D’après le rapport 2020 sur les flux financiers illicites et le développement durable en Afrique, la Banque africaine de développement estime que la corruption fait perdre chaque année quelque 148 milliards de dollars à l’Afrique (Afdb, 2015).

« Des estimations prudentes, effectuées à partir de données de 2007 dans le cadre de l’Initiative pour le recouvrement des avoirs volés, indiquent que chaque année des agents publics volent de 20 à 40 milliards de dollars à l’État dans les pays en développement et les pays à économie en transition. Plus récemment, des publications de journalistes d’investigation ont révélé l’ampleur de la fortune privée détenue par des Africains dans des comptes bancaires offshore », note le rapport.

D’après la source, en 2015, par exemple, une enquête a abouti à la diffusion de données détaillées sur près de 5 000 particuliers de 41 pays africains détenant un total cumulé d’environ 6,5 milliards de dollars d’actifs.

Toujours d’après la source, des analyses au niveau mondial montrent que dans de nombreux pays africains de 20 % à 30 % de la fortune privée est placée dans des paradis fiscaux (Global Financial Integrity, 2017 ; Zucman, 2014 ; Johannesen et al., 2016). Cette proportion est supérieure à la moyenne mondiale par pays, qui est de 8 % (Zucman, 2013).

Flux illicites provenant d’autres activités criminelles

« Selon des estimations récentes, chaque année dans le monde de 1 600 à 2 200 milliards de dollars de revenus sont générés par 11 types d’activités criminelles : trafic de drogues, d’armes, d’êtres humains, d’organes humains et de biens culturels ; contrefaçon ; trafic illicite d’espèces sauvages, commerce illicite de produits de la pêche, exploitation forestière et minière illicite ; vol de pétrole brut (May, 2017). Ces estimations doivent toutefois être prises avec précaution car tous ces revenus ne peuvent être traités comme des Ffi  du fait qu’il est difficile de déterminer le flux de valeur transfrontière qui leur est imputable. Le trafic d’êtres humains pèse lourd dans ces flux », explique-t-on dans le rapport.

D’après la source, en agrégeant les informations sur ce qui est connu et publié, l’Onudc  (UNODC, 2018) a ainsi conclu qu’en 2016 l’acheminement illicite de 2,5 millions de migrants le long de certains itinéraires avait généré, à l’échelle mondiale, un revenu cumulé d’au moins 5,5 à 7 milliards de dollars pour les passeurs.

« Ces activités illégales influent pour la plupart sur les perspectives de réalisation des objectifs économiques, sociaux et environnementaux ; leur impact est exposé en détail dans les chapitres 5 et 6 du présent rapport, consacrés à la relation entre les FFI et la durabilité sociale et environnementale. En ce qui concerne le trafic illicite de produits contrefaits, par exemple, selon le Forum économique mondial au cours de la seule année 2013 des médicaments antipaludiques de qualité inférieure ont causé la mort de plus de 100 000 enfants en Afrique subsaharienne. Le bilan mondial des méfaits imputables aux antipaludiques et aux antituberculeux contrefaits est bien plus élevé (World Economic Forum, 2015) », note le rapport.