Suite à l’approbation par le Conseil d’administration du FMI de la dernière revue du Programme économique et financier du Sénégal soutenu par l’Instrument de Coordination de la Politique Economique, la Facilité de Crédit de Confirmation et l’Accord de Confirmation, M. Mesmin Koulet-Vickot, Représentant Résident du FMI pour le Sénégal et la BCEAO a été face à la presse ce mardi 10 janvier 2023. Par rapport au rapport de la cour des comptes, il parle de « bel exercice de transparence de reddition des comptes ».

« S’agissant du rapport de la cour des comptes, je voudrais saluer ce bel exercice de transparence de reddition des comptes. Cela démontre la capacité et l’indépendance de la cour des comptes du Sénégal qu’il faut saluer. Dans beaucoup de pays, ces rapports ont été produits par des cabinets indépendants, ce qui n’est pas le cas au Sénégal, ça démontre la capacité de la cour des comptes du Sénégal. Ce rapport conclut la série d’engagement en matière de transparence des redditions des comptes pris par le gouvernement dans son dialogue avec les partenaires techniques et financiers du Sénégal. Ces engagements, il y en avait quatre, produire des rapports trimestriels d’exécution budgétaire, produire un rapport par l’ARMP des marchés dans le cadre de fonds-Covid. Il y avait un rapport produit par le comité spécial Adhoc mis en place de suivi de Fonds-Covid, le dernier, c’est le rapport de la cour des comptes », a souligné. M. Mesmin Koulet-Vickot, Représentant Résident du FMI pour le Sénégal et la BCEAO.

Il estime que les irrégularités relevées sont sérieuses, les recommandations fort pertinentes de la cour des Comptes et le gouvernement à maintes reprises, s’est engagé à y donner suite.

Il rajoute : « Nous, FMI, nous allons être attentifs et engagé à accompagner le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations issues de ce rapport. D’ores et déjà on peut relever les trois mesures issues qui sont mises en œuvre pour éviter une répétition de ces irrégularités, la première, c’est le nouveau code des marchés publics qui vient d’être adopté. Nous osons croire que le gouvernement a compris que les situations d’urgence peuvent être traitées dans le cadre du code des marchés publics ».

Le dossier transmis au Procureur de la République

Le Représentant Résident du FMI pour le Sénégal et la BCEAO, souligne : « Enfin sur le volet sanction, la cour des comptes a saisi récemment le ministre de la justice pas plus tard ce matin, le ministre de la justice nous a indiqué qu’il a transféré le dossier au procureur de la république. Je pense qu’il faut laisser la justice suivre son cours en toute sérénité. Dans un Etat de droit, le principe d’innocence. Il y a aussi le volé faute de gestion, nous espérons que la cour des comptes va activer la chambre de discipline financière pour la suite des irrégularités relevées ».

Décaissement de 133 milliards de F CFA représentant la dernière tranche du programme

« Comme vous le savez, le conseil d’administration du FMI a approuvé le lundi les revues des programmes du Sénégal, les dernières revues. L’approbation de ces revues a donné lieu à un décaissement de 133 milliards de F CFA qui représentent la dernière tranche du programme de 18 mois qui était un montant total de 480 milliards de F CFA. Par cette décision, le conseil d’administration a jugé satisfaisant les résultats obtenus par le Sénégal et les réformes mises en œuvre. Au rang de ces résultats satisfaisants, je voudrais citer la croissance qui, bien qu’elle soit en baisse par rapport en 2021, est restée forte de l’ordre de 4,7% en dépit de la conjoncture internationale difficile. Les recettes budgétaires propres de l’Etat qui ont fortement augmenté, des réformes qui ont été mises en œuvre, les dernières, c’est le code des marchés publics. La décision de réduction des subventions à l’énergie et tout ce qui touche au cadre de gouvernance et de gestion, des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures », précise M. Mesmin Koulet-Vickot.

Le programme avec le Sénégal, une réussite selon le FMI

« De façon globale, le programme avec le Sénégal a été une réussite. J’ai cité les résultats en termes de recettes, en termes de réformes, même si les objectifs en termes de déficit et de l’endettement ont été en dessous des attentes mais c’est lié quelque part aux différents chocs qui ont affecté, qui ont impacté l’économie sénégalaise. Sur les deux questions de l’actualité à savoir les subventions, la décision du gouvernement de réduire les subventions à l’énergie et le rapport de la cour des comptes, j’ai indiqué lors de cette conférence de presse que cette reddition s’est justifiée parce que le statuquo était devenu intenable pour les finances publiques », souligne M. Mesmin Koulet-Vickot.

