L’Association des meuniers industriels du Sénégal (Amis) qui regroupe les entreprises productrices de farine et d’aliment animal, a tenu le mardi 14 septembre 2021 un point de presse pour évoquer les difficultés que traverse la filière meunière en cette période de Covid-19.
Selon M. Claude Demba Diop, président de l’association des meuniers industriels du Sénégal, la filière meunière fait face depuis 2 ans à une forte dégradation des conditions d’approvisionnement et de production. Et à un tournant important de sa survie les meuniers du Sénégal renouvellent leur attachement à la consolidation et fortification du tissu industriel local.
D’après M. Diop, malgré les difficultés accentuées et amplifiées depuis quelques mois, les meuniers du Sénégal privilégient le dialogue avec tous les acteurs de la chaîne de valeur qu’ils ont le devoir de servir, de soutenir et d’accompagner durablement.
« La crise sanitaire générale et le dérèglement climatique ont provoqué une profonde déstabilisation des prix de matières premières céréalières. Partout dans le monde, la flambée des prix, la rétention des céréales de qualité et la spéculation se sont installés. Les cours mondiaux sont en hausse continue depuis 2019 passant de 147 000 F cfa à 213 000 F cfa la tonne. Ce qui a obligé la filière meunière à constamment ajuster son action pour garantir la continuité de production et éviter la rupture », a souligné M. Diop dans sa déclaration.
Et le président de l’Amis de rajouter : « Cependant, les espoirs de relance et de retour à la normale sont vains et la dégradation de la situation des industries s’est accentuée avec l’explosion des prix du transport maritime et l’indisponibilité des navires. Il s’y ajoute la prolongation des délais de livraison et l’application de taxes à l’export de certains pays producteurs de blé. De sorte que la sonnette d’alarme a fait réagir les Etats partout dans le monde pour soutenir les industriels et par là toute la chaîne de valeur ».
Il estime qu’au Sénégal, des actions de haute portée sont venues au secours de l’industrie meunière. Et l’Etat est passé d’une réduction de 6% de Tva en février 2021 à une suspension totale avec suppression des droits de douane depuis le 1 er septembre 2021.
« Mais la faillite et fermeture d’usines guettent toujours un pan important de l’économie et de l’emploi local. Il est urgent de ramener les industries meunières à l’équilibre si nous ne voulons pas drainer toute la filière dans le précipice », souligne M. Diop.
Il souligne que malgré un contexte social préoccupant à tous les niveaux, il est à présent incontournable d’activer l’ultime levier d’ajustement en révisant le prix du sac de 50 kg de farine de blé. Et il en est ainsi partout dans la sous-région et même au-delà face à cette situation dramatique.
« C’est fort de cette responsabilité sociale et entrepreneuriale que les meuniers en appellent à l’ensemble des acteurs de la filière pour le sauvetage de l’autosuffisance en farine et de la production locale. Les 1000 emplois directs et 15000 emplois indirects sont foncièrement menacés », dira-t-il.
Il a tenu à préciser que la révision du prix de 18500 F cfa par sac ce qui représente 370 F cfa du kilogramme à comparer à 3332 F auparavant. Et à ce titre comparatif cette hausse est inférieure de 1000 à 3000 F cfa par sac par rapport aux prix pratiqués de la sous-région. Le prix annoncé rejoint le plafond fixé en décembre 2017 au sortir des concertations nationales de la filière boulangère.
« La situation des cours mondiaux des blés est totalement indépendante des gouvernements et des industriels. En conséquence, tenir les politiques et les meuniers comme responsable est une erreur qui peut nous être fatale. Seule l’industrie peut apporter du développement, de l’emploi et des recettes fiscales nécessaires au devenir du Sénégal. Les meuniers sont au bord du gouffre. La filière était jusque-là à genoux, maintenant elle est aux abois. Il faut à présent courir à son chevet », conclut-il.