Le coronavirus ou Covid-19 (acronyme en anglais), une maladie infectieuse et très contagieuse inconnue du grand public il y’a quelques mois, immobilise l’économie mondiale. Le virus est apparu pour la première fois chez un individu chinois âgé de 55 ans dans la province de Wuhan (en Chine centrale), le 17 novembre 2019. D’après les premiers signaux, la maladie se transmet rapidement via des gouttelettes respiratoires, et surtout quand les malades toussent ou éternuent, ou par le biais d’un contact manuel avec une surface contaminée suivi d’un toucher de la main sur le visage (source Wikipédia). Dans les pays développés tels que la France, Les États Unis, l’Espagne, la Chine, l’Italie, le Canada…, on note l’existence de plusieurs personnes porteuses du virus Covid-19 et le nombre de décès progresse. En Afrique, malgré la gravité de la pandémie, les cas sont pour le moment limités.

Face à la difficulté de trouver des réponses médicales prouvées pour le moment, les autorités de plusieurs pays comptent sur la prévention comme première arme de guerre pour éviter la propagation du virus. Ainsi plusieurs mesures publiques ont été prises pour protéger les populations. Fermeture des commerces non nécessaires, établissement de règles de distanciation d’un mètre au moins entre les personnes, port de masque, interdiction de se saluer à travers les mains, limitation des rassemblements. Toutes ces mesures ont occasionné un ralentissement de l’économie mondiale.

Conséquences :

Pays, développés, pays émergents, pays sous développés, aucun environnement n’est épargné par la présence de la pandémie. Après plusieurs tentatives de recherches de solutions de nos braves personnels soignants, sans réponse certaine, le confinement s’est présenté comme une nécessité. Restauration, transport aérien, énergie, éducation, alimentation, bâtiments et travaux publics, commerce de détail, économie informelle, …, l’épidémie impose sa loi. Les possibilités de fructifier son argent devient une casse tête pour le citoyen. L’économie internationale est en chute brutale.

Naissance des premières solutions occidentales :

Vu la gravité de la situation, les pays développés ont été les premiers à recommander à leurs citoyens de rester chez eux par une mesure de confinement. Et la décision s’est traduite par une rareté des individus dans les commerces. Par ailleurs il convient de signaler que les recherches de solutions se poursuivent pour éradiquer définitivement la pandémie. En France, comme dans la plupart des pays industrialisés des plans ambitieux ont été mis en place par le Gouvernement pour atténuer les chocs brutaux de l’économie : aides financières conséquentes, indemnisation des travailleurs, facilité de crédits aux entrepreneurs, promesse de nationalisation de certaines entreprises impactées par le coronavirus… Même si économiquement les données sont au ralentis, ces pays accompagnent leurs populations suivant une méthode éprouvée. Dans la mesure où les acteurs sont identifiés, ces États ont donc une bonne maîtrise de qui fait quoi dans leurs pays. En ce sens la définition de plans d’accompagnement ne posera pas de problème, ainsi que l’identification des bénéficiaires. Du cordonnier du coin du marché à la plus grande entreprise cotée en bourse en passant par les travailleurs indépendants, les acteurs économiques des pays développés sont immatriculés et suivis. Il existe une base de données fiables pour tracer l’ensemble de leurs opérations.

Analyse succincte sur le continent africain :

Les dirigeants africains suivent le même processus pour venir en aide les populations touchées par le virus Covid-19 et mettent en place des actions pour sauver les entreprises affectées et les ménages précaires. Par ailleurs, malgré la pertinence des plans des pays africains, force est de constater qu’il sera problématique de répartir avec précision et objectivité les aides prévues pour les populations, car les activités prometteuses de la vie quotidienne sont exercées dans l’informel.

Orientation des dirigeants africains :

Les autorités étatiques africaines ont estimé qu’il faut appliquer les mêmes règles de bon sens qui sont en train de donner d’excellents résultats ailleurs. Cependant pour la plupart des pays, les mouvements économiques se poursuivent avec des restrictions strictes. Les États ont juste limité certaines activités qui peuvent provoquer des rassemblements. On assiste ainsi à un « confinement partiel » adossé à des règles drastiques dans le domaine du transport et d’autres secteurs d’activités pouvant regrouper les citoyens. Un état d’urgence a été décrété dans plusieurs pays africains qui se matérialise par un couvre feu et d’autres règles. A titre d’exemples en Côte d’Ivoire il est interdit aux populations de circuler dans les rues au delà de 21 heures et au Sénégal à partir de 20 heures. Le rester à la maison est devenu le nouvel mode de vie dans la planète.

