L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a organisé ce lundi 23 octobre 2023 un atelier de formation Sys4ENCA, plateforme semi automatisée de Comptabilité Ecosystémique du Capital Naturel (CECN). Des experts venant de six pays africains francophones qui vont subir cette formation en compatibilité écosystémique.

M. Nabil Ben Khatra, secrétaire exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Sahel, a souligné : « Nous sommes réunis, 6 pays africains francophones, le Benin, le Burkina Faso, le Sénégal, la Guinée, la Tunisie et le Maroc. Donc, nous sommes là pour un atelier régional sur la comptabilité écosystémique de capital naturel et plus précisément sur l’utilisation d’un outil informatique Sys4ENCA, qui a été développé pour produire d’une manière rapide des données sur les comptes systémiques. Alors, l’esprit de la comptabilité écosystémique, c’est de donner de la valeur au service des différents écosystèmes. Quand on donne de la valeur aux services écosystémiques, on peut avoir une idée plus précise sur ce qu’elle nous apporte et pouvoir les gérer de la manière la plus durable et la mieux rationnelle ».

Il estime que cet atelier technique réunit des experts de ces pays avec les implications des institutions régionales, des institutions monétaires, politiques mais surtout techniques qui vont travailler ensemble pour la valorisation de ces outils et surtout leur pérennisation, toujours dans une perspective de gestion durable des ressources naturelles au profit des populations de la région.

« L’Afrique vit surtout de la gestion de l’exploitation de ses ressources naturelles. Le milieu rural, l’agriculture reste toujours l’épine dorsale, la moelle épinière de notre développement, donc le secteur primaire, l’agriculture est vraiment la base sur laquelle, se fondent tous les programmes et les processus de développement dans notre pays », dira-t-il.

Quant à M. Cheikh Tidiane Kane, Chargé de la gestion des aires protégées, à la commission de l’Uemoa, il affirme : « La plateforme que nous sommes en train de capaciter les acteurs, c’est pour avoir des informations permettant d’apprécier dans notre langage ce qu’on appelle la comptabilité écosystémique du capital nature ».

Et M. Kane de poursuivre : « Pour être plus précis, le capital naturel, c’est ce qui concerne de l’environnement de manière générale, les ressources naturelles et plus particulièrement les êtres protégés et la biodiversité. Et pour cela, il y a des aspects écologiques mais également de plus en plus, il y a des comptes qu’il faudrait créer pour apprécier les valeurs écologiques de ces aires protégées. Et comme une thématique émergente, qui toute nouvelle, nous avons jugé nécessaire de renforcer les capacités des acteurs, c’est-à-dire d’outiller les administrations de nos Etats et au niveau régional pour que la comptabilité écosystémique du capital naturel puisse retrouver la place qui est la sienne au niveau de nos dispositifs informationnel. C’est une source d’informations qu’il faudra combiner avec d’autres éléments d’informations pour faciliter le processus de prise de décision du politique. Et comme c’est un élément qui est extrêmement important, c’est la raison pour laquelle, nous avons jugé nécessaire de renforcer la capacité dans ce domaine ».

M. Christian Noirard, coordonnateur régional de la protection de la biodiversité à l’UICN souligne que c’est une innovation et cette plateforme est importante parce que ça fait partie des outils modernes de conservation de la nature.

« Aujourd’hui, le savoir est plus que jamais au cœur des préoccupations environnementales. Depuis toujours, l’homme essaie de mesurer la valeur de la nature, il y a des éléments scientifiques, des valeurs éthiques, il y a aussi la valeur économique qu’elle porte et qu’elle soutient en particulier pour le bénéfice des communautés locales. Aujourd’hui, pouvoir mesurer concrètement la valeur économique de cette plateforme, permet au niveau local mais aussi au niveau national d’aider à la décision pour les politiques environnementales mais également pour les gestionnaires, en particulier au sein des aires protégées pour orienter les priorités d’actions la conservation de cette nature au moment où les cas de biodiversité atteignent des niveaux alarmants », poursuit M. Christian Noirard.

« Cet outil permet de rassembler toutes les informations nécessaires à la fois sur les données de la biodiversité mais aussi sur la qualité de sa gestion et de sa gouvernance. Et ce sont tous ces éléments rassemblés qui permettent aux décideurs, aux conservateurs des aires protégées, aux politiques de travailler pour améliorer la conservation en ayant une meilleure visibilité de leur patrimoine et de sa valeur », conclut-il.