Incontestablement, 2020 aura été, économiquement, l’une des années les plus terribles que l’Humanité n’ait jamais connue depuis la crise de 1929. Les 365 jours ont semblé plus longs que d’habitude. Le monde entier a vécu cette année avec peur, anxiété et angoisse. L’économie mondiale en est sortie affaiblie avec son lot de conséquences incommensurables. Il apparaît difficile aujourd’hui de jauger l’ampleur des dégâts de la crise qui n’a épargné presque aucun segment de la vie économique, tellement faire un bilan économique de 2020 se révèle ardue. Néanmoins, une simple observation de certains indicateurs suffit pour se rendre à l’évidence de la gravité de la situation. Le Fmi table sur une baisse de l’activité mondiale de 4,4% contre une prévision initiale de 4,9% au mois de juin 2020. Cette orientation reflète la contraction attendue en 2020 dans les pays avancés, notamment dans les pays de la zone Euro, les États-Unis et dans une moindre mesure dans les pays émergents et en développement. Une bonne partie des économies sont tombées en récession. Le chômage a pris une courbe ascendante en raison de la fermeture d’entreprises et l’imposition de mesures restrictives. Les perturbations notées dans les chaines de distribution ont créé des distorsions dans l’approvisionnement des entreprises.
Durant presque toute l’année, la pandémie de la Covid-19 a régné en maître, sans partage. Elle a remis en cause les pronostics des institutions de prévisions et de la statistique des États et des institutions de Breton Woods contraints de revoir leurs projections initiales. Les nombreuses dépenses engendrées par la crise sanitaire ont poussé les gouvernements à réviser leur budget à travers l’institution de Lois de finances rectificatives (Lfr). Impossible de faire le bilan économique sans évoquer la chute drastique des envois des émigrés dans le monde. En octobre 2020, la Banque mondiale annonçait déjà la couleur en indiquant que les transferts vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient se replier à 508 milliards de dollars en 2020, soit un recul de 7 %, avant de connaître un nouvel effondrement en 2021, à 470 milliards de dollars (- 7,5 %). Quant aux envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne, ils devraient reculer d’environ 9 % en 2020, soit 44 milliards de dollars. Certes résiliente et relativement moins touchée par la pandémie, l’Afrique, comparée aux autres régions du monde, est également sortie ébranlée ; même si c’est à un degré moindre.
Le virus a fait son apparition dans le continent au moment où beaucoup de pays s’étaient inscrits dans une bonne dynamique de croissance économique. Il a inversé les progrès constatés ces dernières années et remis en question les acquis économiques. À l’image d’autres régions du monde, son bilan économique s’est montré peu reluisant du fait des mesures de restrictions imposées par certains États dans la lutte contre la pandémie. L’Afrique boucle donc cette triste année sur fond de récession. La croissance en Afrique subsaharienne a été touchée de plein fouet par la pandémie de coronavirus. Elle devrait se rétracter fortement entre 2019 et 2020, passant de 2,4 % à -5,1 % ; ce qui plonge ainsi la région dans sa première récession depuis plus de 25 ans, selon la dernière édition d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la Banque mondiale consacré à la conjoncture économique africaine. Des projections avancées également par les prévisions de certaines institutions comme la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique ou la Banque africaine de développement (Bad).
Alors que l’année 2020, empreinte de mauvais souvenirs, touche à sa fin, voilà que 2021, déjà pleine d’incertitudes, se profile à l’horizon avec cette seconde vague de contaminations qui plonge encore tout le monde dans le désarroi et l’apparition d’une nouvelle souche de Covid-19 au Royaume-Uni. Comme le soulignait récemment le Fmi, le degré d’incertitude entourant les projections de croissance économique dans le monde est inhabituellement élevé. Les prévisions se fondent sur des facteurs de santé publique et des facteurs économiques qui, par leur nature, sont difficiles à prédire. Le niveau d’incertitude a trait à la trajectoire de la pandémie, à la riposte nécessaire en matière de santé publique et aux perturbations de l’activité intérieure qui en découlent, tout particulièrement pour les secteurs où les contacts sont nombreux. «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres», disait si bien le philosophe italien Antonio Gramsci.
Par Abdou DIAW, Journaliste économique