Le premier appareil Airbus A330neo commandé par Air Sénégal sera livré à la fin du mois de janvier 2019, selon une annonce de la présidence sénégalaise. La livraison devrait marquer le début de la desserte de destinations internationales à forte compétition comme Paris-Dakar. Une ligne dont le Sénégal a retiré l’exploitation à « Corsair » pour son compte. Le lancement d’Air Sénégal à l’international, jugé précipité et dépensier, a été critiqué. Mais le modèle adopté par la compagnie sénégalaise, proche de celui de Rwandair, pourrait porter ses fruits si le pays opte pour une gestion rigoureuse à la rwandaise.

L’assemblage de l’A330neo d’Airbus commandé par compagnie aérienne Air Sénégal est fini. L’avion sera livré à la fin du mois de janvier. « L’appareil d’Air Sénégal qui sera livré en fin janvier a déjà fier allure. L’assemblage est terminé. Il ne reste qu’à installer les sièges et à monter le moteur pour démarrer la phase de mise en vol par des tests avant livraison », a déclaré la présidence dans un communiqué transmis à l’agence presse sénégalaise (APS).
Air Sénégal a opté pour un appareil de dernière génération, car la compagnie nationale sénégalaise qui vise à être compétitive au niveau international a insisté sur la qualité et le confort de l’avion, qui d’après les sources officielles, sera doté d’une technologie de pointe avec confort sécurité et des cabines spacieuses. Le Sénégal qui s’est doté d’un aéroport flambant neuf espère faire de sa nouvelle compagnie « le leader du transport aérien ouest-africain en s’appuyant sur le hub régional Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) ».

La compagnie aérienne va desservir à la fois les lignes intérieures et des destinations internationales. Air Sénégal a en effet annoncé l’ouverture de sa ligne Paris-Dakar dès février 2019 et a prévu de se déployer sur les destinations Conakry, Bamako et Ouagadougou Abidjan, Cotonou, Bissau, Banjul et Praia. Une stratégie qui n’a pas manqué de susciter des critiques.
Gare à la précipitation !
Les critiques estiment qu’il est nécessaire de se préparer davantage avant de se lancer sur une desserte comme Paris-Dakar.
« Air Sénégal devra s’accommoder de créneaux sur l’aéroport de Roissy. Saturé et ultra-compétitif, ce dernier convient moins à une compagnie de taille modeste que celui d’Orly », a prévenu, Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) dans nos colonnes.

Les inquiétudes portent sur la capacité de la compagnie à assurer une ligne transcontinentale, à disposer des ressources humaines qualifiées à temps. D’autres ont dénoncé les millions de francs CFA « jetés par les hublots », juste pour avoir une compagnie nationale. En dépit de ces critiques qui accusent également le président Macky Sall d’axer sa décision sur des calculs électoraux en vue des présidentielles de 2019, les autorités sénégalaises maintiennent leur calendrier.
Selon le communiqué de la présidence sénégalaise de ce 30 novembre, le président Macky Sall en visite à Toulouse (France) s’est rendu à l’usine d’assemblage d’Airbus pour s’enquérir de l’état d’avancement de la fabrication de l’avion A330 Néo et un prototype lui a été présenté à ce siège d’Airbus Industries. Fin août, les autorités sénégalaises ont mis un terme à l’autorisation de la compagnie aérienne française pour l’exploitation de la ligne Paris-Dakar au profit d’Air Sénégal. La décision avec effet dès le 1er février 2019, devrait permettre à la compagnie sénégalaise de reprendre la desserte.
Faut-il calquer le modèle de Rwandair ?
La mise en place d’une compagnie nationale forte et rentable nécessitera des dépenses colossales et probablement des pertes importantes au tout début. Le Sénégal n’est pas le premier pays à tester ce modèle, qui a également été mis en place par le Rwanda. Le pays a prévu une forte augmentation de ses dépenses du budget 2019 dont une partie sera affectée à l’expansion de sa compagnie aérienne RwandAir, déficitaire mais sur une bonne trajectoire de développement. En dépit des revenus en hausse, soit 99,8 millions de dollars en 2016, contre 95,2 millions en 2015, la compagnie aérienne Rwandaise reste déficitaire, avec des pertes chiffrées à 54,8 millions pour l’année 2016. Mais à la différence du Sénégal, le Rwanda est l’un des pays les mieux gouvernés en Afrique, en terme de gestion des deniers publics.