– La South African Reserve Bank (SARB), l’institution qui fait office de Banque centrale en Afrique du Sud, a prédit des mois difficiles à venir pour les secteurs banque et assurance dans ce pays. « Les risques d’instabilité financière sont élevés et les perspectives sont difficiles… L’impact économique du virus en est à ses débuts. Beaucoup de choses restent floues sur la nature et la durée du ralentissement économique que nous connaissons actuellement », a déclaré Lesejta Kganyago, le gouverneur de la SARB.

Dans le secteur bancaire, la rentabilité des fonds propres qui est un indicateur de performance très suivi par les investisseurs est en train de baisser. En Afrique du Sud, elle n’est jamais passée en dessous de 12,5% depuis des dizaines d’années. Cependant, un contexte économique morose rend difficile l’octroi de nouveaux crédits, et pèse sur la capacité de remboursement des prêts déjà accordés. Dans ce contexte, le rendement des fonds propres du secteur bancaire sud-africain était de 14,3% à la fin du mois de février 2020, son niveau le plus bas depuis 5 ans.

Si les grandes banques ont suffisamment de réserves pour absorber encore plus de pertes, il n’en est pas de même pour les petites banques sud-africaines qui préoccupent grandement la SARB. Celles-ci sont beaucoup plus fragiles aux défis économiques que connait le pays depuis pratiquement fin 2017. Il n’est pas clair s’il faudra leur apporter un appui pour les aider à se maintenir.

Le problème de rentabilité des banques sud-africaines est renforcé par le fait qu’elles ne peuvent pas émettre de nouvelles actions pour mobiliser des ressources. La valeur des actions bancaires a fortement reculé depuis. Or lorsque survient une telle situation, les entreprises hésitent à ouvrir le capital, car cela leur apporte moins d’argent, et dilue la position des actionnaires existants.

La situation dans le secteur des assurances n’est pas meilleure. Les entreprises jouent un double rôle. Elles contribuent au flux d’épargne vers l’investissement et dans ces conditions, sont pour beaucoup, des actionnaires des banques. Elles permettent surtout, le transfert de risques en assumant les risques des ménages et des entreprises en échange d’une prime. 

Ce que relève la Banque centrale, c’est que les investissements qui permettent aux assureurs de générer de la ressource et faire face à leurs obligations connaissent une baisse de rentabilité. Cette situation est d’autant plus exacerbée que dans le segment de l’assurance vie où le besoin d’investissement est grand, 70% de l’activité est concentrée autour de 5 grandes compagnies d’assurance. Une faillite de celles-ci constituerait un défi de taille pour leurs millions de clients.

Les perspectives sur les 7 prochains mois ne sont pas favorables. La Banque centrale sud-africaine prévoit une baisse de croissance du produit intérieur brut de l’ordre de -7%. Certaines règles prudentielles dans les deux secteurs ont été mises en veilleuse, en attendant le retour d’un environnement meilleur. Deux grandes sociétés d’assurance ont déjà prédit que leur premier trimestre 2020 sera perturbé.

(Agence Ecofin)