Avec des pertes d’exploitation qui ne cessent de s’aggraver de 59,19% à 66,7 millions d’euros au deuxième trimestre, Jumia qui doit gérer un scandale de fraude interne au Nigeria parie désormais sur son nouveau service de mobile money.
Ce sont des résultats mitigés qu’a présentés Jumia ce mercredi 21 août. Au deuxième trimestre de l’année en cours, le géant de l’e-commerce a enregistré des pertes d’exploitation de 66,7 millions d’euros, soit une hausse de 59,19% par rapport à la même période l’an dernier où elles se chiffraient à 41,9 millions d’euros, selon un communiqué du groupe. Des pertes principalement dues à la hausse des dépenses liées aux rémunérations à base d’actions, explique Jumia.

En effet, les rémunérations fondées sur les actions (SBC) se sont élevées à 20,5 millions d’euros entre avril et juin 2019, contre seulement 5,8 millions d’euros sur la même période en 2018, soit une hausse de 253,4% en glissement annuel. «L’augmentation des charges de SBC au cours du deuxième trimestre de 2019 est principalement liée au premier appel public à l’épargne de Jumia, réalisé en avril 2019 [à la New York Stock Exchange, NDLR], entraînant l’acquisition de certaines des options d’achat d’actions octroyées dans le cadre du régime d’options d’achat d’actions de 2016», explique la startup.

Les résultats trimestriels de Jumia dégagent cependant une hausse de 58,3% du chiffre d’affaires trimestriel à 39,2 millions d’euros. Selon la firme, cette performance a été rendue possible grâce notamment à l’élargissement du portefeuille «consommateurs actifs» dont le nombre a grimpé de 500 000 à 4,8 millions. Mais comme le précise Jumia, ce chiffre est déterminé «sans tenir compte des annulations ou des retours», dont les chiffres n’ont pas été dévoilés dans le communiqué.

Ces résultats interviennent au moment où Jumia révèle également une fraude interne commise par des agents au sein de filiale nigériane. «Nous avons licencié les employés et les agents JForce impliqués, éliminé les vendeurs impliqués et mis en œuvre des mesures visant à empêcher que de telles situations ne se reproduisent», a indiqué Sacha Poignonnec, directeur général, soulignant que les transactions frauduleuses n’ont eu aucun impact sur ses états financiers.

La piste du mobile money
En dépit de ces données, le top management de Jumia affiche son optimisme quant à l’avenir et mise désormais sur son service de mobile money. «Nous continuons de mettre en œuvre notre stratégie financière visant à générer une forte croissance de nos facteurs moteurs, tout en accélérant la monétisation, en optimisant les coûts et en développant JumiaPay», a commenté Poignonnec.

Lancé début 2017 au Nigeria, le service est aujourd’hui disponible en Égypte, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Maroc et au Kenya. Le leader de l’e-commerce en Afrique prévoit de couvrir dans l’immédiat 14 pays du Continent avec sa solution de paiement.

En outre, Jumia s’attend à une baisse conséquente de ses dépenses liées aux rémunérations fondées sur les actions (SBC) sur les deux derniers trimestres de l’année en cours, à 6,4 millions par trimestre.

Depuis son IPO, Jumia est sous pression. Entre son «africanité» contestée et ses difficultés internes, le triomphe de son introduction en bourse en tant que première licorne africaine listée à la NSE s’est vite estompé pour faire place à une action en bourse en perte de vitesse.

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