Le rapport 2020 sur le développement économique de l’Afrique, publié lundi 28 septembre par la Conférence des Nations unies sur le développement (Cnuced), révèle que le secteur de l’or est en tête de la fuite de capitaux par an en Afrique.

 « Plus le poids d’un minerai est faible et sa valeur élevée, plus il concentre » les activités criminelles, détaille le rapport, en montrant que le secteur de l’or est à l’origine de plus des deux tiers des détournements, à partir de chiffres obtenus en rapprochant, selon une méthode dite « en miroir », les données déclarées par le pays exportateur d’un côté et le pays importateur de l’autre. Le rapport explique que le commerce du diamant génère, lui, 12 % des fraudes et celui du platine 6 %. Et en volume, plus de la moitié des flux illicites de capitaux proviennent de contrats réalisés au Nigeria, en Afrique du Sud et en Egypte, même s’il faut prendre ces chiffres avec précaution compte tenu de la fragilité des données statistiques.

D’après le rapport, seuls 43 pays sur le continent publient régulièrement des données auprès de la base du commerce international des Nations unies. Junior Davis, directeur du bureau Afrique de la Cnuced et coordonnateur du rapport, regrette que « cette méthode permette mal d’appréhender les flux illicites liés à l’exploitation pétrolière. Les exportations de brut qui passent par les pipelines ne sont pas enregistrées auprès des autorités douanières et une fois raffiné, le pétrole perd toute trace de ses origines, ce qui rend très difficile son traçage dans les statistiques internationales. Notre estimation est en conséquence certainement assez inférieure à ce qu’elle aurait été si les chiffres manquants du pétrole et du gaz avaient pu être intégrés à cette analyse », pointe-t-il.

Le rapport de la Cnuced se veut l’occasion de rappeler que la présence de cette économie souterraine dans un Etat va souvent de pair avec une faiblesse des ressources consacrées aux services de base. « Les budgets sont en moyenne inférieurs de 25 % dans le domaine de la santé et de 58 % dans celui de l’éducation dans les pays où les flux illicites de capitaux sont importants », pointent les auteurs. De plus, dans ces pays, les méthodes d’exploitation des ressources minières sont aussi parmi les plus « sales » pour l’environnement.

D’après le rapport, l’enjeu d’un contrôle accru de cette économie mafieuse n’est donc pas seulement financier.Face à cette criminalité organisée, les initiatives pour contrôler ces mouvements de capitaux ont jusqu’à présent connu peu de retombées, constate le rapport qui, en conclusion, insiste sur la nécessité de renforcer la collecte des données douanières et fiscales pour permettre de mieux identifier les sources de détournements.