Avec un million de morts liées à la pollution atmosphérique, l’Afrique est région la plus polluée au monde après l’Asie du Sud, selon l’OMS. Un constat alarmant qui mobilise les gouvernements.

Aujourd’hui, l’utilisation de combustibles solides, comme le charbon ou le bois, pour cuisiner par près de 1 milliard de personnes alimente la pollution domestique, responsable de 24 % des décès en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Par ailleurs, le continent qui abrite 16 % de la population mondiale et ne dispose que de 3 % de véhicules motorisés est néanmoins très impacté par la pollution liée aux transports, responsable de 50 % des décès prématurés, selon Climate Change News.

Des mégalopoles à l’agonie

Entre 1990 et 2013, la pollution extérieure a augmenté de 36 % sur un continent dont le taux d’industrialisation reste pourtant faible. À l’ouest, la croissance reste intrinsèquement liée au gaz et au pétrole, et nourrit une pollution exponentielle. Aussi, les entreprises qui accompagnent la croissance africaine telles que Shell, Total, BP ou ExxonMobil sont régulièrement pointées du doigt.

En juillet dernier, le journal sud-africain Mail & Guardian révélait dans un article intitulé « Respirer tue » les conséquences d’une pollution qui asphyxie les citadins sud- africains, où 20000 décès par an sont imputés à la l’air respiré. « La moitié du temps, la pollution dépasse les niveaux acceptables pour la santé […] 15 % du temps, on pourrait parler d’airpocalypse », pouvait-on lire dans l’hebdomadaire sud-africain.

La pollution est la principale cause de décès des enfants africains âgés de moins de 5 ans, exposés à des niveaux de nuisance nettement supérieurs aux recommandations de l’OMS. Quant à la ville d’Onitsha au Nigeria, elle s’est rendue célèbre par sa plus forte concentration mondiale de PM10, les particules les plus fines, selon l’OMS, soit 30 fois plus que le niveau recommandé. L’Éthiopie, le Nigeria et l’Égypte caracolent en tête des pays les plus pollués et, en Afrique du Nord, les moyennes de pollution annuelle dépassent de cinq fois les limites autorisées. Enfin, que dire de Madagascar où 20 % des décès lui sont imputés ?

La chasse au plastique et aux importations d’un autre âge

Toutefois, les gouvernements africains réagissent. En mai dernier, la Tanzanie était le 34e pays africain à interdire l’usage des sacs plastiques qui polluent le paysage urbain. Toute personne produisant ou important des sacs plastiques encourt désormais une amende de 390 000 euros ou une peine de prison de deux ans maximum. Quant aux détenteurs de sacs, ils sont passibles d’une amende de 79 euros et jusqu’à sept jours de prison !

Au Kenya, depuis août 2017, la loi est tout aussi sévère et prévoit jusqu’à 32 000 euros d’amende et quatre ans de prison : fini les « flying toilets » ou les sacs qui défigurent les mythiques collines de Ngong. L’Afrique légifère. C’est le cas notamment concernant l’importation des véhicules anciens venus d’Europe. Le Sénégal a récemment interdit l’entrée de tout véhicule de plus de huit ans sous peine d’être « réexporté dans un délai de deux mois ou détruit à l’expiration aux frais du propriétaire ou de l’importateur, sans préjudice d’une pénalité de 2 millions de francs CFA ». À ce jour, Dakar concentre 70 % des véhicules en circulation au Sénégal et représente la 91e ville la plus polluée au monde.

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