Le privé sénégalais a besoin de plus en plus d‘enseignants formés, vu son expansion dans tout le pays. Selon des études parues récemment, ils sont seulement 20 % qualifiés.

La privatisation de l’enseignement au Sénégal, devenue un phénomène en pleine expansion depuis quelques années, est confrontée à d’énormes difficultés liées surtout à la formation des enseignants. Selon des études publiées récemment, seulement 20 % d’enseignants du privé sont qualifiés. Pour ne pas dire que 80 % d’entre eux n’ont aucune qualification. Ce qui est une chose à revoir si nous voulons un enseignement privé de qualité tant souhaité dans la politique d’éducation pour tous mise en place dans ce pays.
De l’avis de Kalidou Diallo, président du Conseil académique de l’Institut polytechnique de Dakar (IPD) Thomas Sankara, et ancien ministre de l’Éducation nationale sous l’ère Wade, la situation est pareille dans tout le secteur de l’enseignement alors que notre pays a besoin d’enseignants. Selon lui, seul 1,2 % des enseignants ont la maîtrise, moins de 3 % ont la licence. Et parmi le groupe restant, il y a ceux qui n’ont que le baccalauréat et d’autres qui n’ont aucun diplôme. « Il nous faut une formation privée de qualité avec des enseignants bien formés si nous voulons relever le défis », a-t-il déclaré. M. Diallo s’exprimait en marge de la cérémonie de lancement du Centre académique des métiers de l’éducation et de la formation (CAMEF) de l’Institut Polytechnique de Dakar (IPD) Thomas Sankara et de l’Agence africaine de l’éducation et de la formation qui va ouvrir ses portes pour l’année scolaire 2019-2020 au courant de ce mois de janvier. Ce dernier a profité de cet événement pour annoncer l’introduction de nouveaux types de formation dans le sous-secteur de l’enseignement privé, comme la formation syndicale, la technique de négociation et la participation aux activités. « D’autres modules seront également introduites pour permettre le métier d’être plus performant », a-t-il lancé.
Le CAMEF qui est orienté vers la formation initiale et continue des enseignants du préscolaire, de l’élémentaire, du moyen et du secondaire a pour missions de contribuer à la construction du capital préconisée dans l’Axe 2 du Plan Sénégal émergent (Pse), de participer à la mise en œuvre du Programme d’amélioration de la qualité de l’équité et de la transparence(PAQUET), tout en contribuant également à l’amélioration de l’employabilité des jeunes et la requalification des adultes pour une formation de qualité.
Ainsi, en 2016, le pourcentage d’élèves dans les collèges privés était de 15,4 %, tandis que celui des élèves dans les écoles élémentaires se situait à 15,9 %. Ce qui montre que la privatisation de l’enseignement est devenue un phénomène à ne pas négliger.
Comme le privé a besoin de plus en plus d’enseignants formés, Ngary Faye, Conseiller technique numéro 1 du ministre de l’Éducation empêché, de faire savoir que le CAMEF est venu à son heure. « Nous sommes dans un monde de l’économie du savoir pour lequel la connaissance et la bonne connaissance est la première des matières premières », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « Dans le marché actuel du monde, beaucoup de choses se vendent, mais la matière grise est la matière qui se vende le mieux ». Une raison de plus pour pousser les jeunes à la quête du savoir afin de faciliter leur insertion professionnelle. Selon lui, ce centre est un exemple de valorisation de l’expérience nationale, au regarde de la composition, de l’expérience de l’équipe qui la compose et la responsabilité qu’elle a eu à occuper par le passé dans le domaine de l’éducation.