Les tendances de croissance économique et démographie ainsi que d’urbanisation rapide en Afrique créent des besoins forts en infrastructures. Les gouvernements faisant face à des contraintes budgétaires lourdes, le secteur privé joue un rôle clé en tant que partenaire.

Un récent rapport de l’International Finance Corporation (IFC) souligne les perspectives offertes aux investisseurs privés sur ce continent. Il en ressort que si les investissements privés dans les infrastructures sont en hausse à l’échelle mondiale, ils demeurent faibles dans la région. Selon certaines projections, les dépenses en infrastructures en Afrique entre 2017 et 2035 représenteront à peine 2% des dépenses mondiales du secteur. A titre de comparaison, l’Asie concentrera 54% des dépenses (avec la Chine pour 34% à elle seule), les Etats-Unis 20 %, l’Europe 14% et l’Amérique latine 6%.
Les montants moyens sont en baisse et les « mégaprojets » de construction s’effacent au profit de réalisations d’une valeur comprise entre 50 et 500 millions de dollars. La raison de cette tendance est que les projets de très grande envergure sont généralement lents à mettre en œuvre et complexes à construire. Ces mégaprojets provoquent aussi régulièrement des retards dans les délais et des dépassements de budget.
Malgré les besoins, les partenariats public-privé (PPP) dans le domaine des infrastructures demeurent embryonnaires en Afrique subsaharienne. Quatre pays de la région (Afrique du Sud, Nigéria, Kenya et Ouganda) se taillent la part du lion et concentrent 48% des projets d’infrastructures réalisés dans le cadre des PPP au cours des 25 dernières années. Les PPP se répartissent surtout entre le secteur de l’énergie (environ 78%) et celui des transports (environ 22%).
L’attrait du rendement
Lors des périodes de crise ou de croissance faible dans les économies développées, les investisseurs privés vont chercher les taux élevés dans les pays émergents. Lorsqu’il est accompagné d’une bonne connaissance du terrain, l’investissement privé dans les infrastructures peut générer des rendements plus intéressants qu’en Europe, où la surévaluation des actifs a réduit la valeur des investissements. La Chine l’a compris : elle finançait 47 projets en Afrique en 2017. Les entreprises privées en finançaient 44, les institutions financières internationales (IFI) 40 dont 28 projets de grande échelle.
Pour encourager les investisseurs privés à développer des projets d’infrastructures, les Etats doivent désormais établir un cadre institutionnel et réglementaire favorable aux PPP. Ces dernières années, le cadre législatif a déjà été enrichi dans la plupart des Etats subsahariens. L’Afrique du Sud fait figure de modèle en la matière. Le Botswana, l’Île Maurice et le Rwanda suivent à distance raisonnable, tandis que d’autres Etats tels que les Comores, le Lesotho, ou le Sud Soudan ferment la marche.
L’investissement privé pourrait jouer un rôle déterminant dans la transformation et la construction du continent. Si elle parvient à rattraper la moyenne mondiale quant à la qualité et la quantité des infrastructures, l’Afrique subsaharienne pourrait gagner quelque 2,6 points de croissance par an selon les estimations. La croissance du PIB par habitant pourrait également croître de 1,7 point par an. Les gains les plus importants proviendraient de l’augmentation des capacités de production et de l’extension du réseau routier.
(Source : https://afrique.latribune.fr)