Depuis septembre 2017, l’UE s’est dotée d’un Plan d’investissement extérieur (PIE) pour attirer les investissements dans les pays africains partenaires, mais avec une priorité absolue aux voisins de l’Union. Le plan lancé au Maroc le 19 juin repose sur trois axes majeurs : un Fonds européen de développement durable (FEDD) doté de 4,1 milliards d’euros ; une assistance technique ; et l’amélioration du climat des investissements.

Pour aider des partenaires à atteindre leurs objectifs de développement durable (ODD), l’UE s’est dotée d’un Plan d’investissement extérieur (PIE) pour financer et accompagner les secteurs prioritaires des pays en développement. Présenté le mardi 19 juin à Rabat par les représentants l’UE, en présence du ministre marocain de l’Economie et des finances Mohamed Boussaid, le PIE offre un cadre cohérent et intégré pour améliorer le niveau des investissements en Afrique et dans les pays voisins de l’UE. Les pays du Continent ont besoin d’investissements de 3 300 à 4 500 milliards fde dollars annuels pour atteindre leurs objectifs de développement durable (ODD), alors que le niveau actuel des investissements publics et privés sur le Continent est évalué à environ 1,4 milliard de dollars. Le Plan d’investissement extérieur veut s’attaquer à ce déficit de financement grâce à des partenariats et en mobilisant les investissements publics et privés de manière innovante. Il encourage le développement inclusif, durable et espère créer des possibilités d’emplois décents, en particulier pour les jeunes et les femmes.

Un plan innovateur autour de trois axes

Le Plan d’investissement extérieur de l’Union européenne vise à promouvoir la création de l’emploi, un développement durable et inclusif, s’attaquant ainsi aux causes profondes de l’immigration. Par cette initiative, l’UE veut aller au-delà de l’aide au développement : un modèle d’appui classique au pays en développement basé sur le modèle des subventions. Le PIE se distingue par l’utilisation de produits financiers novateurs dont les instruments de partage des risques, ou encore le mixage d’aides et de prêts, plus connu sous le nom de blending.
«Par le PIE, nous avons intégré une nouvelle génération d’outils financiers », a déclaré Johannes Hahn, commissaire à la politique de voisinage de l’UE, dans une allocution vidéo. L’objectif est de décupler l’impact des investissements en termes de développement. Les domaines d’intervention du PIE s’articulent autour de trois pôles. D’une part, le FEDD, un fonds par lequel les investissements sont mobilisés et qui se distingue par ses deux plateformes régionales d’investissements et une nouvelle garantie innovante ; d’autre part, l’assistance technique participe au développement de projets susceptibles d’être financés et de contribuer à l’amélioration du climat des affaires dans les pays concernés. Un dernier volet concerne le renforcement du dialogue avec le secteur privé et le secteur public pour améliorer le climat d’investissement et l’environnement des affaires.

Priorité aux secteurs générateurs d’emplois
Les investissements seront concentrés dans les énergies renouvelables et la connectivité, le financement de la petite et moyenne entreprise, mais aussi dans les secteurs de l’agriculture, de l’agro-industrie, de l’entreprenariat rural, de la construction des villes durables, et de la numérisation.
Le PIE va accorder une attention particulière aux investissements privés, sachant que 90% des emplois sont créés par le secteur privé et que les PME représentent 66% de la création d’emplois à plein temps. Le Plan d’investissement extérieur de l’Union européenne portera essentiellement sur les régions en développement notamment en Afrique.
Avec une croissance annuelle de 4,3% attendue sur la période 2016-2020, l’Afrique est la zone économique la plus dynamique au monde, mais le niveau de pauvreté reste alarmant, porté par un taux de chômage élevé et un sous-emploi endémique. La région devrait créer environ 18 millions de nouveaux emplois par an pour résorber la main d’œuvre croissante, selon un rapport de l’UE sur les inégalités et la pauvreté en Afrique subsaharienne de 2016. Par le PIE, l’UE apportera un soutien à ses pays partenaires pour répondre aux objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies d’ici 2030.
Le plan fournit une approche intégrée pour stimuler les investissements en Afrique et dans le voisinage de l’Union européenne, en particulier dans les pays fragiles touchés par les conflits et la violence, les pays enclavés, ceux les moins avancés où les besoins sont les plus importants. Le PIE, déjà entamé dans quelques pays en Afrique, vient en complément des nombreux programmes de l’UE en cours dans les pays africains. Ses méthodes d’évaluation sont les mêmes que celles utilisées dans les programmes européens.
Répondant à la question de La Tribune Afrique sur l’efficacité du PIE, Michael A. Köhler, directeur des politiques de coopération avec le voisinage sud de l’Europe, a déclaré : «Après une première expérience de deux, voire trois ans, on aura une base empirique suffisante sur l’efficacité du PIE, pour rectifier le tir ou booster des secteurs qui n’étaient encore suffisamment visés».
Un fonds de 4,1 milliards d’euros pour les voisins d’abord
En 2017, l’UE a adopté le Fonds européen pour développement durable et la Garantie FEDD, un dispositif clé du plan d’investissement extérieur. Le fonds se caractérise par la mise en place de la nouvelle garantie dont le budget est de 1,5 milliard d’euros, pour attirer, rassurer les investisseurs. «Le PIE offre la possibilité de mobiliser des fonds supplémentaires, en proposant notamment des garanties», explique Mohammed Boussaid, ministre marocain de l’Economie et des finances.
Le FEDD est également doté de deux plateformes d’investissement régionales : la plateforme d’investissement pour l’Afrique et la plateforme d’investissement pour le voisinage dont le budget de 2,6 milliards d’euros équivaut à des opérations de financement mixtes, actuellement mis en œuvre par le biais des deux facilités d’investissements existantes. Grâce aux privilèges accordés aux pays voisins de l’UE, les pays d’Afrique du Nord -dont le Maroc- peuvent être les principaux bénéficiaires de ce plan, d’autant plus que dotés d’un tissu de PME mieux structurées, ils seraient plus en mesure présenter des projets répondant aux critères exigés par le PIE, contrairement à la plupart des pays d’Afrique subsaharienne où les besoins en termes d’investissements sont encore plus criants.
(Source : https://afrique.latribune.fr)