Le président de la commission des finances du Sénat a proposé de taxer les plus-values latentes des Américains dont la fortune dépasse le milliard de dollars ou dont le revenu est de plus de 100 millions par an.

Effectivement, l’idée d’un impôt sur la fortune devient « mainstream », nous confie M. Zucman, alors qu’elle était jusqu’ici portée essentiellement par l’aile progressiste du Parti démocrate, notamment les sénateurs Bernie Sanders (Vermont) et Elizabeth Warren (Massachusetts). En début d’année, un sondage donnait 81 % des démocrates et 57 % des républicains favorables à un impôt sur la fortune. La donne a changé depuis la crise due au Covid-19. D’abord, celle-ci a dopé la fortune des titans de la Silicon Valley, grâce à la bascule numérique et à la politique ultra accommodante de la banque centrale, la Fed, qui a fait s’envoler la Bourse de Wall Street. Ensuite, le site ProPublica a révélé en juin que les Américains les plus riches, qu’il s’agisse de Jeff Bezos (Amazon), d’Elon Musk (Tesla) ou du financier George Soros, parvenaient parfois à ne payer aucun impôt fédéral sur le revenu. En 2018, les vingtcinq plus riches détenaient ensemble un patrimoine de 1 100 milliards de dollars (948 milliards d’euros), soit l’équivalent de ce que possèdent 14,3 millions de leurs compatriotes « moyens », mais ils avaient payé cette année-là 75 fois moins d’impôt fédéral qu’eux (1,9 milliard, contre 143 milliards), accusait ProPublica. « La logique de fond est très forte, les milliardaires payent très peu d’impôts, mais ProPublica l’a rendu beaucoup plus visible et incontestable », résume M. Zucman.