La résurgence des départs massifs de jeunes vers les côtes européennes est plus que préoccupante dans ce contexte de crise mondiale. Au-delà des pertes en vies humaines, cette situation déstructure aussi notre tissu économique et particulièrement dans le monde rural avec cette perte de main d’œuvre. Il est donc de notre responsabilité commune de réfléchir ensemble aux leviers de mitigation de ce désastre qu’est l’émigration clandestine.
Force est de rappeler les nombreux efforts du Gouvernement du Sénégal pour endiguer ce phénomène, avec le durcissement des mesures de surveillance des frontières et la densification des programmes de rétention des jeunes dans les territoires et de réinsertion des migrants de retour.
Ainsi, il est crucial de parvenir à une démarche inclusive ralliant tous les acteurs socio-économiques du pays. Il est urgent de travailler à criminaliser davantage les réseaux de passeurs et de trafics de migrants en tout genre pour réprimer vigoureusement ces criminels.
Il conviendra aussi de s’appuyer davantage sur les relais communautaires en vue d’une vaste sensibilisation au niveau des territoires et en premier lieu au sein des familles. Nous devons tous œuvrer pour la mobilisation au sein des familles pour décourager toutes velléités de départ et de tentatives d’émigration clandestine. Il est question de préserver des vies humaines et la sacralité de celles-ci est bien plus importante que ces mirages de réussite qui sont vendus à ces jeunes en quête de mieux-être. Il est fondamental donc d’encourager la dénonciation civique au sein des territoires pour anticiper sur ces éventuels départs qui causent d’énormes pertes en vies humaines. C’est une question de patriotisme et un devoir civique, au-delà de l’assistance de personnes en danger.
Pour réussir ce pari de la maîtrise de ces flux qui risquent de s’intensifier, il conviendra d’adopter une démarche globale qui doit s’appuyer sur une stratégie qui prendra aussi bien la dimension sécuritaire et la réponse à la question cruciale de l’emploi des jeunes pour leur fixation dans les territoires.
Il urge également d’associer les collectivités territoriales dans cette démarche car aucune stratégie de rétention des jeunes ne saurait aboutir sans une implication active de la gouvernance locale qui doit être le réceptacle de la territorialisation des politiques publiques en matière migratoire.
Dans un autre registre, il est opportun de pousser et de soutenir la dynamique de la migration circulaire, déjà amorcée par le Gouvernement du Sénégal avec quelques partenaires dont l’Espagne ou encore plus récemment avec le projet MATCH lancé par l’OIM (Migration des talents par le renforcement des capacités et le recrutement) pour encourager la migration régulière en renforçant les capacités de nos jeunes pour leur offrir un avenir économique meilleur.
Ces enjeux et défis de l’émigration clandestine appellent inexorablement à une mobilisation citoyenne de tous pour endiguer définitivement ce phénomène dévastateur de notre société et de notre économie. C’est mon appel à tous pour soutenir les nombreux efforts jusque-là déployés par notre pays pour venir à bout de ce fléau.
Par Anne Françoise DIOUF Ndene
Membre de le Convergence des Cadres Républicains
Responsable politique APR MBOUR
Mail: ngoulou.79@gmail.com