Les subventions à l’énergie auraient coûté 800 milliards d F CFA en 2023

« Quelques chiffres en 2021, les subventions à l’énergie ont coûté 150 milliards de F CFA, en 2022, elle se sent élever à 750 milliards F CFA, absorbant prés de 23% des recettes propres de l’Etat. Un tel niveau de subvention, pour vous donner un autre ordre de grandeur, est supérieur à ce que l’Etat du Sénégal va engranger en termes de recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures en 2023, 2024, 2025, combinés. A l’absence de mesures, les subventions auraient coûté 800 milliards d F CFA en 2023, représentant 22% des recettes budgétaires de l’Etat. Ces subventions ont été le principal moteur du déficit élevé en 2022 », précise M. Mesmin Koulet-Vickot.

Il estime que tous ceux qui sont préoccupés par la question de la dette ou du niveau d’endettement du Sénégal devraient soutenir cette décision du gouvernement parce qu’elle vise à maintenir la qualité de la signature du Sénégal sur les marchés internationaux.

Il poursuit : « Deuxième point que je voudrais souligner, c’est que ces subventions sont régressives, en ce sens que, elles profitent aux grands consommateurs et donc aux couches les aisées de la population.  Sur les 750 milliards de F CFA dépensés l’année dernière, plus de 80% ont bénéficié aux couches les plus aisées de la population. Donc tous ceux qui sont épris de question de justice sociale ou d’équité, devraient aussi soutenir cette décision. Les économies réalisées, les 260 milliards vont être affectés aux dépenses sociales, des dépenses qui vont contribuer à réduire la pauvreté. Le rôle de l’Etat, le rôle redistributif de l’Etat, c’est d’utiliser les ressources issues des impôts et taxes que les sénégalais paient, de les affecter, d’aider aussi les ménages vulnérables, ce n’est pas d’aider ceux qui sont dans la situation financière bonne ».

Vers une hausse des prix

« Enfin, nous savons que le gouvernement a pris un certain nombre des mesures d’accompagnement, il va sans dire que cette décision va entraîner aussi une hausse des prix d’après nos calculs préliminaires. Avant cette décision, on prévoyait une inflation 3.5, 3.7 en 2023 avec cette décision, on serait à un taux d’inflation de l’ordre de 5%. Dans un contexte de cherté de la vie, ça va peser sur certains ménages, c’est pour cela que le gouvernement a pris aussi des décisions de prendre un certain nombre de mesures d’accompagnement, la première a été annoncée par le Chef de l’Etat dans son adresse à la nation le 31 décembre faisant passer la bourse de sécurité sociale de 25000F à 35000F CFA avec effet immédiat », renchérit le Représentant Résident du FMI pour le Sénégal et la BCEAO.

Il poursuit : « La deuxième, c’est dans le cadre des négociations que le gouvernement va engager avec les transporteurs publics pour pouvoir éviter une répercussion, une forte répercussion de la hausse des prix sur les transports publics urbains qui sont en général empruntées par les ménages les plus vulnérables. Et enfin le gouvernement est en train de développer le transport public urbain avec le BRT, le TER. Toutes ces mesures, ça permettra aussi d’alléger à moindre terme l’impact d’une hausse des coûts sur le pouvoir d’achat des ménages. Voilà ce que je voulais dire sur les subventions ».

Il conclut : « Avant Dernier point, il y a le renforcement de dispositifs de transfert monétaire, nous avons à l’époque indiqué en 2020 au gouvernement que ce n’était pas une bonne méthode de procéder à des distributions de vivres, non seulement, c’est compliqué et c’est soumis à des irrégularités. Le gouvernement, ces derniers temps a développé son système de transfert monétaire, qui, sera privilégié pour venir en aide aux ménages vulnérables en cas de chocs négatifs, c’est mieux de donner l’argent aux gens pour qu’ils aillent acheter des vivres que de transporter des vivres d’une localité à une autre avec toutes les complications que vous pouvez imagez ».