Selon les dernières projections du Groupe de la Banque mondiale, la pandémie de COVID-19 et la crise économique qui en découle risquent de faire basculer dans l’extrême pauvreté entre 71 et 100 millions de personnes. Et Pour leur venir en aide efficacement, il est indispensable de cerner qui sont ces populations, où elles vivent, le type d’activité qu’elles exercent et la manière dont elles subissent les effets de la crise.

 « Afin d’identifier et de caractériser ces « nouveaux pauvres » , nous disposons d’une base de données utilisée pour effectuer le suivi de l’évolution de la pauvreté dans le monde. Celle-ci rassemble des enquêtes auprès des ménages nationales et harmonisées, et contient, entre autres informations, des données sur les dépenses par habitant, les attributs démographiques des ménages et des chefs de famille, leurs conditions de logement et leur localisation. Notre méthode consiste à comparer la situation mondiale en 2020 avec et sans la pandémie », précise la Banque mondiale .

Toujours d’après le document, alors que les projections établies avant le coronavirus prédisaient une baisse de la proportion de pauvres dans le monde, celle-ci est désormais appelée à augmenter.

« C’est dans les villes que résideront probablement une grande partie des nouveaux pauvres Les mesures strictes de confinement ont entraîné l’arrêt d’une grande partie de l’activité économique dans les zones urbaines, privant de leurs moyens de subsistance, pratiquement du jour au lendemain, de nombreux citadins pauvres et vulnérables. De fait, nos travaux indiquent que 30 % des nouveaux pauvres dans le monde vivront en milieu urbain, contre un taux de 20 % parmi ceux qui sont déjà pauvres », explique-t-on dans le document.

Le document précise que les pauvres  auront probablement un profil sensiblement différent par rapport à ces derniers, qui sont en général concentrés dans les zones rurales. Et parmi eux, les adultes en âge de travailler sont plus susceptibles d’exercer une activité non agricole, avec un taux moyen de 44 % de l’emploi total, contre 32 % chez ceux qui sont déjà pauvres, et des écarts particulièrement marqués dans le secteur manufacturier (7,3 % contre 4,7 %) et la construction (6 % contre 2,8 %).

Et le document de rappeler : «  Par ailleurs, les nouveaux pauvres occupent aussi plus souvent un emploi rémunéré (30,7 % contre 17 % de l’emploi total) et sont moins susceptibles de travailler à leur compte (39,7 % contre 45,6 %) ou dans le cadre d’une entreprise familiale (20,3 % contre 27,4 %). Enfin, on constate que la proportion d’adultes en âge de travailler qui a fait des études secondaires ou supérieures est plus élevée chez les nouveaux pauvres, ce qui semble assez logique étant donné que les niveaux d’instruction ne sont généralement pas les mêmes entre zones urbaines et rurales ».

Toujours d’après le document, il ne faudrait pas en déduire que les zones rurales ne seront pas touchées. Et généralement plus défavorisées au départ, les zones rurales connaîtront progressivement une détérioration des conditions de vie, y compris parmi ceux qui vivent déjà dans la pauvreté. En effet, alors que les restrictions de déplacements se ressentent de plus en plus sur les activités agricoles et non agricoles et sur l’accès aux marchés dans les campagnes, les pauvres des zones rurales risquent de subir d’importantes pertes de revenus. « En outre, beaucoup de communautés rurales sont confrontées à des retours massifs de migrants alors qu’elles ont déjà du mal à se procurer de la nourriture et des produits essentiels. Soit autant de facteurs qui contribueront à une aggravation et une expansion de la pauvreté rurale », note le document.