(Agence Ecofin) – Alors qu’il n’est entré dans sa phase de stabilité que le 1er janvier 2020, le pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité de l’Uemoa, vient d’être suspendu.
La décision a été prise, lundi 27 avril, lors d’une visioconférence entre les Chefs d’Etat. Il s’agit d’un assouplissement des règles budgétaires visant à permettre aux pays membres d’avoir les coudées franches pour mener efficacement la bataille contre le coronavirus.
Concrètement, ce sont les critères de convergence qui seront mis en veilleuse, alors que la situation macroéconomique de l’Union devrait connaître une dégradation sensible, avec notamment un taux de croissance moyen qui ressortirait à 2,7%, soit une réduction de près de quatre points de pourcentage par rapport à la prévision initiale de 6,6%.
Mis en place depuis 2015 pour parvenir à une harmonisation des indicateurs macroéconomiques, fin 2019, ce pacte impose un taux d’inflation annuel moyen à 3%, et des plafonnements, dès le 1er janvier 2020, du déficit budgétaire de chaque Etat à 3% de son PIB et du ratio d’endettement à 70%.
A ces critères de convergence de premier rang s’ajoutent une masse salariale contrainte de rester sous la barre des 35% des recettes fiscales et un ratio de pression fiscale supérieur à 20%, alors que, frappée par le nouveau coronavirus, l’activité économique tourne au ralenti dans le monde entier.
Selon les Chefs d’Etat, les ressources financières nécessaires pour faire face aux besoins en équipements sanitaires, assurer une mise en œuvre effective des mesures sociales et relancer l’activité économique sont évaluées à 5 284,9 milliards FCFA. Un montant dont la mobilisation pourrait creuser le déficit budgétaire, dons compris, de la zone, à 5,5% du PIB contre une prévision initiale de 2,7%.
Cependant, plusieurs observateurs craignent qu’à travers cette mesure qui n’impose aucune autre limitation que les Chefs d’Etat n’aient octroyé aux gouvernements des chèques en blanc.