Une nouvelle façon de vivre s’invite volontairement dans le quotidien de l’Africain :

Globalement cette nouvelle organisation pour la lutte contre le coronavirus freine beaucoup d’initiatives économiques et provoquera d’énormes difficultés pour les entrepreneurs africains. La circulation du virus frappe de plein fouet les créateurs de richesses des pays africains et impacte les possibilités financières du cercle familial. Et surtout les acteurs de l’économie informelle. Il faut souligner que la grande majorité des ressources financières africaines provient du secteur non structuré. Les conséquences se font déjà sentir à plusieurs niveaux de la société. La vendeuse de denrées alimentaires, le livreur de marchandises, les prestataires de services de toute nature, ainsi que les grandes entreprises, il est difficile pour le citoyen Lambda de se faire une recette journalière correcte. Étant donné que plusieurs ménages africains comptent sur les recettes quotidiennes pour nourrir leurs familles, un problème de précarité se pose à la longue.

Au Bénin par exemple, le Président Patrice TALON a pris certaines dispositions pour protéger la population. En revanche, il a écarté le confinement comme première mesure de prévention sanitaire. Il estime qu’il n’a pas les moyens d’accompagner ses compatriotes, s’ils les obligent de rester chez eux. Il faut préciser qu’au Bénin plus de 65% de circuit économique est informel. Dans le domaine du transport en commun, la moto-taxi communément appelée Zem constitue le principal outil de déplacement. Il assure l’essentiel des mouvements des acteurs du pays : transport de personnes et transport de marchandises. L’arrêt de travail du conducteur de Zem entrainera systématiquement l’arrêt d’autres activités liées au transport.  En outre un conducteur de Zem compte sur son quotidien pour nourrir 4 à 5 personnes en moyenne. Si on établit les distances de sécurité d’un mètre, il ne sera plus possible à ce brave acteur de s’occuper et de trouver des ressources financières. Il restera simplement à la maison, car n’ayant pas le choix.

Pour ma part, il m’est difficile d’apporter un jugement suite à la proposition du Président TALON. D’une part le confinement est nécessaire pour vaincre la maladie et d’autre part si les créateurs de richesses du Bénin restent à la maison, comment feront-ils pour se prendre en charge et répondre aux besoins quotidiens de leur famille ? À chacun de se faire sa propre analyse du contexte béninois et les recommandations prises par l’autorité suprême.

Aperçu d’un entrepreneur :

A mon niveau, après avoir étudié quelques contours de la pandémie et sa répercussion sur le plan de l’environnement des affaires, le contexte du plateau médical de certains pays africains ainsi que les opportunités du continent, j’estime qu’en cette période précise de crise sans perspectives certaines, l’Afrique a la possibilité de se lever et de faire entendre une voix qu’on lui reconnaît peu : celle de son réveil économique en se basant sur les possibilités de création de valeurs à travers ses ressources naturelles.

Analyse des potentialités du continent africain et perspectives pour la réduction de la dépendance vis à vis de l’étranger / Étude de quelques secteurs :

En Afrique, l’essentiel des biens de consommation, des biens de production et des services à haute valeur ajoutée sont proposés par l’extérieur. Les populations africaines consomment en grande majorité des produits provenant des pays industrialisés. Avec ce nouveau mode de vie provoqué par la force du coronavirus, les produits extérieurs deviennent de plus en plus introuvables.

Dans le secteur de la beauté / Exemple : les produits de beauté importés et vendus sur le marché africain deviendront petit à petit rares et inaccessibles pour une bonne partie du public, des consommateurs africains. Une bonne perspective pour les acteurs africains de se concentrer sur les ressources naturelles du continent pour remplacer ses produits étrangers avec d’autres produits de substitution fabriqués sur la bases des ressources minérales du continent et suivant une approche locale. La promotion du secteur artisanal pourra réellement décoller avec une grande envergure.

Dans le domaine agricole, l’Afrique a un mobile pour se positionner comme un continent capable d’assurer suffisamment de vivres pour ses populations. Le coronavirus peut être un moyen incontournable de privilégier la sécurité alimentaire en Afrique. En ce sens, les gouvernements pourront approfondir les réflexions en y associant les acteurs pour trouver ensemble les meilleures formules adéquates.

