Après une tentative d’harmonisation des prix de rémunération des producteurs ghanéens et ivoiriens en 2018, les deux pays franchissent une nouvelle étape avec des tarifs communs minimums de la tonne de cacao à l’exportation. Une décision justifiée par la volonté d’améliorer le niveau de vie des producteurs.
Le marché mondial du chocolat représente 100 milliards de dollars mais seuls 6 milliards de cette manne financière reviennent aux agriculteurs producteurs de la matière première. Une aberration que veulent corriger la Côte d’Ivoire et le Ghana premiers producteurs mondiaux de cacao et dont les petits producteurs locaux vivent souvent dans l’extrême pauvreté.

Les deux pays ouest-africains ont ainsi annoncé ce mercredi 12 juin qu’ils ne vont plus céder la tonne du cacao à moins de 2 600 dollars/t. Un tarif établi en concertation avec les producteurs et exportateurs selon le directeur général du Ghana Cocoa Board, Joseph Boahen Aidoo. Pour accélérer l’implantation du nouveau dispositif tarifaire les deux Etats de la CEDEAO ont procédé à une suspension temporaire des ventes des récoltes des saisons 2020/2021, sachant que celles-ci sont toujours vendues à l’avance. Le cacao constitue 10 % du PIB de la Côte d’Ivoire, et près de 9% celui du Ghana, faisant que les deux Etats voisins ont intérêt à relever les tarifs.

« L’agriculture est un secteur clé de l’économie ivoirienne. Elle occupe plus de 50% de la population active, fournit 20% du produit intérieur brut et représente 70% des recettes d’exportation », a confié en avril dernier à La Tribune Afrique, Kobenan Kouassi Adjoumani, Ministre des Ressources animales et halieutiques qui a insisté sur l’importance de la filière cacao dans l’agriculture ivoirienne.

La volonté d’harmoniser les politiques de la filière s’est concrétisée par des pourparlers ouverts l’année dernière pour s’accorder sur les prix du cacao. « Lorsque le prix du Kg de cacao baisse en Côte d’Ivoire, les producteurs ont tendance à évacuer leurs produits vers le Ghana voisin, pour y obtenir de meilleurs tarifs. Cette pratique fausse nos prévisions statistiques en termes de production », a expliqué le ministre ivoirien, il y a deux mois. C’est à partir de ce constat que les deux Etats frontaliers ont décidé de se concerter pour fixer des prix communs et mettre fin à ces pratiques, a-t-il précisé.

Pragmatiques, les deux voisins ont après la chute des cours du cacao en 2016 et 2017 et les difficultés socio-économiques sous-jacentes décidé de mutualiser leurs forces. A la suite de cette premier alliance en 2018 sur les tarifs communs aux producteurs les deux pays détenteurs de 60% de la production mondiale de cacao passent à un niveau supérieur et ouvrent la voie à ce que les experts qualifient de « l’OPEP du cacao ». Cette dernière se traduit par une harmonisation des positions sur les tarifs à l’exportations.