D’après la Banque mondiale, le niveau record des prix alimentaires est à l’origine d’une crise mondiale qui va plonger plusieurs millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté.

« Le niveau record des prix alimentaires est à l’origine d’une crise mondiale qui va plonger plusieurs millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté et aggraver la faim et la malnutrition, menaçant des gains durement acquis en matière de développement. La guerre en Ukraine, la désorganisation des chaînes d’approvisionnement et les répercussions persistantes de la pandémie de COVID-19 réduisent à néant plusieurs années de progrès sur le front du développement, tandis que les prix alimentaires atteignent des niveaux records », précise le rapport de la Banque Mondiale.

D’après le rapport, le renchérissement de l’alimentation pénalise plus durement les habitants des pays à revenu faible et intermédiaire, qui consacrent une part plus importante de leurs revenus à ces dépenses que les populations des pays à revenu élevé. Et cette note d’information fait le point sur la montée de l’insécurité alimentaire et sur les actions menées à ce jour par la Banque mondiale pour y remédier.

L’indice des prix des produits agricoles supérieur de 19%

« A la date du 29 juillet 2022, l’indice des prix des produits agricoles était supérieur de 19% à celui enregistré au mois de janvier 2021, avec des cours du maïs et du blé supérieurs de 16% et 22% respectivement, tandis que ceux du riz ont baissé d’environ 14% », précise-t-on dans le rapport.

Et le rapport de rajouter : « Les prix alimentaires continuent d’augmenter à travers le monde : 93,8% des pays à faible revenu, 89,1% des pays à revenu intermédiaire inférieur, 83% des pays à revenu intermédiaire supérieur et 78,6% des pays à revenu élevéont enregistré des taux d’inflation supérieurs à 5 %, un grand nombre d’entre eux affichant même une inflation à deux chiffres. En outre, dans la plupart des pays, cette inflation des prix alimentaires était supérieure à l’inflation globale ».

Selon la dernière édition du rapport Commodity Markets Outlook publiée par la Banque mondiale au mois d’avril, la guerre en Ukraine modifie la physionomie des échanges, de la production et de la consommation des produits de base, ce qui devrait maintenir les prix à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de l’année 2024, aggravant ainsi l’insécurité et l’inflation alimentaires.

La hausse des prix alimentaires entraînée par la guerre en Ukraine

« La guerre en Ukraine ne fait qu’entraîner à la hausse des prix alimentaires qui étaient déjà élevés. Les produits de base les plus touchés sont le blé, le maïs, les huiles comestibles et les engrais. Les marchés mondiaux des produits de base sont confrontés à des risques de hausse par le biais des canaux suivants : réduction de l’offre de céréales, hausse des prix de l’énergie, hausse des prix des engrais et perturbation du commerce en raison de la fermeture des principaux ports », souligne la source. 

D’après le rapport, On assiste depuis le début de la guerre en Ukraine à une vague de mesures, 30 juin, 18 pays avaient mis en place 31 mesures touchant aux exportations de produits alimentaires et représentant 5,5 % des calories échangées sur les marchés mondiaux, et cinq pays avaient adopté six mesures de restriction des exportations.

« La situation sur le front de la faim dans le monde reste alarmante. Selon le rapport mondial sur les crises alimentaires 2022, 193 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë en 2021, soit un chiffre record représentant une augmentation de près de 40 millions de personnes par rapport à celui de 2020, qui avait déjà atteint un niveau sans précédent. Les conflits et l’insécurité demeurent le facteur d’insécurité alimentaire principal. Le Pam et la Fao ont en outre mis en garde   contre une aggravation de l’insécurité alimentaire aiguë dans 20 pays ou territoires entre juin et septembre 2022 », souligne-t-on dans le rapport.

Toujours d’après la source, les enquêtes rapides par téléphone réalisés par la Banque Mondiale dans 83 pays montrent qu’un nombre important d’individus ont manqué de nourriture ou diminué leur consommation durant les deux premières années de la pandémie.

L’appui de la Banque mondiale

Toujours d’après la source, face à des crises multiples, la Banque mondiale déploie des réponses à court et à long terme pour stimuler la sécurité alimentaire et nutritionnelle, réduire les risques et renforcer les systèmes alimentaires.

« Le 18 mai, la Banque mondiale a annoncé les actions envisagées pour lutter contre l’actuelle crise de sécurité alimentaire. Ces mesures, qui s’inscrivent dans le cadre d’une réponse globale et mondiale, comprennent une enveloppe de 30 milliards de dollars destinés à des projets existants ou nouveaux dans des domaines tels que l’agriculture, la nutrition, la protection sociale, l’eau et l’irrigation. Les financements s’attacheront notamment à encourager la production de nourriture et d’engrais, à améliorer les systèmes alimentaires, à faciliter les échanges et à soutenir les ménages et les producteurs vulnérables », renseigne le rapport.

D’après la source, le Groupe de la Banque mondiale et la présidence du G7 ont officialisé le 19 mai le lancement de l’Alliance pour la sécurité alimentaire, une initiative conjointe qui vise à mobiliser une réponse immédiate et concertée face à cette crise.

Des projets de la Banque mondiale pour aider les pays à réduire l’insécurité alimentaire 

« Voici un aperçu des projets de la Banque mondiale qui aident les pays à réduire l’insécurité alimentaire : Un prêt de 315 millions de dollars pour aider le Tchad, le Ghana et la Sierra Leone à mieux se préparer à l’insécurité alimentaire et à rendre leurs systèmes alimentaires plus résilients ; Le projet d’appui d’urgence pour la sécurité alimentaire et la résilience, d’un montant de 500 millions de dollars, va accompagner les efforts déployés par l’Égypte en vue d’assurer la continuité de l’approvisionnement en pain des ménages pauvres et vulnérables, renforcer la résilience du pays aux crises alimentaires et soutenir des réformes nécessaires pour améliorer les résultats en matière de nutrition ; Le programme de résilience des systèmes alimentaires pour l’Afrique de l’Est et australe, approuvé le 21 juin 2022 et doté de 2,3 milliards de dollars, aide les pays de la région à accroître la résilience de leurs systèmes alimentaires et leur capacité à agir contre la montée de l’insécurité alimentaire. Il permettra d’améliorer les stratégies inter organisations de riposte aux crises alimentaires, d’intensifier les efforts à moyen et long terme en faveur d’une production agricole résiliente, d’un développement durable des ressources naturelles et d’un accès élargi au marché, et de mettre davantage l’accent sur la résilience des systèmes alimentaires dans l’élaboration des politiques », explique-t-on dans le rapport.

Un crédit de l’IDA de 150 millions de dollars accordé au Sénégal

« Au Sénégal, un crédit de l’IDA de 150 millions de dollars contribue à accroître les exportations de cultures à haute valeur ajoutée telles que les arachides décortiquées et les produits horticoles, ainsi que la productivité de l’élevage laitier. Il permettra également de réduire le taux de mortalité des petits ruminants et atténuer les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 tout en investissant dans des pratiques de production plus efficaces et résilientes », précise le rapport.