Les pays africains se tournent de plus en plus vers l’énergie nucléaire. Sur le continent, plusieurs projets sont en cours dans ce sens, encouragés par la Chine, la Russie ou encore la France. Selon l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA), aujourd’hui plus du tiers des pays candidats à l’énergie nucléaire sont africains. Mais à quel prix le développement des activités des industriels de l’atome en Afrique pourrait-il se faire ?

Il faut remonter jusque dans les années 50 pour retrouver les traces des premiers pas du nucléaire en Afrique, avec l’expérience congolaise. Et même si le réacteur nucléaire construit à l’époque n’existe aujourd’hui que de nom, l’intérêt porté à l’énergie nucléaire a conquis l’Afrique. En dehors de l’Afrique du Sud qui est à ce jour le seul pays du Continent à disposer d’une centrale dotée de deux réacteurs, plusieurs pays dont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, le Ghana, le Kenya, l’Ouganda, la Zambie, le Niger, le Nigeria et le Soudan ont exprimé leurs intentions de parvenir à produire de l’électricité à partir de cette source d’énergie. Certains d’entre eux comme la Libye, l’Algérie, la RDC, le Maroc et le Nigéria se sont déjà dotés de réacteurs qui servent à la recherche médicale. Selon l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA), aujourd’hui plus du tiers des pays candidats à l’énergie nucléaire sont africains. Ainsi estiment les experts, à l’horizon 2025, en plus de l’Afrique du sud, au moins cinq pays africains seront équipés de centrales nucléaires.

De grands projets en cours
Pour arriver à atteindre ce niveau, plusieurs projets sont aujourd’hui conduits sur le continent africain, par la Russie ou la Chine, mais aussi la France qui manifeste de plus en plus son intérêt pour l’uranium à travers des contrats divers. En 2015 par exemple, l’Egypte a lancé un projet de construction de sa première centrale nucléaire de 1000 mégawatts à El-Dabaa pour un investissement de 4 milliards de dollars. Ce projet mis en œuvre par la Russie sera opérationnel en 2025. A cette année, le projet de centrale nucléaire du Nigeria construite par le russe Rosatom devrait également être opérationnelle. La Russie dirige également un autre projet de centrale nucléaire au Soudan où Moscou dispose d’une assise très solide.

Pendant ce temps, la Chine, quant à elle prend ses bases en Namibie. L’Empire du Milieu a récemment annoncé le lancement de l’exploitation de la mine d’uranium de Husab en Namibie par la China General Nuclear power Corporation. Pékin a également signé un accord avec l’Ouganda pour la construction d’une centrale nucléaire de 2 000 mégawatts et un autre accord avec le Kenya pour la construction de sa première centrale nucléaire.

Combler les besoins énergétiques
Même si certains pays africains ont pu exprimer leurs désirs de développer le nucléaire pour des raisons militaires, ils ont rapidement laissé tomber. Ainsi aujourd’hui l’ambition est de couvrir les besoins énergétiques qui s’expriment dans ces pays. Du point de vue des experts, il faut encore installer 160 gigawatts à l’horizon 2025 et bien plus encore en 2050 à Afrique pour répondre à ses besoins. En Afrique subsaharienne 57% de la population n’a pas accès à l’électricité et est privée ainsi des opportunités de développement. « L’Afrique a soif d’énergie et l’énergie nucléaire pourrait faire partie de la solution pour un nombre croissant de pays », a déclaré Mikhail Chudakov, chef du département de l’énergie nucléaire à l’AIEA.

En plus des besoins, l’Afrique dispose du potentiel nécessaire pour la production du nucléaire. 20 % des réserves mondiales d’uranium s’y trouvent et trente-quatre pays en possèdent dans leurs sous-sols. Cette énergie est une option très séduisante aux yeux de plusieurs dirigeants. Mais alors que les pays les plus avancés rencontrent de sérieux problèmes pour gérer les déchet nucléaires, sans parler de la problématique sécuritaire qui se pose, l’on peut légitimement se poser la question de l’opportunité de cette source d’énergie pour les pays Africains. Une chose est sûre, qu’elle soit française, russe ou chinoise, l’industrie nucléaire peine à rentabiliser ses investissements colossaux, et a de plus en plus de mal -peut-être heureusement- à voir un horizon dégagé pour son avenir.

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