Les récentes déclarations du président Emmanuel Macron, insinuant une forme d’ingratitude de l’Afrique – et du Sénégal en particulier – dans le contexte du départ des forces militaires françaises, ne peuvent que susciter une vive indignation. Ces propos, maladroits et condescendants, occultent non seulement des pans essentiels de l’Histoire, mais trahissent également une vision dépassée des relations entre la France et ses anciens territoires coloniaux.

𝐋’𝐢𝐧𝐠𝐫𝐚𝐭𝐢𝐭𝐮𝐝𝐞 ? 𝐏𝐚𝐫𝐥𝐨𝐧𝐬-𝐞𝐧.

Les tirailleurs sénégalais ont combattu aux côtés des soldats français durant les deux Guerres mondiales. Ils ont versé leur sang pour la libération de la France et l’émergence d’un monde libre. Ces hommes, déracinés de leurs terres, ont lutté dans des conditions souvent inhumaines pour défendre une nation qui n’était pas la leur. Leur contribution à la victoire des Alliés est incommensurable.

Pourtant, qu’a fait la France en retour ? Ces combattants ont été longtemps oubliés dans les livres d’Histoire, discriminés dans le versement de leurs pensions et privés d’une reconnaissance pleine et entière. La France doit non seulement un immense respect à ces héros, mais une dette morale à l’Afrique tout entière pour les sacrifices consentis.

𝐄𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐝𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐢𝐞́𝐞 𝐚̀ 𝐥’𝐞𝐬𝐜𝐥𝐚𝐯𝐚𝐠𝐞 ?

Pendant des siècles, l’Afrique a été saignée par la traite négrière transatlantique, une entreprise inhumaine qui a enrichi les nations européennes tout en dévastant des civilisations entières. Cette période tragique de l’Histoire appelle non pas des leçons d’ingratitude, mais une réflexion sincère sur la justice historique et la dignité humaine.

𝐔𝐧 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐚 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞́ : 𝐋’𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐧 𝐝𝐢𝐠𝐧𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐞𝐧 𝐯𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫

Monsieur Macron, il est temps de reconnaître que le monde a changé. Les relations entre les nations africaines et la France ne peuvent plus être basées sur des rapports de domination implicite ou sur une nostalgie postcoloniale. Aujourd’hui, nous discutons en égaux, avec une égale dignité, une égale souveraineté et un respect mutuel inaliénable.

Le Sénégal et l’Afrique ne rejettent pas l’amitié ou la coopération, mais elles refusent désormais toute forme de paternalisme ou d’ingérence. Nos pays aspirent à des partenariats respectueux, basés sur des intérêts communs et une vision partagée de l’avenir.

𝐋’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐧 𝐩𝐥𝐞𝐢𝐧𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐨𝐫𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

L’Afrique, et le Sénégal en particulier, traversent une transformation historique, portée par la jeunesse, l’innovation, et une volonté farouche de bâtir un avenir souverain. Ce n’est pas un rejet de la France, mais un appel à des relations redéfinies.

Le départ des forces militaires françaises est un choix souverain des nations africaines. Il reflète une aspiration légitime à construire leurs propres mécanismes de sécurité et à réaffirmer leur autonomie stratégique. Cela ne traduit pas une ingratitude, mais une volonté d’assumer leur destin.

𝐔𝐧 𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥 𝐚𝐮 𝐫𝐞𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭 𝐞𝐭 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐫𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́

Nous invitons la France et son président à s’inscrire dans cette dynamique de transformation. Plutôt que de stigmatiser ou de caricaturer les décisions souveraines des États africains, la France gagnerait à renforcer des partenariats basés sur le respect mutuel et la reconnaissance des contributions historiques de chacun.

Le Sénégal et l’Afrique ne sont pas des adversaires de la France, mais des partenaires. Ce partenariat ne pourra prospérer que si la France reconnaît les erreurs de son passé, abandonne les discours paternalistes et adopte une posture de respect envers les aspirations légitimes des peuples africains.

L’Histoire nous enseigne que la grandeur d’une nation réside dans sa capacité à reconnaître ses erreurs, à honorer ses engagements et à construire des ponts d’amitié sincère. 𝐌𝐨𝐧𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫 𝐌𝐚𝐜𝐫𝐨𝐧, 𝐥𝐞 𝐒𝐞́𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥 𝐞𝐭 𝐥’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐱𝐢𝐠𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝𝐞𝐮𝐫. 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐪𝐮𝐞́𝐦𝐚𝐧𝐝𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐫𝐞𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐟𝐟𝐢𝐫𝐦𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐢𝐠𝐧𝐢𝐭𝐞́.

En cette ère de changement, l’Afrique avance, et elle avance avec confiance. Que ceux qui veulent cheminer avec elle le fassent dans le respect et l’humilité, car le monde de demain ne se construira que sur des bases d’égalité et de justice. C’est mon intime conviction.

𝐁𝐚𝐛𝐚𝐜𝐚𝐫 𝐒𝐚𝐧𝐞́ 𝐁𝐀

𝐏𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐀𝐥𝐭𝐞𝐫𝐧𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞𝐬 𝐂𝐢𝐭𝐨𝐲𝐞𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐂𝐨𝐚𝐥𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐌𝐈𝐌𝐈 𝟐𝟎𝟐𝟒