Dans le cadre de son dixième anniversaire, l’Association Sénégalaise d’Evaluation (SenEval) a organisé ce jeudi 15 juin 2023, une matinée de réflexion sur « Culture et pratique de l’évaluation au Sénégal : regards croisés sous les angles rétrospectif et prospectif », au CESAG. M. Moubarack Lô, directeur du bureau de prospective économique, un des panélistes, estime que tout est à faire en matière d’évaluation au Sénégal.
M. Moubarack Lô, directeur du bureau Prospective économique (BPE), souligne : « L’évaluation au Sénégal, au Sénégal, on sait faire du suivi. On est très avancé en suivi. Pour l’évaluation, on est en démarrage. On est vraiment au démarrage. Il faut un processus qui permet de certifier les évaluateurs. Comme ça, ceux qui sont dans le métier, soient protégés et reconnus. Je n’ai pas vu ce que le parlement a fait en matière d’évaluation, de même la cour des comptes. Tout est à faire en matière d’évaluation au Sénégal. Il y a plus de suivi que d’évaluation au Sénégal. Il y a beaucoup de choses à faire dans ce domaine ».
Quant à M. Abdou Aziz Kane, Président de l’association sénégalaise d’évaluation , il avance : « Donc cette activité était importante parce que, ça nous a permis aujourd’hui de faire un peu le bilan de notre présence dans l’espace de l’évaluation et de voire quel est le rôle que les associations nationales d’évaluation jouent dans la promotion de la culture de l’évaluation et dans l’appropriation de l’évaluation dans la formulation des politiques publiques parce que nous estimons que, ce n’est pas simplement de formuler des politiques publiques, d’identifier des projets , des programmes et de les mettre en œuvre mais que ces projets et programmes sont appelés à apporter des changements dans la vie de nos citoyens dans tous les secteurs de la vie possible ».
Il estime que ces projets , programmes sont mis en œuvre et il faudrait qu’il ait un feal back pour voire est-ce que les résultats qui avaient été initialement prévus, ont produit les effets qui sont attendus, est-ce que l’impact attendu, c’est-à-dire le changement, le résultat attendu, est-ce que ça s’est effectivement concrétisé oui ou non, d’où l’importance d’évaluer, d’apporter un regard sur , est-ce que les résultats ont été atteint, oui, comment cela a été fait et comment on va capitaliser ce succès.
Il poursuit : « Les résultats n’ont pas été atteints, quelles sont les difficultés que nous avons rencontrées et pourquoi ces difficultés ont été comment nous avons fait face à ces difficultés et quelles sont les enseignements que nous tirons de ce que nous avons fait pour le projet ultérieur, c’est à quoi sert l’évaluation. A chaque fois qu’on parle d’évaluation, les gens ont une certaine peur parce que c’est comme si on venait faire la police alors que c’était en fait un accompagnement pour aider nos décideurs à bien penser les projets mais à se dire que les ressources qui nous ont été confiées, il faudra que l’on rende compte de l’utilisation de ces ressources, voire est-ce qu’on les a utilisées de manière efficiente et est-ce qu’elles ont été orientées de manière spécifique vers l’atteinte des résultats. C’est la raison pour laquelle, on parle d’approche à la gestion accès sur les résultats et qui ont produit aujourd’hui le budget programme ».
D’après le document de presse, de 2003 à 2012, les questions d’évaluation ont été portées par le Réseau sénégalais d’évaluation, en rapport avec les pouvoirs publics et autres acteurs de la société civile. Ce processus est arrivé à maturation en 2012, par la création d’une association dénommée Association Sénégalaise d’Evaluation (SenEval). Et durant cette décennie, plusieurs acteurs individuels et institutionnels ont initié beaucoup d’événements et d’actions dans le domaine de l’évaluation.
« Dans l’écosystème sénégalais de l’évaluation, il a été noté, entre autres, l’approfondissement de l’institutionnalisation de l’évaluation comme tendance mondiale, l’adoption des Objectifs de Développement Durable (ODD 2030), l’élargissement de la mission de l’Assemblée Nationale à l’évaluation des politiques publiques en 2016, l’institutionnalisation des budgets programmes, conformément aux directives de l’UEMOA, dont l’application a démarré depuis 2020, la mise en place du Cadre harmonisé de suivi-évaluation des politiques publiques (CASE) ainsi que l’avènement d’une Commission de l’évaluation et de suivi des politiques et programmes publics (CESPPP), fonctionnel depuis 2020 »,renseigne le document.
Evaluation introduite dans les domaines de compétences des institutions supérieures de contrôle
D’après le document susmentionné, la mission d’évaluation a été introduite dans les domaines de compétences des institutions supérieures de contrôle, notamment l’Inspection générale d’Etat (IGE) et la Cour des Comptes, mais aussi des ministères sectoriels à travers les cellules d’études et de planification (CEP).
« En outre, il est heureux de constater que l’Etat prend de plus en plus conscience de la nécessité d’évaluer certains programmes et politiques et publics, pour réaffirmer que l’évaluation est une exigence démocratique », précise-t-on dans le document.