Au cours de notre expérience internationale, nous avons été témoin de deux anecdotes qui nous ont beaucoup marqués

1ère anecdote 

Nous avons une fois participé à une mission d’évaluation diligentée par une banque de développement sous régionale dans le cadre de la mise en place d’une ligne de crédit au profit d’une grande banque commerciale au Mali.

Au cours des échanges avec la direction de la banque locale, nous avons senti la nécessité de mettre en condition préalable à la mise en place de la ligne de crédit, le recrutement d ‘un Assistant technique étranger. C’était à la mode à l ‘époque.

Le Directeur Général de la banque nous avait administré à cette occasion une leçon que je n’oublierai jamais.

Il nous a dit en substance « Pourquoi vos institutions sous régionales sont-elles complexées à ce point ? Ces pays occidentaux n’envoient jamais leurs meilleurs cadres en assistance technique en Afrique. Souvent on met à notre disposition des professionnels qui éprouvent de sérieuses difficultés d’insertion dans leurs pays »

Cette sagesse nous avait fait réfléchir à l’époque.

Anecdote 2 

Une fois, une banque de développement a commis un Cabinet français chargé d’assurer la formation de ses Cadres en gestion de risques.

J’en étais offusqué et je m’étais rapproché gentiment du Chef de mission à qui j’avais posé la question suivante « Pourquoi cher Monsieur acceptez-vous de venir faire un travail que les africains sont capables de faire ? Il m’a répondu ceci en substance.

« Monsieur GAYE, la raison principale est à rechercher du côté africain. Une fois, nous avons été choisis pour effectuer une mission d’audit au Gabon. En ma qualité de dirigeant du Cabinet, j’ai détecté en Europe un Cadre africain très compétent pour la mission en question et qui pouvait facilement maîtriser l’environnement local du projet. Je voulais l’envoyer sur place comme premier responsable de la mission. J’ai envoyé ses références à la partie gabonaise qui m’a dit de manière inattendue : surtout pas d ‘Africain. On vous a commis pour faire vous-même le travail »

Ces deux anecdotes résument un état d’esprit que j’ai eu à constater dans le cadre de mon expérience internationale. 

J’aurais pu évoquer aussi le cas de l’élaboration des plans de développement nationaux qui fait appel souvent à l’expertise internationale. 

Il faut que les Africains aient plus confiance en eux. Beaucoup d’assistants techniques qui viennent en Afrique sont gracieusement rémunérés pour ne rien faire (émoluments gigantesques, congés payés, billet d’avions, frais de scolarité, primes, facilités de transferts de devise etc) alors que le gros du travail est fait par des Cadres africains talentueux, cependant mal rémunérés. Ils ne font que signer.

Cette situation anachronique doit cesser !

Magaye GAYE

Économiste International 

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