La Banque africaine de développement va lancer un nouvel outil financier, afin d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables sur le continent. L’initiative comporte également une assistance technique dans la mise en place des futurs projets.
Akinwumi Adésina en est convaincu : « Il ne suffit pas simplement de demander aux pays de se détourner des technologies polluantes. Nous devons être proactifs en mettant en avant des alternatives crédibles ». Cette évidence, martelée le 14 mars dernier à l’occasion de la 3e édition du One planet summit, à Nairobi (Kenya), le président de la Banque africaine de développement (BAD) l’a concrétisée en annonçant la création prochaine d’un nouvel outil visant à soutenir le développement des énergies renouvelables « fiables et à moindre coût » sur le continent le moins électrifié de la planète.

Baptisé Green baseload facility, il aura pour mission d’inciter les états africains à produire de l’énergie -notamment électrique- à partir du soleil, du vent, de la géothermie, ou encore de la biomasse, plutôt que de se tourner vers le gaz, le pétrole, ou le charbon, dont les rejets polluants sont particulièrement néfastes pour l’environnement. Cet instrument, qui proposera à la fois un volet financier et un accompagnement technique, sera intégré comme fonds spécial de la phase 2 du Fonds des énergies durable pour l’Afrique (SEFA 2.0), lancé par la BAD. Des pays comme l’Allemagne, le Canada, le Danemark, l’Italie, la Norvège, le Royaume-Uni ou la Suède, de même que l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) se sont félicités de cette initiative, et lui ont d’ores et déjà offert leur soutien.

Les ENR à plein régime
La mise en place du Green baseload facility confirme la montée en puissance de la BAD dans le domaine des énergies renouvelables. Elle est aujourd’hui l’institution financière multinationale qui consacre la plus grande part de ses fonds au développement de ce secteur. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2016, 9% de ses investissements concernaient les énergies renouvelables. En 2017, ce chiffre a atteint la barre des 28%, puis 34% l’année suivante. Et en 2019, il devrait être porté à 40%. Pour le seul domaine de l’énergie, entre 2016 et 2018, la BAD a consacré 95% de ses fonds aux ressources vertes.

Son dernier soutien à un projet d’extraction de charbon remonte désormais à plus de dix ans. Et cette politique pro-énergies vertes pas près de s’arrêter, puisque d’ici 2025, la BAD compte doubler ses engagements, et « investir 25 milliards de dollars [soit 22,4 milliards d’euros] dans la lutte contre le dérèglement climatique », a promis Akinwumi Adesina. Le président de la BAD estime toutefois que « le niveau de financement requis n’est atteignable qu’avec une implication directe de l’ensemble du secteur financier africain ». D’où la création de l’Alliance financière africaine pour le changement climatique (AFAC), dont l’objectif est clair : attirer les investisseurs privés vers des projets favorisant la lutte contre le dérèglement climatique. Avec Green baseload facility, la boucle est bouclée.

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