La croissance des pays d’Afrique subsaharienne va marquer le pas cette année en raison de l’effet induit sur l’économie mondiale par l’incertitude qui prévaut dans le commerce international. C’est ce que vient de confirmer, à la suite de la Banque mondiale, le FMI dans ses nouvelles prévisions de croissance pour l’économie mondiale. Toutefois, la reprise se confirme sur le Continent, en particulier pour les plus grandes économies notamment le Nigeria, l’Afrique du sud et l’Angola, pays qui ont traversé ces dernières années, une mauvaise passe qui s’est répercuté sur la croissance africaine.
L’incertitude engendrée par la guerre commerciale que se livrent les grandes puissances mondiales notamment les USA et la Chine, impactera la croissance des économies africaines, de plus en plus dépendantes aux échanges internationaux. Après la Banque mondiale qui a fait cas, dans la dernière édition de son rapport Africa Pulse, publié la semaine dernière, c’est au tour du FMI de confirmer la baisse de régime qui se profile cette année pour la croissance des pays d’Afrique subsaharienne. Le Fonds a en effet publié ses dernières perspectives économiques pour l’économie mondiale, ce mardi 9 octobre, en marge des Assemblées générales des deux institutions de Bretton Woods, qui se déroulent du 8 au 14 à Bali en Indonésie.
De manière générale, le rapport fait état d’une stabilisation de la croissance mondiale jusqu’en 2019, mais l’amplification des risques a fait abaisser les prévisions comparativement à ceux, plus optimistes, d’avril dernier. Ainsi, en 2018 et 2019, le rythme de croissance de l’économie mondiale est désormais estimé à 3,7%, soit le même niveau que celui de 2017 mais un peu moins des 3,9% projeté en Avril dernier.
« En avril dernier, l’expansion généralisée de l’économie mondiale nous a amenés à prévoir une croissance de 3,9 % pour cette année et l’année prochaine. Cependant, étant donné ce qui s’est passé depuis, ce chiffre semble trop optimiste : plutôt que de s’accélérer, la croissance s’est stabilisée à 3,7 % », a expliqué le FMI.
Tous les pays et les régions ne sont pas logés à la même enseigne et en Afrique subsaharienne, la situation s’annonce plus reluisante même si le continent pâtit également des nouveaux contrecoups que subit l’économie mondiale.
« La croissance commence à reprendre en Afrique subsaharienne », souligne le rapport qui prévoit une croissance moyenne pour la région de 3,1 % cette année, contre 2,7 % en 2017, et mieux encore, 3,8 % en 2019.
Bien qu’elle soit aussi similaire à celle de l’économie mondiale, la croissance prévue pour 2018 est inférieure de 0,3 point de pourcentage aux prévisions des Perspectives de l’économie mondiale que le FMI a publié en avril 2018. D’après le FMI, l’accélération enregistrée en 2016 et 2017 résulte d’un environnement extérieur plus favorable, notamment une croissance mondiale plus forte, l’augmentation des cours des produits de base et un meilleur accès aux marchés des capitaux.
Avec les vents contraires provoqués par le nouveau contexte international, les économies d’Afrique subsaharienne se trouve impacté du fait qu’elles continuent à dépendre des fluctuations du commerce mondial notamment les prix des matières premières.
La reprise au Nigéria tire l’essentiel de la croissance africaine
L’évolution de la croissance présente cependant des variations d’un pays à l’autre. Certains pays comme le Ghana, l’Ethiopie, la Côte d’ivoire ou le Rwanda, ainsi que certains espaces économiques comme l’UEMOA, devraient enregistrer des rythmes de croissance appréciables, entre 6 et 8%. Cependant, ce sont les grandes économies, « les géants d’Afrique subsaharienne », qui tirent la croissance du Continent et qui méritent un intérêt particulier.
Selon les estimations du FMI, environ la moitié de la reprise attendue entre 2017 et 2018 est attribuable à un rebond de la croissance au Nigéria.
