Les Assemblées annuelles 2021 du groupe de la Banque Africaine de Développement (Bad), ouvertes de façon virtuelle, ont commencé les premières discussions sur la gestion de la dette africaine. Selon la Bad, en mai 2021, 17 pays africains sur 38 étaient en situation de surendettement.



« En mai 2021, 17 pays africains sur 38, pour lesquels une analyse de la viabilité était disponible, étaient en situation de surendettement, douze pays faisaient face à un risque modéré de surendettement et six pays étaient déjà en situation de surendettement. La structure de la composition de la dette africaine a connu des mutations importantes au fil du temps passant de sources traditionnelles telles que les prêteurs multilatéraux et le Club de Paris à celle de créanciers privés et non membres du Club de Paris. En 2000, les créanciers bilatéraux, notamment les membres du Club de Paris détenaient 57% de la dette des pays africains. Cette part a chuté à 27% en 2019 », précise la banque africaine de développement  dans un communiqué.

D’autre part, la part de la dette détenue par les créanciers privés a été plus que multipliée par deux passant de 17% à 40% en 2019. L’encours total de la dette africaine de 841,9 milliards de dollars en fin 2019 représente aujourd’hui plus de deux fois les recettes annuelles des gouvernements africains de 501 milliards de dollars. L’année dernière, les paiements d’intérêts de la dette du continent ont atteint 20% des recettes fiscales des pays africains et dépassé le tiers des recettes dans certains pays. De même, la dette publique en Afrique du Nord a augmenté d’environ 12 points de pourcentage pour atteindre une moyenne de 88 % du PIB l’année dernière.


Besoin d’un financement additionnel de 485 milliards de dollars entre 2021 et 2023 

« La Banque africaine de développement estime que l’Afrique aura besoin d’un financement additionnel de 485 milliards de dollars entre 2021 et 2023 : Il apparaît manifestement que sans restructuration de la dette bien plus de pays africains feront face à une situation de surendettement, prévient le président Adesina. Le plus grand défi pour nous est de trouver les ressources et de réduire le niveau d’endettement », note la source.

Et d’après la source, le but étant d’éviter absolument que l’Afrique ne perde une autre décennie comme cela été le cas lors des restructurations antérieures de la dette qui a pris huit à dix ans et n’ont pas produit de désendettement conséquent. 

Les solutions à mettre en œuvre

D’après la Bad, l’une des solutions immédiates est de mettre en œuvre, le plus rapidement à la disposition des pays africains les 33 milliards de droits de tirage spéciaux (Dts ) annoncés lors du Sommet sur les économies africaines de Paris ainsi que les 100 milliards de dollars des Dts  que les pays industrialisés souhaitent mettre à la disposition des pays africains via la Banque africaine de développement. Cela viendrait renforcer l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 et le Cadre commun pour la résolution de la dette du Fonds monétaire international (Fmi), portant sur un allégement de la dette des pays les plus vulnérables.
Toujours d’après la source, il est également important de mettre en place un mécanisme africain de stabilité afin d’aider les économies africaines à se protéger des chocs exogènes, a insisté le président de la Banque africaine de développement.

Pour Kristalina Georgieva, directrice générale du Fmi, « de toute évidence, la meilleure façon de gérer la dette est que les économies se développent. Ce n’est pas une tâche facile pendant la pandémie, car les gouvernements sont confrontés à des revenus réduits et à une augmentation des dépenses consacrées aux mesures de crise. Mais cette crise est l’occasion de réformes transformatrices pour améliorer la fonction publique ».

Expliquant que le Fmi envisageait d’augmenter ses capacités de prêts à taux zéro, Kristalina Georgieva, a annoncé que : « l’Afrique peut compter sur le Fmi pour mettre en œuvre ses efforts de redressement et de réformes transformatrices ».

Ngozi Okonjo-Iweala a affirmé : « Les stratégies de gestion de la dette africaine devraient prendre en compte les chocs extérieurs car, ils limitent l’espace budgétaire et ont un important impact sur l’endettement. Enfin de compte, on ne va pas aller dans des cycles de dette, de restructuration et de redressement, ceci est mauvais pour la croissance à long terme et les conditions de vie ».

D’après la source, dans deux panels distincts animés par des ministres en charge des Finances et du Plan, des gouverneurs de banques centrales et des gouverneurs à la Banque africaine de développement, les participants ont estimé qu’il était nécessaire pour les pays africains de renforcer la mobilisation des ressources domestiques, de gérer les finances publiques et la dette de manière transparente et productive.

« Mais surtout d’assurer une transparence totale sur la dette détenue par les entreprises publiques non-membres du Club de Paris, notamment les prêts garantis auprès des créanciers bilatéraux. Il faudrait aussi lutter davantage contre la corruption, travailler à l’efficacité de la dépense, avoir une discipline budgétaire, mettre en place des institutions fortes pour les dépenses publiques, freiner les flux financiers illicites, avoir une meilleure gestion financière et renforcer les liens entre dette, croissance, et gouvernance », mentionne-t-on dans le document.

Et toujours d’après la source, il faudrait aussi développer la numérisation du circuit de la collecte et de la dépense afin de réduire les déperditions. Les pays doivent faire un meilleur usage de la dette en mettant l’accent sur le financement d’infrastructures sociales et économiques productives. Et grâce à des capacités institutionnelles plus fortes, il est possible de renforcer l’efficacité des investissements publics financés par la dette.