Top ! C’est parti. Les travaux de Ndayane sont lancés. Avec un investissement de près de 480 milliards de Fcfa pour une première phase, le Sénégal aura son port de dernière génération. Érigé sur 1200 hectares, ce port multifonctionnel, aura un tirant d’eau de -18m et créera plus 3 000 emplois. Ainsi, le PAD aura non seulement un porten eau profonde, mais également va étendre au maximum ses aires de débarquement et d’embarquement et moderniser ses équipements. Port de transbordement et d’éclatement vers l’hinterland continental, Ndayane offrira des services de qualité et aux prix les plus compétitifs.Sans nul doute, il va permettre au PAD de prendre une bonne longueur d’avance sur ses concurrents de la côte africaine de l’Atlantique.
Cette infrastructure est la suite logique d’une politique de renforcement des infrastructures portuaires et de la modernisation de leurs exploitations, lancée par l’Etat du Sénégal à la fin des années 2010 avec le terminal à conteneur. Cette politique sera renforcée par les nouvelles orientations du Plan Sénégal Emergent (PSE) afin de faire face à la menace des ports émergents de la sous-région et de se positionner en leader. D’où le renforcement de la plateforme portuaire de Dakar avec la construction du port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou et celui de Ndayane en eau profonde.
Nul besoin de préciser que ces investissements lourds répondent à une demande pressante de modernisation dans une zone où nous assistons à la montée en puissance de nouveaux ports au Cabo Verde, en Mauritanie, au Ghana, au Bénin, en République de Guinée, au Togo, en Côte d’Ivoire, au Nigéria… Les ambitions sont clairement affichées pour eux tous : construire des ports à conteneurs en eau profonde avec des options de transbordement et d’éclatement vers l’hinterland continental.
Qu’est-ce qu’un port à conteneurs ? C’est un port où les conteneurs d’expédition sont stockés et placés sur les camions, les trains ou les navires pour livraison. Le port à conteneurs appelé port de transbordement, utilise des portiques pour empiler et organiser les conteneurs ainsi que pour les charger ou décharger sur des camions, des trains et des navires. Aujourd’hui, la différence, entre les ports de transbordement, se situe dans l’offre de connectivité. C’est-à-dire, la capacité de créer un système de transport qui relie à la fois, les voies ferrées, terrestres, aériennes et maritimes.
En d’autre terme, nous pourrons dire que l’objectif de Ndayane est de répondre à la demande du marché de transport international et de la logistique qui a enregistré une croissance sans précédent, depuis quelques années, et les ports sont au cœur du processus global de la chaîne. Dans ce secteur, les ports à conteneurs ou de transbordement occupent les têtes de classement.
Selon le rapport annuel de Dynaliners sur l’état du marché de la conteneurisation mondiale publié en 2021 et portant sur l’année 2020, « sept des 10 plus grands ports au monde sont désormais chinois, seuls Singapour, Busan et surtout Los Angeles viennent bouleverser ce classement ». Dans ce top 10, aucun port africain, ni européen, nous avons neuf ports asiatiques et un port américain. Sur cette liste des plus grands ports à conteneurs du monde, nous avons Shanghai, Singapour (Singapour), Ningbo, Shenzhen, Guangzhou, Qingdao, Busan (Corée du Sud), Tianjin, Hongkong et Los Angeles (USA). Naguère pionniers dans le secteur portuaire, les grands d’Europe, notamment, Rotterdam, Anvers, Hambourg, Le Pirée, Valence, Algésiras, Barcelone, Le Havre, Marseille, Londres, Southampton, Felixstowe, Gênes ont disparu du top 10 du monde.
En Afrique, nous assistons à une montée en puissance du Maroc avec le port de Tanger Med. Il occupe la 24ème place en 2020 contre la 48ème place en 2018. Ce bon en avant est le fruit des importants investissements du Royaume chérifien. Grâce à Tanger Med, le Maroc s’est aujourd’hui imposé en leader en Afrique pour ne pas dire dans le monde. Avec un tirant d’eau de -19m, le port de Tanger Med est un complexe industrialo-portuaire marocain, situé sur le détroit de Gibraltar. Il a une capacité de traitement pouvant atteindre les 9 millions de conteneurs et 7 millions de passagers. Construit entre 2004, 2007 et 2016, ce port est bâti sur 1 000 ha avec une zones d’activités de 2 000 ha. Tanger Med fait aujourd’hui la fierté du Royaume du Maroc.
A l’instar du Maroc, le Sénégal a lancé un programme d’investissement depuis 2007 pour une amélioration de la qualité de service. D’où la construction d’un Terminal à Conteneur à Dakar. La mise en service des portiques du Terminal à conteneurs et la disponibilité de zones logistiques où sont déjà implantées des entreprises de rang international, a permis au Port de Dakar de se positionner en leader avec des cadences défiant toute concurrence en Afrique de l’Ouest.
Interpellé en 2011 lors d’une mission européenne, l’ancien du DG du PAD, Bara Sady dira : « nous sommes conscients que notre position est à la fois une force et une faiblesse. Elle constitue une force parce que c’est le 1er grand port à l’arrivée et une faiblesse, si on n’arrive pas à avoir des profondeurs nécessaires pour accueillir les gros navires de dernières générations. » Avec Ndayane qui aura un tirant d’eau de 18m, le Sénégal va régler ce problème de profondeur et se positionner ainsi en leader dans ce secteur qui est en perpétuelle mutation.
Toutefois, il faut préciser que malgré la position stratégique de Dakar, à l’extrémité occidentale du continent africain et au carrefour des routes maritimes, le Sénégal est appelé à consentir encore des investissements dans les infrastructures afin de se hisser au rang des ports les plus compétitifs du monde. D’où la nécessité non seulement de réhabiliter les anciens ou ports secondaires, mais également de construire de nouveaux ports maritimes dans les années à venir.
Il faut préciser que dans le secteur portuaire, la concurrence est continue. Dans un milieu pareil, seul les infrastructures peuvent faire la différence. En d’autre terme, il faut investir pour prétendre être, avant de chercher à se positionner en leader dans un continent marqué par la cherté du coût des prestations portuaires. Au-delà de ses infrastructures portuaires, le Sénégal doit également investir dans la réparation navale. Ces investissements vont permettre à Dakar de se positionner comme un pont entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques.
Par Talibouya AIDARA
Cadre Républicain département de Bignona
Email : aidara.or.t@gmail.com