En Corée du Sud à Busan, ouverture des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement. Quelque 3 000 personnes, gouverneurs de banques centrales africaines, ministres des Finances, dirigeants d’entreprises -petites et grandes- et personnalités de la société civile, ont fait le déplacement. Avec cette année un mot d’ordre, accélérer l’industrialisation de l’Afrique. Une industrialisation nécessaire pour assurer le développement du continent. Notre envoyée spéciale à Busan, Mounia Daoudi, a rencontré de jeunes entrepreneurs, bien décidés à jouer leur partition.

En Afrique, le PIB industriel, c’est-à-dire la richesse générée par l’industrie, dépasse à peine les 700 dollars par habitant. C’est 5 fois moins que dans le sud-est asiatique. Or les économistes sont catégoriques. Aucun pays ne s’est développé sans industrialisation.
Pourtant créer son entreprise est loin d’être simple, comme en témoigne Lorna Rutto. Cette jeune Kenyane est à la tête d’EcoPost, une société qui collecte le plastique et les déchets agricoles pour les transformer en matériaux de construction.
« Comme de très nombreux de jeunes entrepreneurs qui cherchent des financements, décrocher son capital de départ a été très difficile. Quand on va voir les banques, elles nous demandent des garanties, elles veulent connaître nos antécédents de crédit alors que nous sommes des startup et qu’on démarre à peine. Moi j’ai eu de la chance, mon projet a remporté un prix. C’est ce qui a constitué mon capital de départ. J’ai tout investi pour acheter les premières machines ».
EcoPost emploie aujourd’hui 2000 personnes. Le soutien à de jeunes entrepreneurs comme Lorna Rutto est devenu une priorité pour la Banque africaine de développement, comme l’explique Vanessa Moungar, en charge à la BAD des femmes, du genre et de la société civile.
« L’autonomisation de la jeunesse ainsi que des femmes est une priorité. Si vous prenez la population jeune ainsi que les femmes, ils sont plus de 70% et sont au centre de toutes nos stratégies. Au niveau de nos relations avec les banques commerciales, nous mettons en place un certain nombre de lignes de crédit qui permettent de garantir les prêts aux jeunes entrepreneurs. Parce qu’aujourd’hui, le vrai problème ce n’est pas le manque d’idée ou de talents que nous avons sur le continent, c’est l’accès. L’accès aux financements, l’accès aux marchés, l’accès aux réseaux et l’accès à l’information. »
Et des idées, l’Afrique n’en manque pas en effet. Le Marocain Badr Idrissi développe l’intelligence artificielle des drones pour leur permettre de surveiller des zones géographiques très vastes et lutter ainsi contre la pêche et l’exploitation minière illégales.
« L’Afrique ne dit absolument rien s’interdire, aujourd’hui nous avons des projets qui résolvent des problématiques réelles, la faim, la pollution et l’électrification. Des fois on a l’impression qu’en Europe ou aux Etats-Unis, on crée des entreprises justes pour les vendre. En Afrique quand on parle à un entrepreneur, on sent qu’il y a une passion, un impact qu’il veut réaliser dans sa communauté, dans son pays et sur son continent. »
Un enthousiasme qui n’efface pas pour autant l’ampleur des difficultés que doivent surmonter les jeunes entrepreneurs africains.
(Source : http://m.rfi.fr)