La multinationale française Orange quitte le marché nigérien où elle opère depuis 2008. Une décision annoncée en début d’année à la suite du contentieux opposant Orange Niger aux autorités fiscales. Le groupe télécoms est désormais à la recherche d’un repreneur de sa filiale nigérienne.
Cette fois, c’est officiel ! L’opérateur français Orange quitte le Niger dès qu’un accord sera trouvé avec un éventuel repreneur. La confirmation de ce départ a été faite par Alioune N’Diaye, directeur exécutif du groupe Orange pour la région Afrique et Moyen-Orient (AMEA), qui vient de séjourner à Bamako au Mali, où il a rencontré le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK).

A l’occasion de la conférence de presse qu’il a tenue en marge de la visite et interrogé sur le cas de la filiale nigérienne d’Orange, N’Diaye a confirmé ce que la presse locale évoquait depuis quelques mois, c’est-à-dire la fin de l’aventure de l’opérateur télécoms dans le pays. Saluant les autorités maliennes pour avoir su créer un environnement propice aux investissements et au développement des activités des entreprises, le directeur exécutif d’Orange AMEA a par contre indiqué qu’au Niger, la pression fiscale est décourageante.

«Aujourd’hui, il y a plus de téléphones actifs au Mali que de Maliens. En contrepartie, le Mali est aussi le pays où l’Etat récolte plus de recettes taxes, impôts redevances, de droits de douane. C’est un système vertueux», a avancé Alioune N’Ndiaye avant d’ajouter que «par contre, au Niger, l’Etat a mis un niveau d’impôts tel que cela fait environ 10 ans qu’on y est avec un investissement de 190 milliards de Fcfa, mais à la clé zéro-bénéfice».

«Le Niger a pris le contraire du système vertueux du Mali, c’est pourquoi on va quitter ce pays, mais dans l’ordre. Nous sommes en train de chercher un repreneur pour que l’activité continue et que les emplois soient préservés. Nous avons des offres et des gens sont intéressés pour reprendre», a confié Alioune N’Diaye, directeur exécutif du groupe Orange pour la région Afrique et Moyen-Orient (AMEA).

Contentieux fiscal
En attendant l’arrivée d’un éventuel repreneur, Alioune N’Diaye a indiqué qu’Orange a reçu plusieurs offres sans toutefois évoquer de nom. D’ailleurs, plusieurs repreneurs ont été annoncés sans que cela soit confirmé par la direction d’Orange Niger (ONI). Les plus probables parmi ces derniers et dont les noms ont été relayés par la presse locale, l’on retrouve l’homme d’affaires Mohamed Rhissa, dit «Rimbo». Déjà actionnaire majoritaire local d’Orange Niger, il pourrait reprendre les actifs d’Orange dans le tour de table de la filiale locale et ainsi étendre ses activités sur le marché juteux des télécoms, après avoir fait prospérer ses affaires dans le transport, le transfert d’argent et les hydrocarbures.

Selon nos sources, la décision d’Orange sera prise dans les prochaines semaines à la suite des négociations toujours en cours et qui s’avèrent difficiles au regard du passif de l’entreprise surtout à la suite du contentieux qui l’oppose à l’administration fiscale. C’est d’ailleurs à la suite d’un redressement fiscal contesté fin 2018 que la société a décidé de quitter le pays.

En février dernier, Orange Niger s’est mise sous protection judiciaire auprès du tribunal de commerce de Niamey, après la mise sous scellé, pendant plus d’un mois, de ses locaux par la Direction des impôts qui lui réclamait 22 milliards de francs CFA (33 millions d’euros), soit près de 50% de son chiffre d’affaires. Depuis, la maison-mère n’a pas caché sa volonté de quitter le pays et a ainsi engagé des discussions avec de potentiels repreneurs.

Présente au Niger depuis 2008, Orange Niger compte quelque 2,5 millions de clients et a réalisé 86 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018.

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