Le Groupe de la Banque mondiale dans son « Rapport national sur le climat et le développement sur le Sénégal-Octobre 2024 », note que les besoins de financement de l’action climatique du Sénégal sont importants et représentent au total 8,2 milliards de dollars sur la période 2025–2030.

« Les besoins de financement de l’action climatique sont importants, mais relativement faibles comparativement à l’économie sénégalaise (ces besoins se situent dans une fourchette comprise entre 2 % et 4,5 %% du PIB cumulé). Ils représentent au total 8,2 milliards de dollars sur la période 2025–2030 (soit 6 % par an à valeur actualisée), autrement dit 4,5 % du PIB cumulé actualisé sur la même période. La sécurité hydrique et le développement de modes de transport (urbain) durables représentent la plus grande part en valeur, qui est de 54 % », précise-t-on dans le rapport.

D’après le rapport, après 2030, à mesure que l’ambition de décarbonation augmente, ce chiffre passe à 10,6 milliards de dollars sur la période 2031–2050 (en valeur actuelle), ce qui représente 2 % du PIB cumulé actualisé sur la même période. Et la sécurité hydrique, le développement des transports (urbains) durables et la transition énergétique représentent la plus grande part en valeur, à savoir 91 %.

« Bien que ces besoins de financement soient élevés du point de vue des investissements supplémentaires, en particulier des dépenses annuelles supplémentaires dans les infrastructures, ils devraient avoir des effets positifs importants au fil du temps, au‑delà de l’adaptation au changement climatique et de l’atténuation de ses effets », précise le rapport.

Le secteur de l’énergie du Sénégal a connu une croissance phénoménale au cours de la dernière décennie, servant de catalyseur à la croissance économique du pays et façonnant son rôle de plaque tournante énergétique régionale. Cependant, des investissements importants sont nécessaires pour réaliser les ambitieux programmes communs de transition énergétique, d’accès universel à l’énergie et de lutte contre le changement climatique. Il faudra pour cela diminuer le coût de l’électricité, réduire la dépendance à l’égard des combustibles et augmenter la part des énergies renouvelables.

Toujours d’après le rapport, environ 70 % de la capacité installée est alimentée par le charbon ou par le fioul lourd, ce qui rend le Sénégal très vulnérable aux fluctuations des cours mondiaux des combustibles et entraîne l’un des prix de l’électricité les plus élevés en Afrique.

« Les engagements climatiques nationaux visent une réduction des émissions du secteur de l’énergie de 10 % à 41 %, sous réserve d’un soutien financier important. L’électricité représente 40 % des émissions d’énergie, principalement à cause d’une forte dépendance au fioul lourd, dont le facteur d’émission est supérieur de 30 % à celui du gaz », mentionne le rapport.

Selon le rapport, pour répondre à la demande croissante et parvenir à un accès universel d’ici à 2025, des investissements considérables s’avèrent nécessaires pour assurer un approvisionnement en électricité suffisant et bon marché.

« Si le Sénégal affiche l’un des taux d’accès les plus élevés de la région, de grandes disparités perdurent, avec des taux d’électrification beaucoup plus faibles dans les zones rurales et parmi les entités publiques de base comme les centres de santé et les écoles », note le rapport.

Selon le document, si la plupart des objectifs d’accès peuvent être atteints par l’extension du réseau, le Sénégal doit encore consacrer des ressources au développement suffisant des marchés hors réseau et à la fourniture d’un appui réglementaire pour atteindre tous les segments.

Et la question de l’accès à des moyens de cuisson propres est aussi primordiale et nécessite des investissements et des ressources plus importants, l’inaction coûtant environ 7,9 milliards de dollars par an à cause des effets néfastes sur la santé, sur le genre et sur le climat.

« Il est temps de passer à l’action. Le Sénégal se trouve à la croisée des chemins, et le pays devrait s’appuyer sur les efforts nécessaires pour atténuer les effets de l’incertitude climatique, non seulement pour accélérer sa croissance, mais aussi pour orienter la transformation structurelle de son modèle économique vers une trajectoire plus résiliente et sobre en carbone », précise-t-on dans le document.

Le rapport précise que l’orientation que prendront les politiques à ce stade déterminera la mesure dans laquelle un avenir prospère sera garanti. Pour mettre le pays sur une trajectoire de croissance résiliente, des mesures décisives devraient être prises dans les principaux segments de l’économie, et l’on devra tirer parti du dividende démographique du pays en protégeant l’accumulation de capital humain et en y investissant.

«  Il faudra également être conscient des risques relatifs à cette transition, qu’ils soient liés à un retard dans l’arrivée ou à la disponibilité des ressources, ce qui obligera le pays à procéder à des arbitrages ou à redéfinir ses priorités en ce qui concerne les besoins d’investissement, ou à risquer de s’enfermer dans une voie destinée à rester lourde en carbone plutôt que d’investir dans une économie résiliente au changement climatique », explique-t-on dans le rapport.

D’après le document, la découverte de réserves de pétrole et de gaz dans le pays pourrait doper la croissance du PIB et accompagner la transition énergétique. Et elle permettra d’éliminer progressivement les capacités de production coûteuses et fortement polluantes pendant que les capacités de production d’énergie renouvelable seront déployées.

« Cette démarche équilibrera à son tour le système électrique et réduira le coût de l’électricité. L’exploitation des ressources pétrolières et gazières pose également des problèmes de gouvernance associés à la gestion des recettes des hydrocarbures (en particulier en ce qui concerne la discipline budgétaire et l’efficacité des dépenses) et à la redistribution équitable des bénéfices pour améliorer le bien‑être de la société (surtout en veillant à ne pas détourner l’attention des priorités de développement).Une croissance résiliente au changement climatique et à faible intensité de carbone peut réduire les pertes économiques annuelles et induire des effets positifs considérables », mentionne le rapport.

Besoins de financement climatique d’environ 0,9 % du PIB d’ici à 2030

« L’analyse macroéconomique pour ce Rapport national sur le climat et le développement révèle que les mesures d’adaptation dans certains secteurs devraient entraîner des gains de PIB d’environ 2 % d’ici à 2030, et des gais compris entre 0,5 % et 1 % par la suite (pour des besoins de financement climatique d’environ 0,9 % du PIB d’ici à 2030 et de 0,1 % par la suite) », note le rapport.

Toujours d’après le rapport, la modélisation de l’adaptation n’est pas possible dans tous les secteurs du modèle macroéconomique utilisé, ce qui laisse supposer que les avantages pourraient être beaucoup plus importants (en particulier sur le plan de l’amélioration des conditions sanitaires). Et l’adaptation et ses avantages dans quatre secteurs sont modélisés de façon explicite : il s’agit des secteurs primaires (agriculture, pêche, aquaculture et sylviculture), ainsi que de la gestion des risques de catastrophe (GRC) contre les inondations.

« Le secteur agricole est de loin celui où les investissements dans l’adaptation apporteront le plus de dividendes. Il est suivi par le secteur de la pêche, puis celui de la foresterie, ce qui traduit l’importance socioéconomique de ces secteurs clés », note-t-on dans le rapport.

Et le document de poursuivre : « L’adaptation dans 13 secteurs est examinée dans le présent Rapport national sur le climat et le développement. En outre, l’adaptation réduira le nombre de personnes plongées dans la pauvreté à cause des effets du changement climatique de 45 % par rapport à une situation où aucune mesure d’adaptation n’aurait été prise. Cette réduction est plus importante pour les zones rurales ».