Dans le domaine de l’économie du savoir, il est prioritaire de développer une industrie éducative de qualité dont l’ambition est d’inculquer aux apprenants les défis de développement de l’Afrique. Revoir les programmes pédagogiques et les adapter en fonction de l’exploitation des ressources locales et des chantiers de développement du continent. Dans le contenu des programmes, il est impératif de favoriser également la préparation effective des jeunes pour une renaissance africaine afin qu’ils s’intéressent à la promotion de l’économie locale. En quelques sorte, cette crise sanitaire qui ralentit l’économie doit nous apprendre à lier le système éducatif et le développement des territoires africains.

Dans le domaine de la santé, prévoir des investissements massifs pour la formation et l’accompagnement du personnel médical. Relever le niveau du plateau technique et améliorer le fonctionnement des structures hospitalières. Pendant et après cette crise sanitaire qui impacte l’économie africaine, il est possible de commencer à réfléchir sur des orientations fortes pour maîtriser les fondamentaux de base d’un environnement médical africain correct. Renforcer aussi les infrastructures hospitalières reste une obligation de premier plan. Pour preuve, mêmes les africains qui ont les moyens et qui ont l’habitude de se faire soigner à l’étranger ne peuvent pas voyager pendant cette période de la crise sanitaire liée au coronavirus. Il est important d’en tirer de bonnes leçons et de prendre des actes patriotiques pour nous assumer. Nos Présidents ont un chantier réel à poursuivre dans ce domaine aussi précieux.

Pour l’économie non structurée, provoquer des réflexions intelligentes pour donner au secteur informel la place qu’elle mérite et lui accorder un statut particulier. Par contre plusieurs pays africains envisagent la formalisation de ce secteur stratégique comme solution. A mon avis, il suffit d’abord d’identifier les acteurs du secteur et les classer par catégorie avant de les obliger à formaliser leurs activités. Souvent c’est la pression fiscale qui les fait fuir. D’où la nécessité aussi de mieux diagnostiquer leurs problèmes.

Dans le secteur de l’habitat, identifier les habitants des quartiers par l’enregistrement obligatoire des baux de location. Exemple dans plusieurs appartements en location, nos États ne sont pas au courant des mouvements de personnes qui y « circulent ». Et cette situation est dramatique. Voici quelques pistes pour engager des débuts de réponses / Rendre obligatoire l’enregistrement des baux à la mairie de chaque localité. Inscrire dans les baux enregistrés les identités et les statuts sociaux des personnes qui y résident. Prévenir la mairie en cas de déménagement ou de changement de situation… D’autres points peuvent s’ajouter à cette liste pour avoir une meilleure idée des personnes qui vivent dans chaque commune. Il est possible de réaliser ce travail. Dans ce monde, des acteurs engagés ont fabriqués des avions, des téléphones portables, des produits technologiques de tout genre, donc concevoir un système d’information pour recenser les populations d’une localité ne doit pas être une difficulté. Avec l’aide de quelques étudiants en informatique bien encadrés et d’autres bonnes volontés, ce problème est résolu.

En conclusion

Le coronavirus frappe l’économie mondiale et l’Afrique n’est pas épargnée. Dans les pays développés plusieurs tentatives sont en train d’être menées pour trouver le remède. Des plans sont en exécution pour accompagner les populations. L’Afrique suit le mouvement et s’aligne comme elle peut, en fonction de ses possibilités. Au delà de la prise en charge gratuite des malades, les dirigeants africains déploient des efforts considérables pour réduire les dangers qui guettent l’économie locale. Des soutiens sont prévus et permettent d’ajuster la dimension de la crise. Cependant l’Afrique aura une difficulté à répartir les paniers d’aide, car l’essentiel des acteurs à soutenir exercent leur métier dans l’économie non structurée. En plus, cette crise montre qu’un pays doit se battre pour dépendre de moins en moins de ses partenaires. La souveraineté nationale doit primer sur tous les plans. C’est un bon enseignement à tirer.

L’Afrique possède des gisements immenses en tout genre, des ressources minérales inépuisables, des possibilités énormes en matière de création de valeurs partagées…, toutes les garanties pour un continent de voler de ses propres ailles. Nous y pensons régulièrement sans pour autant y aller avec fermeté. De mon point de vue, cette « catastrophe » est le moment pour les Africains de mobiliser leurs énergies, d’évaluer leurs forces et leurs faiblesses, de détecter les opportunités réelles du continent et d’entamer des réflexions soutenues sur comment exploiter les ressources disponibles au service des populations locales ?

Ibrahima Théo LAM

Citoyen africain engagé

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