Le Forum du crowdfunding en Afrique ce jeudi 15 novembre a été l’occasion d’évoquer la question du financement des petites et moyennes entreprises en Afrique. Selon Thameur Hemdane, co-président de Financement participatif Afrique et Méditerranée, les besoins en financement de celles-ci s’élèveraient aujourd’hui à quelque 331 milliards de dollars.
La situation des petites et moyennes entreprises en Afrique, qui sont pourtant très importantes pour l’économie des pays du Continent, est inquiétante. Leurs besoins en financements se chiffrent à 331 milliards de dollars. Des besoins qui constituent un véritable frein à leur développement et donc au développement économiques des Etats du Continent.
«En Afrique, il y a 44 millions de PME formelles représentant 33% du Produit intérieur brut du Continent et 45% des emplois. Pourtant, 70% d’entre elles manquent de financements à long terme et 80% n’ont pas accès au crédit bancaire», a déclaré Thameur Hemdane, co-président de Financement participatif Afrique et Méditerranée (FPAM) qui s’exprimait à l’occasion du Forum du crowdfunding en Afrique dans la capitale sénégalaise, Dakar, cette semaine. «Leurs besoins en financement se chiffrent à 331 milliards de dollars. Le déficit de financement est la première barrière au développement des PME africaines», a-t-il ajouté.
Les inquiétudes de Hemdane sont partagées par Laurent Gonnet, spécialiste principal du secteur financier à la Banque mondiale (BM) qui, citant le Strategic Marketplace Initiative (SMI Forum), a laissé entendre qu’en Afrique de l’Ouest, il y aurait un déficit de 10 milliards de dollars pour le financement des PME formelles. «Pour le Sénégal, c’est un milliard de dollars. La Banque mondiale et d’autres partenaires doivent donc mettre en place toutes les conditions pour que ce gap soit résorbé entre 5 et 10 ans», a poursuivi l’expert de la Banque mondiale.
Crowdfunding, une alternative crédible, mais insuffisante
Pour pallier e gap, plusieurs acteurs se tournent vers le financement participatif (crowdfunding). Mais la Banque africaine de développement (BAD) trouve que si ce moyen est fiable, il n’est cependant pas suffisant. «En 2017, le montant total du « crowdfunding » en Afrique était de 153 millions de dollars. Le système n’est pas encore totalement sécurisé», a laissé entendre Valérie Dabady, responsable du Département de la mobilisation des ressources et des financements extérieurs à la BAD.
Laurent Gonnet propose pour sa part une solution basée sur trois leviers. «Le premier est la concurrence au sein du secteur financier parce que si elle n’existe pas, les intervenants n’iront pas vers les PME. Le deuxième levier, c’est l’infrastructure de crédit qui annihile la symétrie d’informations entre le banquier et son client. Le troisième est la nécessité d’intervention publique avec la banque centrale, le ministère des Finances ou d’autres forces publiques», a expliqué le financier. Pour Gonnet, «souvent le banquier demande un immeuble, une maison, un terrain comme garantie sans laquelle il n’y a pas de financement. Cela n’arrangeant pas les jeunes entreprises ; les financements vont finalement aller à ceux qui ont déjà de la richesse». Ainsi Laurent Gonnet appelle-t-il les décideurs à élaborer «impérativement» «un régime des collatéraux élargi dans lequel d’autres types de garanties seront proposés aux banquiers».
Il faut faire «saliver les banques en leur faisant comprendre que le financement des PME peut rapporter de l’argent», a ajouté Gonnet. Aussi, les «ministères des Finances [doivent] mettre en place des fonds de garantie qui offrent aux banques un niveau de confort supplémentaire leur permettant de financer un peu plus les PME», plaide Gonnet, spécialiste principal du secteur financier à la Banque mondiale.
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