Face à la presse ce mardi dans la capitale togolaise, Lomé, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest a tenté de répondre aux détracteurs du francs CFA en Afrique et dans le monde. L’Institut d’émission estime qu’il s’agit d’une monnaie enviée partout et dont les résultats sont bons pour les économies des Etats qui l’ont en commun.
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a finalement décidé de sortir de son silence suite à la polémique qui a enflée ces derniers jours concernant le franc CFA. Alors que de hautes autorités italiennes ont laissé entendre que la France appauvrissait l’Afrique avec cette monnaie, l’Institut a répondu ce mardi face la presse dans la capitale togolaise, Lomé.

Pour Danielle Benoist, conseillère en communication du gouverneur de la Banque, qui est intervenue lors de la rencontre, pour mieux comprendre le Franc CFA il faut avant tout connaître son histoire.

« Il est difficile de comprendre le présent du franc CFA sans connaitre son histoire, sans connaitre les grands hommes de nos pays qui ont risqué leur vie, la vie de leur famille, pour bâtir cette monnaie qu’est le franc CFA, pour africaniser les cadres de la Banque et rendre le fonctionnement de la Banque Centrale totalement indépendant de la France, de nos pouvoirs publics et de tout organisme national ou international, tout en assurant une solidité́ et une stabilité́ de cette monnaie pour le bonheur de nos populations », a-t-elle déclaré. Selon elle, le franc CFA est à ce jour, une monnaie coloniale qui a été africanisée.

« Une monnaie enviée par le monde » ?
Selon les haut fonctionnaires de la BCEAO, le franc CFA est à l’origine de résultats économiques impressionnants dans les pays l’ayant en partage. « C’est une monnaie qui est aujourd’hui enviée par le monde. C’est une monnaie d’économie solide qui assume parfaitement les fonctions qu’une monnaie doit assurer en particulier, la réserve des valeurs mais aussi de la stabilité des prix. Cette stabilité des prix assure un niveau d’épargne consistant et d’investissement et donc la croissance économique », a insisté Benoist.

La responsable a mis en avant de bons chiffres atteint dans la zone CFA. Notamment, elle a évoqué un taux de croissance de 6% depuis 4 à 5 ans, un niveau d’inflation à moins de 2%, un déficit budgétaire réduit, un niveau de chômage réduit avec un niveau de bien-être qui s’élève selon elle. Aussi a-t-elle évoqué des réformes structurelles ayant permis des performances « largement » au-dessus de ce qui est noté au niveau de certains pays au sud du Sahara et qui sont hors zone CFA.

« Dire aujourd’hui que le franc CFA est source de sous-développement, nous pensons que ce n’est pas vrai. Aujourd’hui plusieurs personnes parlent du franc CFA sans savoir exactement le mécanisme du franc CFA à la banque centrale. C’est des personnes qui sont contre le franc CFA. Le franc CFA est une monnaie solide. Le franc CFA n’est pas figé et nous sommes ouverts aux réformes. Au temps opportun nous en parlerons », a fait remarquer Danielle Benoist.

La BCEAO insiste sur son autonomie
Les réserves de changes de la Banque ont également été sujet à discussion lors de cette rencontre entre les médias et la BCEAO. Pour les experts de l’institution financière, nombre des détracteurs de la monnaie affichent une méconnaissance du mécanisme de la Banque. Selon Benoist, les réserves de changes de la Banque ont déjà leur contrepartie dans l’économie.

« On ne pourra pas indéfiniment créer de la monnaie avec la même quantité de réserves de changes. Le compte d’opération que nous avons au niveau de la banque, c’est un compte de d’opération qui enregistre les 50% de nos réserves de changes et ces 50% sont utilisés par la Banque centrale pour effectuer les payements extérieurs. Le solde que nous avons dans ce compte n’est pas un stock mais un flux. Puisque à tout moment la banque centrale a la latitude d’utiliser ses réserves de changes pour faire des payements. Ces réserves d’échanges appartiennent à la banque centrale », a expliqué la conseillère en communication du gouverneur de la BCEAO.

En ce qui concerne le pouvoir de la France dans la gouvernance concernant le franc CFA, la BCEAO s’est montré très catégorique. « C’est une monnaie gérée entièrement par les Africains. Les gens pensent que la France a un droit de veto sur le fonctionnement de la Banque centrale et de la politique monétaire. En réalité c’est faux. C’est une monnaie qui est gérée entièrement par la Banque centrale sans l’intervention de quiconque, ni de la France, ni des pouvoirs public et des organismes. La banque centrale est autonome dans la gestion de cette monnaie », a insisté Danielle Benoist.
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