Dans un monde plein d’incertitudes, très exigeant en transparence et en célérité, il est plus que jamais important de reformer des banques centrales indépendantes orientées pour l’essentiel vers la stabilité des prix.

Aujourd’hui force est de reconnaître que les banques centrales dans le monde entier sont :

1-) Peu démocratiques et quasiment en dehors des contrôles citoyens ;

2-) Peu transparentes et très isolées par rapport aux préoccupations directes des populations ;

3-) Calibrées dans des missions de stabilité monétaire donc de lutte contre l’inflation ;

4-) Peu soucieuses du plein emploi, pour la plupart d’entre elles ;

5-) Très technocratiques et dirigées par des personnes non élues ;

6-) Très discrètes avec de super-pouvoirs et échappant parfois au contrôle des gouvernements.

Il faut déconnecter ces banques centrales de leur statut de pompiers de l’économie et les faire participer à la gestion des risques en amont. Elles souvent être humanisées

Le monde entier ne peut se passer de réformes approfondies sur lesdites banques. Six actions clefs nous semblent indiquées :

1-) Changer leur philosophie d’action héritée depuis près de 80 ans en réinterrogeant le dogme de milton friedman sur l’inflation ;

2-) Leur confier une mission de pleins emplois. Qui renferme la possibilité d’appuyer directement les Etats et les acteurs économiques dans des projets structurants. Utiliser une partie de la monnaie de la banque centrale pour financer des mesures de survie et de croissance, n’est pas très préjudiciable à l’économie sur le long terme ;

3-) Renforcer leurs capacités institutionnelles en cooptant au Conseil d’Administration des représentants de la société civile mais aussi des Experts indépendants spécialisés par exemple dans les questions environnementales ;

4-) Trouver d’autres mécanismes plus pertinents de détermination de la masse monétaire en dehors des critères classiques. On peut imaginer une masse monétaire calée entre autres sur les richesses actuelles et potentielles de l’espace monétaire et moins sur les phénomènes spéculatifs.

Est-il normal que des pays comme la Guinée et la Rdc n’arrivent pas à traduire dans les décisions de création monétaire un potentiel de richesse extraordinaire ?

5-) Mettre en œuvre notamment en Afrique où le poids du secteur informel, qui est très important, échappe souvent aux objectifs de quantification monétaire, une politique d’assouplissement quantitative. Celle-ci se traduirait par des solutions temporaires de planche à billets et des stratégies de rachat d’actifs notamment de créance et d’obligations des banques ;

6-) Améliorer leur gouvernance par des missions d’audits indépendants externes.

Magaye GAYE.

Economiste International.

Professeur à l’Institut Supérieur de Gestion de Paris.