L’instauration de droits de douane élevés sur les importations d’automobiles par les Etats-Unis pourrait déclencher des mesures de rétorsion mondiales à hauteur de 252 milliards d’euros d’exportations américaines.

« Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Inquiète de possibles taxes douanières supplémentaires imposées sur les importations américaines d’automobiles et de pièces automobiles européennes, Bruxelles prend les devants.
Dans un rapport de dix pages adressé vendredi au département du Commerce des Etats-Unis, la Commission européenne avertit qu’un passage à l’acte, de la part de l’administration américaine, entraînerait probablement des mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux des Etats-Unis. Au total, 294 milliards de dollars d’exportations américaines pourraient être concernés, soit près de 20 % des exportations totales américaines.
540.000 emplois à la clé
Fermement opposée à « la multiplication des mesures prises pour des raisons de sécurité nationale à des fins protectionnistes », l’Union européenne démonte point par point les incohérences américaines. « Les constructeurs automobiles européens contribuent de manière significative […] à l’emploi aux Etats-Unis. Ils […] exportent environ 60 % des automobiles vers des pays tiers, y compris vers l’Europe […]. Ils fournissent 120.000 emplois directs en amont dans les usines de fabrication et 420.000 emplois chez les concessionnaires », précise le document. En clair, si Donald Trump met sa menace à exécution – un droit de douane de 20 % – il se tire une balle dans le pied.

L’Union européenne s’insurge d’autant plus que l’industrie automobile américaine n’est pas menacée et qu’aucune mesure de sauvegarde du secteur n’est nécessaire au regard des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il n’y a pas de menace économique pour l’industrie automobile américaine qui est « saine et qui a régulièrement augmenté sa production nationale au cours des 10 dernières années ». « Les besoins des Etats-Unis […] à des fins militaires ou de défense, principalement des véhicules tactiques légers, semblent être couverts par des fournisseurs spécialisés basés aux Etats-Unis », remarque encore l’Union.
Un non-sens économique
Présentant les mesures potentielles de Donald Trump comme un non-sens économique, l’Union européenne demande une participation à l’audience publique organisée les 19 et 20 juillet par le département du commerce dans le cadre de son enquête sur la sécurité nationale ouverte le 23 mai dernier. Une enquête similaire sur les importations d’acier et d’aluminium avait conduit le président à relever les droits de douane sur les importations d’acier (25 %) et d’aluminium (10 %)européen le 1er juin. Cette décision a conduit l’Europe à relever, elle aussi, les droits de douane sur 2,8 milliards d’euros d’importations américaines.
Trump reste sur ses positions
Avec ce qui se profile sur l’industrie automobile, les Etats-Unis et l’Union européenne risquent de passer d’une escarmouche à une véritable guerre commerciale.
L’Union européenne fait probablement autant de mal que la Chine, sauf qu’elle est plus petite.
Pour l’Union européenne, l’instauration de droits de douane de 25 % aurait un impact négatif sur le PIB des Etats-Unis de 13 à 14 milliards de dollars. Interrogé dimanche par la chaîne Fox News, Donald Trump a de nouveau fustigé l’Union européenne sur le plan commercial. « L’Union européenne fait probablement autant de mal que la Chine, sauf qu’elle est plus petite », a-t-il déclaré ajoutant que les Européens « ont fait l’an dernier un excédent commercial de 151 milliards de dollars. […] Et par-dessus ça, nous dépensons une fortune sur l’Otan pour les protéger »,a-t-il poursuivi. Ces pays « nous traitent très mal. Ils nous traitent très injustement ».
Evoquant le cas spécifique de l’automobile, Donald Trump a pointé du doigt les marques allemandes et vivement regretté le fait que les Etats-Unis ne puissent pas faire entrer leurs automobiles en Europe. Les exportations de voitures de l’Union européenne vers les Etats-Unis ont représenté 37,4 milliards d’euros en 2017, et celles des Etats-Unis vers le Vieux Continent 6,2 milliards d’euros. Chacun fourbit ses armes avant le déclenchement des véritables hostilités.
(source : https://www.lesechos.fr)