D’après Greenpeace Afrique, au Sénégal, le processus d’attribution des licences de pêche est bien encadré par des lois et règlements tels que le Code de la pêche de 201510 et son décret d’application de 201611. Et le processus d’attribution est souvent entaché de pratiques suspectes.
« Cependant, le processus est souvent entaché de pratiques suspectes comme la récente « introduction illégale de dizaines de navires dans la flotte sénégalaise (…) », dénoncée par le GAIPES (Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal) aux côtés d’autres acteurs du secteur de la pêche sénégalaise. Depuis 2012, l’octroi de toute nouvelle licence pour les pirogues de pêche artisanale a été suspendu par le gouvernement sénégalais afin de sauvegarder les stocks halieutiques en déclin d’Afrique de l’Ouest », préciseGreenpeace Afrique dans son rapport.
Un nombre inconnu de navires de pêche industrielle étrangers sillonnaient les eaux sénégalaises
Toujours d’après la source, le gouvernement sénégalais n’a pas imposé la même restriction aux navires de pêche industrielle qui amassent des tonnes de poissons, accentuant ainsi la pression pesant sur les stocks de la région ouest-africaine. Et par conséquent, et en raison du manque de transparence, un nombre inconnu de navires de pêche industrielle étrangers sillonnaient les eaux sénégalaises malgré le confinement dû à la pandémie de la COVID-19.
D’après le rapport, des tentatives ont été même été faites pour accélérer un processus d’octroi de licences de pêche pour 52 navires étrangers.
Et le document de rajouter : « Pour enrayer ces tentatives d’accélération dans le traitement des demandes de licences, le GAIPES a envoyé une lettre ouverte au ministre de la Pêche le 16 avril 2020. Celle-ci demandait le report de la prochaine réunion de la Commission Consultative d’Attribution des Licences de pêche (Ccal), une commission où sont représentés les principaux acteurs du secteur. La lettre ouverte a révélé que les autorités sénégalaises envisageraient d’accorder le pavillon sénégalais et des licences de pêche à 52 navires étrangers – 50 chinois et 2 turcs ».
Toujours d’après le rapport, quatre navires battant pavillon sénégalais figuraient également parmi les demandeurs. Et jamais auparavant autant de demandes de licences de pêche étrangères n’avaient été enregistrées et présentées en une seule fois à la Ccal. Toujours d’après la source, pour compliquer encore la situation, le gouvernement venait de mettre en place des restrictions pour endiguer la pandémie, empêchant la commission de se réunir physiquement pour discuter de la question.
Le rapport souligne que les membres de la commission, représentant le secteur de la pêche industrielle et artisanale, ont fermement plaidé contre toute précipitation dans le traitement du nombre historiquement élevé de demandes de licences, compte tenu des restrictions dues à la COVID-19, mais aussi des conséquences sur la sécurité alimentaire et de la menace que ces navires industriels font peser sur les stocks déjà surexploités.
Greenpeace Afrique précise que le 6 juin, le ministère de la Pêche a mis fin à l’affaire en annonçant publiquement son refus d’octroyer 54 des 56 demandes de licences.
« Seules les demandes de transfert de deux licences détenues par des sociétés sénégalaises ont été acceptées16. La décision du ministère a été motivée par les pressions exercées par une coalition de pêcheurs artisanaux et d’autres parties prenantes, des représentants de la pêche industrielle, des femmes transformatrices de poisson, de communautés locales et d’organisations comme Greenpeace Afrique », explique-t-on dans le rapport.
Et le document de rajouter : « Malheureusement, l’histoire des 56 licences ne s’est pas arrêtée là. Le 6 mai, les médias locaux ont publié des preuves que l’un des 56 navires de pêche, le Fu Yuan Yu 9889, avait obtenu une licence de pêche le 17 avril 2020. La licence avait été accordée en dépit des affirmations du ministère de la Pêche selon lesquelles aucune nouvelle licence n’avait été octroyée ».