D’après une étude réalisée en 2010, le continent africain comptait 2,4 % de scientifiques parmi les chercheurs dans le monde, dont 30 % étaient des femmes. Pour booster ce nombre et de conjuguer la recherche scientifique au féminin, l’Unesco consacre cette année, qui coïncide à la 10ème édition de son programme l’Oréal, 20 jeunes talents issus de l’Afrique subsaharienne dans la capitale sénégalaise, Dakar, ce jeudi 21 novembre.

Elles sont neuf représentantes de la sous-région Ouest africaine dont deux originaires du Sénégal parmi les 20 jeunes femmes africaines scientifiques venues de 15 pays du continent à participer à la 10ème édition du programme l’Oréal-Unesco. Ce programme lancé en 2010, en Afrique, valorise les travaux et les parcours de vie de femmes scientifiques exceptionnelles, tout en leur permettant de briser le plafond de verre, encore trop pénalisant sur le continent. Leur champ de compétences, très vaste, recoupe plusieurs disciplines scientifiques essentielles au développement de la recherche dans le monde. Il s’agit des nanosciences, de l’obésité, la malnutrition infantile, environnement, le VIH infantile, la prévention de graves maladies infectieuses, les recherches sur le génome, sur l’année du sommeil, la déforestation sur le continent, entre autres. Parmi ces 20 jeunes femmes scientifiques, 15 doctorantes recevront de la Fondation L’Oréal des bourses d’un montant de 10 000 euros soit 6,5 millions F CFA, et 5 post-doctorantes, un soutien financier de 15 000 euros soit 9,750 millions F CFA. Ce mardi, elles étaient interviewées pour savoir un peu plus sur leurs parcours.
Le syndrome d’apnée, une maladie méconnue des Sénégalais
Pour une des représentantes du Sénégal à cette 10ème édition du Prix jeunes talents Afrique subsaharienne 2019, dont on a interviewé, Fatoumata Ba, médecin et enseignante-chercheure à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis à l’UFR des sciences de la santé, a eu à travailler sur « le sommeil » pour mieux lutter contre les maladies du métabolisme et sur « l’épilepsie ». Dans la première étude, où son travail porte essentiellement sur le syndrome d’apnée hypopnée obstructif du sommeil précisément l’étude des facteurs physiopathologiques déterminants à savoir la dysfonction andotoriale, a déclaré que cette maladie est méconnue des Sénégalais. Elle est une pathologie qui est caractérisée par la survenue pendant le sommeil d’épisodes anormalement fréquents d’interruption complète ou partielle de la respiration. Cliniquement, précise-t-elle, les patients atteints se plaignent des arrêts respiratoires pendant le sommeil, même si parfois ces dits arrêts ne sont pas effectués par le patient, mais souvent par l’entourage. Ce qui fait que ces poses respiratoires obligent la personne à se réveiller la nuit. Parfois, ces réveils sont multiples et quelques fois accompagnés de soupçon. Comme l’individu ne dort pas, explique-t-elle toujours, le lendemain quand il se réveille, il est très fatigué. Il se plaint des céphalées matinales, d’une fatigue et autre anomalie. Et passe tout son temps à somnoler le matin. Elle a indiqué que ce syndrome est relativement fréquent à travers le monde que se soit aux Etats-Unis ou en Occident, où la prévalence tourne autour de 5 à 25 %, même si au Sénégal, il n’y a pas encore de données scientifiques publiées sur cette maladie. Cette dernière a profité de la tribune avec les journalistes pour éclaircir que 85 % des sujets qui présentent cette maladie ne sont pas diagnostiqués. « C’est une maladie qui est encore méconnue dans notre pays », réaffirme-t-elle. Raison pour laquelle, l’objectif de cette étude, c’est d’abord d’avoir une idée de la prévalence de cette maladie au Sénégal. Et sera menée à Saint-Louis, où les facteurs biologiques seront déterminés, en faisant des prélèvements biologiques afin d’étudier les profils lipidiques, vitaminiques et la fonction andotoriale.
Le syndrome d’apnée du sommeil expose à d’autres maladies
Toujours dans ses explications, celle qui est née et grandi à Dakar où elle obtenu toutes ses diplômes universitaires, avant de rejoindre Saint-Louis pour des raisons professionnelles, a signifié que le syndrome d’apnée du sommeil expose également à d’autres maladies surtout cardiovasculaires notamment l’hypertension artérielle, l’accident vasculaire cérébral (AVC), les troubles du rythme cardiaque, le diabète et le syndrome métabolique. Avant de renseigner que toutes ces pathologies pourraient découler du syndrome d’apnée hypopnée obstructif. Et que les patients même s’ils sont diagnostiqués, ils le font tardivement. « Maintenant le challenge c’est d’étudier la fonction andotoriale qui est un témoin précoce de l’atteinte cardiovasculaire », dit-elle. Avant d’expliquer plus amplement : « Quand on une dysfonction andotoriale, cela permet de prédire l’atteinte cardiovasculaire ». Selon elle toujours, le ronflement est un signe important dans l’apnée du sommeil.
Pour l’épilepsie, qui est le deuxième acte de recherche de l’enseignante-chercheure à l’Université Gaston Berger, cette dernière de faire savoir qu’elle très connue par les professionnels de santé au Sénégal, même s’il y a beaucoup de facteurs de risques avec cette maladie notamment les difficultés liées à la grossesse et aux mauvaises conditions d’accouchement, les infections néonatales, les maladies contractées pendant l’enfance, entre autres.