Quelle stratégie des Etats-Unis pour l’Iran : menacer les entreprises européennes qui commercent avec Téhéran, instaurer des sanctions financières au régime et « écraser » les agents iraniens partout dans le monde.
Les Etats-Unis gendarmes du monde, nouvel épisode. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a énuméré lundi douze conditions pour conclure un « nouvel accord » avec l’Iran, avec des demandes beaucoup plus draconiennes sur le volet nucléaire, la fin de la prolifération balistique et de l’implication iranienne dans les conflits au Moyen-Orient. Parmi ces conditions figure son retrait intégral du champ de bataille syrien. En échange, les Etats-Unis sont prêts à lever, à terme, leurs sanctions.
« Écraser les agents iraniens »
Selon Mike Pompeo, l’accord conclu en 2015 sur le programme nucléaire iranien, et dont les Etats-Unis se sont désengagés, met le monde en péril de par les défauts qu’il contient. Il ne sera pas renégocié par les Américains, a clarifié le secrétaire d’Etat. Les sanctions qui seront instaurées contre le régime iranien seront « les plus dures de l’Histoire », a-t-il promis, prophétisant qu’une fois adoptées, l’Iran devra « se battre pour maintenir son économie en vie ».
Les Etats-Unis vont exercer une « pression financière sans précédent » sur le régime iranien, avec « les sanctions les plus fortes de l’Histoire », a annoncé lundi le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo. L’Iran n’aura « plus jamais carte blanche pour dominer le Moyen-Orient », a-t-il ajouté en présentant la nouvelle stratégie américaine après le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien. Mike Pompeo, qui n’a rien d’un diplomate, a promis de « traquer les agents iraniens et leurs supplétifs du Hezbollah à travers le monde pour les écraser ». Des déclarations tout en finesse et qui vaut pour stratégie…
Menace en direction des entreprises européennes
Mike Pompeo a demandé le « soutien » des alliés de Washington, notamment européens, même s’ils les a prévenus : les entreprises qui feront affaire en Iran dans des secteurs interdits par les sanctions américaines « seront tenues responsables ». Une nouvelle fois les Américains dictent au monde et à leurs alliés ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire. De quel droit Washington s’arroge-t-il ce droit? La France propose que le coût d’éventuelles sanctions financières imposées par les Etats-Unis à des entreprises européennes soit pris en charge par l’Union européenne, a déclaré dimanche le ministre français de l’Economie et des finances, Bruno Le Maire.
« Est-ce que nous acceptons que les Etats-Unis soient le gendarme économique de la planète ? La réponse européenne doit être clairement non », a déclaré Bruno Le Maire, invité du Grand Rendez-vous Europe 1-Les Echos-CNEWS.
Ces menaces interviennent alors que les signataires européens de l’accord, Allemagne, France et Grande-Bretagne, s’efforcent de maintenir l’accord en vie et de trouver des solutions pour conserver leur accès au marché iranien en dépit du retrait américain. Le ministre iranien des Affaires étrangères a estimé dimanche que les engagements de l’Union européenne pour sauver l’accord nucléaire étaient insuffisants et que l’UE devait faire des « pas supplémentaires », selon le site de la télévision d’Etat.
« Avec la sortie des Etats-Unis de l’accord nucléaire, les attentes de l’opinion publique iranienne concernant l’Union européenne ont augmenté et (…) le soutien politique de l’UE à l’accord nucléaire n’est pas suffisant », a déclaré Mohammad Javad Zarif après une rencontre à Téhéran avec le commissaire européen à l’Energie, Miguel Arias Canete.
Nouveau missile Houthi sur l’Arabie Saoudite
La défense antiaérienne saoudienne a intercepté et détruit un missile au-dessus de la ville de Jazan, dans le sud du pays, tiré par les miliciens chiites Houthis du Yémen, a annoncé lundi la coalition menée par l’Arabie saoudite. Un peu plus tôt, Al Masirah, la chaîne de télévision des rebelles Houthis, a annoncé que le groupe avait tiré un missile à destination de l’aéroport de Jazan. Les Houthis, soutenus par l’Iran et qui tiennent la majeure partie du Yémen dont la capitale Sanaa, ont procédé à plusieurs séries de tirs de missiles visant l’Arabie saoudite ces derniers mois, en réponse aux frappes aériennes menées par la coalition depuis 2015.
(Source : https://www.latribune.fr/)