Engagée depuis le début des années 2010 dans un projet de diversification de son offre électrique, l’Égypte s’ouvre massivement aux énergies renouvelables. Après l’éolien, le solaire pourrait bien faire du pays le plus peuplé du monde arabe, le leader de cette énergie au Moyen Orient.

Avec près de 97% de sa superficie constituée de vastes déserts écrasés de soleil, les atouts de l’Égypte en matière de développement de l’énergie photovoltaïque sont conséquents. Pourtant, le pays a d’abord lancé de grandes manœuvres autour de l’énergie éolienne, notamment grâce à la gigantesque ferme de Gabal El Zeit. Située en Mer Rouge, dans la région la plus venteuse du pays, cette centrale de 200 MW inaugurée en juillet 2018 s’intègre à un projet de trois sites dont la puissance cumulée devrait atteindre 580 MW.

1 GW de solaire près d’Assouan

Les ambitions affichées par le pays sont claires : atteindre 20% de renouvelable dans son mix énergétique d’ici 2020 et 42% à l’horizon 2035. En cela, la centrale solaire de Benban, au nord-est d’Assouan constitue une avancée considérable. « L’Égypte, du fait de sa superficie et de son climat, a un potentiel solaire énorme. Si les remous politiques ont naturellement freiné cette ambition, le pays reste habitué à mettre en œuvre de grands projets », explique Emmanuelle Matz, responsable énergie et infrastructures pour Proparco, filiale de l’Agence Française de Développement (AFD) qui accompagne la mise en place de projet dans le secteur privé.

Ce site impressionnant, étendu sur plus de 36 kilomètres carrés, devrait être opérationnel dans le courant de l’année 2019 et a séduit des investisseurs comme EDF Renouvelables (anciennement EDF Énergies Nouvelles), Total Eren, Elsewedy Electric ou Voltalia. Sur la trentaine de projets proposés, une quinzaine ont déjà été signés pour une puissance totale de 1GW. Parmi eux, Proparco en a soutenu cinq qui représentent 250 MW et un investissement total de 272 millions de dollars.

L’exemple de l’Inde

Une des raisons du succès de ce projet réside dans l’adoption du tarif de rachat garanti ou « Feed-in Tariff » (FiT). « La société nationale de transport d’électricité EETC garantit un prix de rachat fixe, indépendant des fluctuations du marché, sur toute la durée du contrat. Cela permet aux investisseurs de s’engager plus facilement dans la mesure où ils ont une visibilité parfaite sur la rentabilité des infrastructures » poursuit Emmanuelle Matz. Un paramètre d’autant plus important que les baux, pour les installations solaires, durent vingt ans.

Le parc solaire de Benban est d’ores et déjà annoncé comme la plus grande centrale d’Afrique. Suffisant pour faire de l’Égypte un leader dans le domaine ? « C’est un projet important, mais il ne faut pas oublier que les pays voisins du Golfe ont pris de l’avance en entamant le développement du solaire il y a cinq ou six ans », nuance Emmanuelle Matz. L’avenir dépendra donc de la volonté du pays de prolonger la démarche. « Ce type de projets est souvent utilisé pour aider un secteur à démarrer. Les appels d’offres plus classiques reprennent ensuite leurs droits, mais, en Inde, par exemple, cette méthode a largement porté ses fruits », conclut Emmanuelle Matz. À terme, Benban pourrait fournir de l’électricité à environ 350 000 foyers.

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