Au-delà de celle octroyée en continu aux cadres, la formation initiale se détache crescendo du classique universitaire pour se fonder sur l’entreprise. C’est alors qu’entrent en jeu les fameuses business schools. En Afrique, ces structures en saisissent profondément l’enjeu pour le Continent et y tirent bien leur épingle du jeu.
Le 2 mars 2018, Aliko Dangote, première fortune d’Afrique, inaugure la Dangote Business School, l’école de commerce à 3,3 millions de dollars qu’il a choisi d’installer au sein de l’Université de Bayero à Kano au Nigéria. « Mon but est de faire de cette école une référence concernant la façon dont le Nigéria et l’Afrique peuvent faire les affaires. Elle devra mener des études et des recherches en lien direct avec nos besoins, afin de partager des bonnes pratiques dans toute l’Afrique », expliquait l’homme d’affaires.

Un réservoir de futurs diplômés
Cette business school vient ainsi en modèle nigérian, pourrait-on dire, de ce qu’Amadaou Diaw a bâti au Sénégal il y a 26 ans avec ISM Dakar, dont les lauréats figurent aujourd’hui dans le grand noyau de business leaders à travers l’Afrique et au-delà. Plus récemment, après avoir lancé African Leadership Academy (ALA) en Afrique du Sud avec son ami camerounais Acha Leke, l’entrepreneur ghanéen Fred Swaniker donnait un nouveau ton à la démarche en fondant en 2016, l’African Leadership UniversityAcademy à Maurice et au Rwanda. Baptisée par CNN la « Harvard d’Afrique », cette école de commerce entend multiplier les campus à travers le Continent et former plus de trois millions de leaders d’ici à 2060. « C’est à nous de former les leaders africains de demain. Ils ne sortent pas du néant. Les gens ont quelque chose d’inné quelque part ; c’est ce que j’appelle la flamme qu’il faut aller chercher en chacun. C’est le rôle des écoles », estime, convaincu, Amadou Diaw dans une déclaration à La Tribune Afrique.

Selon une analyse du cabinet Paxter, le nombre d’étudiants à former pour le marché de l’emploi sur le Continent devrait passer de 8 à 30 millions d’ici à 2030. Et au-delà des Africains eux-mêmes, l’opportunité que représente la formation supérieure privée en Afrique attire les grandes écoles occidentales qui, récemment, s’emboitent le pas. Actuellement, le Maroc, première destination en Afrique francophone, accueille au moins une dizaine de grandes écoles occidentales. Fin 2018, HEC Paris choisissait Abidjan en Côte d’Ivoire pour installer sa section Afrique de l’Ouest.

Un créneau juteux
Encore plus offensifs, les fonds d’investissement voient également en la formation initiale un marché stratégique et misent désormais dans le fonctionnement de la machine, sachant que ces écoles réalisent d’importants chiffres d’affaires. Certains intègrent les tours de table des écoles d’excellence et comme c’est le cas du Group Galileo dans ISM Dakar fin 2016. C’est également le cas du fonds britannique Actis qui, en lançant en 2017 Honoris United Universities, a construit un important réseau panafricain d’enseignement supérieur privé, premier du genre.

Avec 33 000 étudiants dans neuf pays, dont l’Afrique du Sud et le Maroc, le fonds s’assurerait une croissance à deux chiffres de son chiffre d’affaires, selon les confidences récentes de son président, Luis Lopez. « Les fondateurs avaient un rêve, celui de relever le challenge de la formation en Afrique », explique à La Tribune Afrique Laura Kakon, Global Chief Marketing de HUU. « Il y a plusieurs avantages à travailler en réseau. Il est possible de développer un contenu et une expertise continentaux et faire émerger une solution africaine à la problématique de l’enseignement supérieur, la formation professionnelle et technique », détaille-t-elle en soulignant que les partenariats internationaux du réseau, ses labels ou lui sont « un gage de qualité internationale ».

Dans un contexte de mondialisation où ce ne sont plus uniquement les entreprises occidentales qui s’internationalisent, mais où les entités africaines bâtissent de plus en plus des visions fondées sur la conquête du reste du monde, l’Afrique ne forme pas ses talents pour que ceux-ci n’exercent exclusivement sur le Continent, mais qu’ ils soient également la vitrine de l’excellence et du savoir-faire africain dans le monde.

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