La croissance du géant africain devrait augmenter de 0,8% en 2017 à 1,9% en 2018 et à 2,3% en 2019, et la bonne nouvelle, c’est que le pays enregistre 0,4 point de pourcentage de plus que les précédentes prévisions. Autant dire que la première puissance économique du continent est en train de confirmer la reprise de son économie, après près de deux ans de récession jusqu’en 2017. Cette dynamique qui devrait profiter au président Muhammadu Buhari, candidat à un second mandat, est portée selon les auteurs du rapport, par « l’influence positive d’un redressement de la production et des cours du pétrole ».
En Afrique du Sud, autre géant de l’économie africaine, les perspectives restent certes modestes dans un climat d’incertitude à l’approche des élections générales de 2019. La croissance devrait diminuer jusqu’à 0,8% en 2018, contre 1,3% en 2017, avant de remonter à 1,8% à moyen terme, selon les projections du FMI. Selon les mêmes appréciations, « l’envergure de la reprise économique dépendra du rythme de la mise en œuvre des réformes structurelles et du degré de crédibilité des politiques économiques ». Avec la dernière évolution de l’actualité politique et économique de la nation arc-en-ciel, la pression va certainement s’accentuer sur le président Cyril Ramaphosa, qui a fait de la reprise économique, une de ses priorités avant les prochaines élections.
Autre bonne nouvelle pour le Continent, c’est l’Angola, deuxième pays exportateur de pétrole de la région, qui ressort progressivement de la récession dans laquelle la baisse des cours de l’or noir a plongé son économie. Pour 2018, le pays devrait certes enregistrer une contraction de 0,1% du PIB réel mais elle est moins accentuée que le taux négatif de 2,5 % enregistré en 2017. La preuve que la reprise de l’activité économique se confirme aussi, il est prévu pour 2019, une augmentation de 3,1 %, grâce notamment, « à une reprise stimulée par un système plus efficace d’allocation des devises étrangères et une plus grande disponibilité des devises étrangères facilitée par l’augmentation des cours du pétrole ». Il s’agit d’un point essentiel pour le président Joao Lourenço, qui a dû prendre des mesures sévères mais ambitieuses afin de relancer une machine économique très mal en point lors de son élection, il y a moins de deux ans.
Risques et facteurs positifs
Comme dans le rapport de la Banque mondiale, celui du FMI a également fait cas de l’amplification de certains risques qui peuvent contrarier la dynamique des économies d’Afrique subsaharienne. Il s’agit notamment du poids de plus en plus inquiétant de leur endettement qui risque de réduire leurs marges de manœuvres, ainsi que de la tentation, notamment pour les pays producteurs du pétrole, de céder à la hausse actuelle des prix, pour reporter les réformes structurelles pourtant nécessaires. D’autres facteurs à risques sont également à prendre en compte notamment l’instabilité politique qui guette plusieurs pays où se dérouleront bientôt de scrutins électoraux majeurs, ou la persistance des menaces sécuritaires.
Cependant, malgré les vents défavorables et les facteurs à risques, d’autres signaux positifs continuent à porter la dynamique de l’Afrique subsaharienne. Ainsi, les pressions inflationnistes s’atténuent progressivement avec un niveau annuel qui devrait diminuer jusqu’à 8,6 % en 2018 et 8,5 % en 2019, contre 11 % en 2017. En Afrique du Sud, l’inflation s’est modérée pour atteindre 4,8 % en 2018, contre 5,3 % en 2017, grâce à une diminution de la sécheresse, même si le FMI anticipe une augmentation progressive jusqu’à 5,3 % en 2019, à la suite de la baisse des effets désinflationnistes.
Au Nigéria et en Angola, « une politique monétaire plus stricte et un accroissement moins rapide des prix alimentaires ont contribué à réduire l’inflation ». Ainsi, au Nigéria, il est attendu une diminution de l’inflation jusqu’à 12,4 % en 2018, contre 16,5 % en 2017, et une augmentation jusqu’à 13,5 % en 2019. En Angola, l’inflation devrait diminuer jusqu’à 20,5 % en 2018, contre 29,8 % en 2017, pour baisser ensuite jusqu’à 15,8 % en 2019.
(Source : https://afrique.latribune.fr)