15 mois après le lancement de ses premiers vols, la compagnie aérienne Air Sénégal se décerne un satisfecit. Dans une stratégie sur trois ans, le transporteur annonce des réaménagements pour améliorer son trafic face à un environnement concurrentiel, alourdi par les défis propres au transport aérien en Afrique.

Près d’une année après le lancement de ses premiers vols, Air Sénégal dessert 10 destinations couvre 9 pays et prévoit près de 400 000 passagers d’ici la fin de l’année 2019. «Nous avons commencé nos opérations seulement le 14 mai 2018, soit un peu plus d’un an. Et Air Sénégal est, aujourd’hui, la première compagnie aérienne en termes de nombre de passagers transportés de la plateforme aéroportuaire de Diass avec plus de 300 000 passagers chaque mois. Nous allons atteindre certainement les 400 000 cette année», a déclaré Ibrahima Kane, DG de la compagnie aérienne dans une interview publiée le 16 août dans le quotidien national sénégalais Le Soleil. Une analyse optimiste qui laisse entrevoir une courbe de développement prometteuse. Pour propulser la compagnie en avant, le management compte s’appuyer sur la fibre nationaliste des Sénégalais,mais surtout rester à l’écoute de sa clientèle et opérer quelques changements stratégiques.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la présentation du plan de développement de la compagnie au grand public par le DG de la compagnie qui a également présenté son rapport aux partenaires, le 14 août. Une stratégie de développement sur trois années où la compagnie nationale sénégalaise a pour mission de faire de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) un hub international qui va relier les pays de la sous-région avec l’intercontinental. Elle s’accompagne de changements, d’une réorganisation des horaires.

Changement d’horaires pour Paris-Dakar
A la fin du mois d’octobre 2019, les passagers à destination de Paris vont voyager en vols de nuit au lieu de la journée, comme c’est le cas actuellement et inversement les vols de Paris vers Dakar se dérouleront dans la journée. Un réaménagement destiné à améliorer l’efficacité des liaisons de vols à l’intérieur du pays et de la sous-région : Ouagadougou, Bamako, Conakry, Abidjan, Bissau, Nouakchott…. Une manière de capitaliser sur le trafic de ces lignes pour la compagnie confrontée à une forte concurrence, qui a éjecté le transporteur français Corsaire de la ligne Paris-Dakar l’année dernière.

Concurrence et défis du ciel africain
Par ailleurs, Air Sénégal qui a noué des partenariats avec d’autres compagnies, comme Air France, mise aussi sur le programme national de remise à niveau des aéroports régionaux.

Le projet «porte sur 200 milliards de Fcfa en cours d’exécution qui va concerner la mise à niveau de l’ensemble des aéroports du pays, des régions. Et au fur et à mesure de ces mises à niveau, Air Sénégal va s’y poser pour relier l’ensemble de ces points à partir de Dakar», explique le DG de la compagnie.

Elle fait état d’une flotte composée de cinq appareils et rappelle ses capacités à «opérer avec ses propres avions, dans tous les pays d’Europe, c’est-à-dire toutes les destinations classiques», après avoir obtenu l’aval des autorités compétences de l’UE. La compagnie qui, initialement, a investi 60 millions d’euros a aussi acquis deux appareils A330 pour un prix de 300 millions de dollars l’unité. La compagnie compte doubler son chiffre d’affaires et atteindre l’équilibre financier d’ici 2022.

Pour atteindre son objectif final de faire du Sénégal un hub régional, Air Sénégal doit faire face à la concurrence des compagnies solidement implantées dont Air France, Royal Air Maroc. Elle devrait également relever les défis propres au transport aérien africain, liés notamment à la difficulté à attirer et à garder les ressources compétentes, aux coûts élevés des assurances et du carburant, auxquels s’ajoute le manque de capitaux.
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