La filière mangue, véritable mine d’or pour les producteurs et autres acteurs, a depuis quelques années présentement, perdu des ailes à cause de l’invasion de la mouche blanche en Casamance. Sa position sur le marché local et international s’amoindrit de plus en plus laissant les producteurs dos au mur.
La variété Keitt, qui est une mangue très prisée par les consommateurs, est en train de perdre de plus en plus du terrain en Casamance qui est une des zones d’exploitation de la filière la plus importante du Sénégal. Conséquence ! La mouche blanche est passée par là, détruisant sur son passage les mangues les unes après les autres. Depuis son introduction dans la zone sud il y a plus de trois décennies, cette variété est victime depuis quelques années de cela d’attaque de la mouche blanche occasionnant des pertes incommensurables aux producteurs et autres exploitants de la filière mangue. Des tonnes de ce fruit sont perdues annuellement. Dans la zone du Blouff (composée de plus de 22 gros villages), située dans le département de Bignona, c’est le branle-bas.
Des centaines de tonnes de la variété pourrissent. Dans la commune de Thionck-Essyl où les vergers sont à perte de vue, c’est le désarroi total, les mangues pourrissent, rendant les récoltes très minimes. Les exploitants de la mangue sont obligés de s’organiser en association pour faire le tri avant d’acheminer le peu de mangues qu’ils jugent bonnes dans le marché local et à Dakar, la capitale sénégalaise. Comme c’est le cas de Mamadou Djiba, un producteur-exploitant de la filière, qui exerce le métier de commercialisation de ce fruit depuis plusieurs années, et qui en est convaincu que le travail ne peut plus se faire par une tierce personne, mais par des associations et autres regroupements de femmes, d’hommes ou de jeunes pour exploiter cette filière rendue difficile par la mouche blanche dont le nom scientifique est Ceratitis cosyra.
« Nous perdons énormément d’argent avec ce phénomène de mouche blanche qui est devenue une menace réelle pour les arboriculteurs de la région. Raison pour laquelle, nous demandons le soutien du service de la protection des végétaux », a-t-il déclaré. Selon lui, cette filière mérite plus d’attention de la part de nos autorités du fait qu’elle joue un rôle prépondérant dans l’exportation de nos fruits et légumes.
Les autorités régionales du service de la protection des végétaux n’ont pas baissé les bras depuis l’apparition de la mouche blanche dans la région, en proposant des solutions à court terme qui consistent à demander aux populations d’enterrer les fruits piqués par la mouche pour limiter la diffusion de ce fléau. Une solution plus radicale consisterait à piéger les insectes. Mais, cela supposerait une meilleure connaissance du cycle de vie des mouches blanches. La femelle pique la mangue pour pondre ses œufs dans le fruit mûr. Ces derniers après éclosion au bout de deux à quatre jours, libèrent de petites larves blanches. Ce qui occasionne la décomposition du fruit qui tombe alors de la branche. Une fois la mangue infestée est tombée, les asticots s’enfouissent dans le sol pour achever leur développement, puis en ressortent pour reproduire leur cycle de vie et infecter d’autres mangues. Toutefois, cette invasion mérite d’être éradiquée si on veut que cette filière continue de faire les beaux jours de la filière fruits et légumes.
Pour éviter les pertes post récoltes (estimées à environs 60% de la récolte) des grosses quantités de mangues que l’on trouve partout en Casamance et au Sénégal en général, de nombreuses femmes réunis en Gie et des entreprises ont trouvé le moyen de valoriser autrement la mangue sénégalaise. C’est ainsi que des Jus de fruits, mangues séchés, vinaigre, confiture, salade de fruits ont été mis en place sous l’égide de l’Ita.