Le FMI vient d’approuver un décaissement de 20 millions de dollars pour accompagner la mesure en œuvre des réformes dont certaines sont contestées par la société civile. A Paris où le chef d’Etat nigérien est en visite officielle, Mahamadou Issoufou espère également bénéficier d’un appui financier afin de faire aux impacts de la conjoncture difficile que traverse le pays.
C’est une véritable bouffée d’oxygène pour le gouvernement nigérien dont les caisses traversent depuis quelque temps une mauvaise passe. A l’issue de la fin de la deuxième revue du programme économique et financier dont bénéficie le pays et qui est appuyé par un accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC), le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a décidé, vendredi 1er juin dernier, de décaisser 20 millions de dollars.
L’enveloppe est destinée à accompagner la mise en œuvre des réformes convenues dans le cadre du programme et porte le montant total des décaissements au titre de l’accord à près de 60 millions de dollars. «En achevant la deuxième revue, le Conseil d’administration a pris note du Plan de développement économique et social (PDES) des autorités pour 2017-2021 qui sert de document de développement économique du Niger décrivant les mesures macroéconomiques, structurelles et sociales à l’appui de la croissance et de la réduction de la pauvreté, ainsi que les besoins de financement extérieur y afférents et les principales sources de financement», a annoncé le management du Fonds dans un communiqué.
Progrès économiques
La décision du FMI était du reste attendue au regard du satisfecit de la mission qui a séjourné, du 28 mars au 10 avril dernier, à Niamey pour évaluer l’évolution de la situation économique du pays ainsi que les progrès enregistrés dans le cadre de la mise en œuvre des réformes convenues dans l’accord triennal signé le 23 juin 2017 et qui est adossé à un montant de 132,1 millions de dollars. Le plan a pour objectifs de consolider la stabilité macroéconomique et de favoriser une croissance élevée et équitable, ainsi que d’accroître les revenus et de créer des emplois, tout en renforçant les fondements d’un développement durable.
«Les résultats du programme en 2017 ont été globalement satisfaisants, malgré une sous-performance de la mobilisation des recettes budgétaires. Tous les critères de réalisation ont été remplis», a détaillé Mitsuhiro Furusawa, le directeur général adjoint et président par intérim du Conseil. Et la même source d’ajouter que «tous les objectifs indicatifs ont été atteints, à l’exception de l’objectif relatif aux recettes budgétaires, qui ont été largement inférieures au niveau établi dans le programme pour 2017».
«Le programme pour 2018 s’inscrit dans un cadre macroéconomique réaliste, avec une reprise progressive de la croissance économique au cours des prochaines années grâce à des réformes économiques et à une aide considérable des bailleurs de fonds », a déclaré Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint du FMI.
Selon l’appréciation du FMI, la mise en œuvre du programme de réformes structurelles progresse, «mais plus lentement que prévu». À terme, l’institution financière internationale a recommandé aux autorités qu’il sera important de renforcer la mobilisation des recettes. A ce niveau, le fonds note que le niveau élevé des recettes perçues jusqu’à présent en 2018 est encourageant, tout comme les mesures du budget adoptées cette année. «Elles sont soutenues par des mesures supplémentaires visant à accroître les recettes à court terme et par un effort systématique de renforcement des capacités des régies financières», poursuit la note qui relève toutefois que «l’accumulation de nouveaux arriérés de paiements intérieurs au premier trimestre doit être contrecarrée dès que possible».
Mesures fiscales contestées
Aussi satisfaisants que soient les progrès enregistrés par le gouvernement nigérien pour le FMI, les nouvelles mesures contenues dans la loi des finances continuent à attiser la colère de la société civile. Cette dernière a organisé plusieurs manifestations dont certaines ont débordé contre «les mesures antisociales» contenues dans le budget 2018 en cour d’exécution. Le gouvernement a de tout temps réfuté ces accusations et pour contenir la fronde sociale qui s’amplifiait, plusieurs manifestations ont été récemment interdites et les leaders de la contestation ont été interpellés et actuellement emprisonnés dans différents centres de détention du pays.
C’est dans ce contexte que le président nigérien, Mahamadou Issoufou a été reçu ce lundi 4 juin à l’Elysée par Emmanuel Macron. L’occasion pour les deux chefs d’Etat d’échanger sur plusieurs sujets communs notamment la migration et la lutte contre le terrorisme, deux priorités de la nouvelle politique extérieure française en Afrique où Niamey est un allié stratégique pour Paris. Le chef de l’Etat nigérien en profitera également de sa visite pour parapher de nouveaux accords notamment des conventions de l’ordre de 50 millions d’euros de l’AFD.
(Source : https://afrique.latribune.fr)