (août). Le chiffre du mois d’août représente une progression de 3,2 points de pourcentage par rapport au mois de juillet. On ne peut pas en dire autant de la plupart des autres pays : comme l’indique le graphique 2, la variation mensuelle moyenne sur les trois derniers mois reste négative dans la plupart des cas, mais dans de moindres proportions que sur les six derniers mois.
Le ralentissement de cette dynamique négative laisse espérer une stabilisation du sentiment du secteur manufacturier, même si la question n’est pas encore tranchée. D’une part, à l’augmentation de l’indice ISM américain s’ajoutent la progression des anticipations des entreprises allemandes, comme en témoigne l’indice IFO, et l’adoption par la Chine de mesures de soutien à la croissance. D’autre part, les tensions actuelles de marché dans les pays émergents ont pour effet d’assombrir leurs perspectives économiques, ce qui pourrait finir par pénaliser les exportations des pays développés. Le plus important reste néanmoins que les craintes persistantes d’une guerre commerciale en bonne et due forme devraient brider, le cas échéant, le potentiel de progression du sentiment manufacturier.

William De Vijlder

Group Chief Economist BNP Paribas, Senior Lecturer Ghent University