Un sommet sur la sécurité alimentaire en Afrique se tient au Sénégal du mercredi 25 au vendredi 27 janvier en présence de chefs d’Etats du continent et de nombreux partenaires financiers.

La Banque Africaine de Développement (BAD) co-organisatrice du sommet a rappelé que depuis le lancement de la stratégie ‘’Nourrir l’Afrique’’ dont l’ambition est de libérer le potentiel agricole du continent et stimuler la création d’emplois, la BAD et ses partenaires ont injecté 7 milliards USD et touché 74 millions d’agriculteurs en 6 ans.

C’est bien d’annoncer des chiffres mais la question est de savoir quels ont été les résultats atteints.

1 l’Afrique continue d’importer l’essentiel de ce qu’elle consomme ;

2 la malnutrition et l’insécurité alimentaire restent sévères sur le continent ;

3 la pauvreté est endémique en milieu rural. Dans beaucoup de pays sahéliens les « paysans » ne travaillent que 3 mois sur 12 puisque l’agriculture reste dépendante de la pluie plus de 60 ans après les indépendances. 

C’est un échec des États et des partenaires au développement. Il faut avoir le courage de le souligner.

Malheureusement, les discours qui nous parviennent du sommet depuis hier restent classiques du genre :

1 consacrer 10% des budgets nationaux à l’agriculture 

2 Les partenaires financiers envisagent d’injecter 6000 milliards de Fcfa 

3 Il faut maîtriser la question des sols, des semences, des intrants, de l’eau et des équipements.

Il est grand temps de changer de paradigme. 

Je suis convaincu que ce sera un énième sommet pour rien tant que les goulots d’étranglement suivants n’auront pas été levés.

1 l’absence de volonté politique perceptible à travers l’ancrage des États africains dans des stratégies quasi irréversibles de promotion des importations au détriment de la production locale uniquement pour percevoir des droits de douanes. Solutions de facilités budgétaires. 

2 l’omniprésence des lobbies qui rament à contre-courant de la production nationale. Cela passe par une mise hors d’état de nuire du tandem fonctionnaires véreux/intérêts étrangers.

3 l’absence de rationalisation des investissements destinés à l’agriculture qui ne sont pas efficients (rapport qualité prix). Bien entendu cela passe par une bonne organisation des procédures de passation de marchés et une maîtrise accrue des risques de corruption.

4 la non orientation des packages agricoles (équipements, intrants, semences) vers les véritables professionnels de l’agriculture mais vers les « grands électeurs  » et autres intermédiaires sans aucun rapport avec le secteur.

5 L’absence de solutions novatrices capables d’aider de manière efficace le secteur privé mais également de drainer une jeunesse particulièrement inquiète et tentée par l’urbanisation, vers le monde rural.

Magaye GAYE

Économiste International 

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