Le Kenya ambitionne de faire partie des grands pays exportateurs de pétrole du continent africain. Dimanche dernier, le chef de l’Etat kényan, Uhuru Kenyatta a lancé dans le nord-ouest du pays, à Lokichar, un programme pilote en ce sens. Portant sur deux ans, il devrait permettre d’acheminer quelques 2 000 barils par jour par camions vers le port de Mombasa alors que l’exploitation sera faite par le britannique Tullow Oil.

Pour les autorités kényanes, l’exploitation du pétrole et du gaz destinés à l’exportation est une priorité. Le président kényan, Uhuru Kenyatta a lancé le week-end dernier un programme biannuel pilote consacré à cette ambition. «Mon gouvernement va se consacrer au développement de nos secteurs gazier et pétrolifère au profit de l’économie et du peuple», a confié le chef de l’Etat dans un communiqué de la présidence. Selon ce document, le pays à travers ce lancement prévoit l’acheminement de 2.000 barils de pétrole par jour par camions depuis les puits de pétrole situés dans le nord-ouest du Kenya vers le port de Mombasa. Mais même si le numéro 1 kényan est très optimiste quant à ce programme pilote et espère même que le lancement «marque le début d’un long et fructueux voyage», plusieurs doutes subsistent par rapport à l’importance du programme et l’état des voies par lesquelles le brut sera transporté.
Pipeline indispensable
«Après la cérémonie, je ne sais pas si les camions iront très loin », déclare dubitatif, Arnold Nyaga, un chercheur de la Plateforme de la société civile pour le pétrole et le gaz kényans, cité par l’AFP. Selon lui, ce programme pilote n’est qu’une « distraction de ce qui compte vraiment». Il s’agit de la construction de l’oléoduc, a-t-il soutenu. «Je pense que l’idée de cette cérémonie est de montrer que le Kenya est actif sur le front du pétrole et qu’il veut jouer un rôle de leader en Afrique de l’est, devant l’Ouganda», a expliqué Nyaga. Son avis sur le programme est quelque peu confirmé par le secrétaire d’État kényan en charge du pétrole Andrew Kamau. Cité dans la presse locale, le responsable a indiqué que le programme pilote «n’est pas commercial» et que l’appel d’offre pour la première cargaison de pétrole n’a pas encore été lancé. Ainsi, la première exportation du pays est encore loin d’être une réalité. «Nous allons transporter 2 000 barils par jour par la route, alors qu’un cargo a une capacité de 400 000 barils», a expliqué le membre du gouvernement kényan.
Quant au programme pilote, il n’est donc destiné qu’à permettre de comprendre comment les réservoirs naturels réagissent à une exploitation plus importante. A en croire les sources officielles, un pipeline de près de 900 kilomètres de long sera construit d’ici 2021. Il reliera un port en construction à Lamu et permettra le transport de près de 100.000 barils de pétrole par jour jusqu’à l’océan indien. Avec cet oléoduc, la production atteindra son rythme de croisière.
Un accord sur la gestion des revenus
Au Kenya, on assure que le programme pilote aurait pu débuter en juin 2017 s’il n’avait pas été retardé par les différends liés à la gestion des recettes découlant de l’exportation du pétrole. Selon le communiqué de la présidence kényane, un accord a récemment été trouvé par les parties concernées. Ainsi, il a été décidé que 75 % des recettes aillent au gouvernement national, 20 % au comté du Turkana et 5 % pour les communautés locales. «Nous avons maintenant une compréhension qui peut mettre le Kenya sur la carte des pays exportateurs du pétrole», a salué le président Uhuru Kenyatta dans un communiqué publié en mai dernier. «Nous allons intensifier nos efforts d’exploration non seulement à Turkana, mais dans le reste du pays maintenant que nous disposons d’un instrument juridique qui peut aider à guider la gestion du pétrole et du gaz dans notre république», avait ajouté le premier responsable kényan.
Notons que les réserves pétrolières exploitables du Kenya sont estimées à 560 millions de barils. Elles ont été découvertes en 2012 par le britannique Tullow Oil. Ce dernier a été chargé par le gouvernement kényan, de l’exploitation dans le cadre de ce programme lancé.
(Source : https://afrique.latribune.fr)