À l’instar de la communauté internationale, la Journée mondiale de la biodiversité qui sera célébrée ce le vendredi 22 mai 2020, est une occasion pour de nombreux experts africains de s’exprimer sur les conséquences indirectes néfastes de la pandémie de Covid-19 sur la faune sauvage africaine menacée par le braconnage. Pour remédier à tout ce mal,  les représentants de l’Union internationale pour la conservation de la nature (Uicn) au Sénégal, des Eco Maires, en collaboration avec l’ambassade de la France, s’associent pour porter une vision commune pour le prochain congrès international de l’Union qui aura lieu en France (Marseille) en janvier prochain.

La fermeture de nombreux parcs nationaux pour limiter la propagation du virus de la  covid-19 surtout en Afrique, engendre des conséquences indirectes néfastes sur la faune sauvage, et renforce la vulnérabilité déjà bien réelle de certaines espèces. Cette situation tend également à accroitre la vulnérabilité de la faune sauvage de ces sites naturels. Au Kenya, par exemple, l’application de cette mesure de distanciation sociale met en danger les éléphants et les rhinocéros blancs et autres animaux protégés. La fermeture de ces réservoirs de biodiversité livre des espèces, inscrites sur la liste des animaux vulnérables de l’Union internationale pour la conservation de la nature (Uicn) ou reconnues comme trésor de la biodiversité, à la merci des braconniers désireux de réalimenter le commerce de l’ivoire et des cornes et le commerce de la viande de brousse.

Ainsi, en choisissant de fermer les parcs nationaux, l’État décide de suspendre l’écotourisme dont les bénéfices générés contribuent à financer presque intégralement la lutte contre le braconnage, les soins vétérinaires et la maintenance des habitats naturels. En plus de l’absence de recettes, ce sont également de nombreux emplois qui sont mis à mal par ces mesures préventives. La situation des populations locales s’en trouve fragilisée et l’implication des habitants pour la protection des espèces autochtones tend à reculer, quand devenir complices du braconnage devient pour beaucoup un moyen de faire face à la crise traversée.

En plus d’alimenter le commerce très lucratif du trafic de l’ivoire et des cornes qui condamne de nombreuses espèces, le braconnage des animaux sauvages, revigoré dans le contexte actuel, contribue également à alimenter le commerce de viande de brousse. L’interdiction « complète » par la Chine du commerce et de la consommation d’animaux sauvages apparait comme une bonne nouvelle pour les défenseurs de la nature. Reste à surveiller son application et son respect sur le long terme.

Alors que le contexte de crise que nous traversons fait craindre des pénuries alimentaires dans plusieurs régions d’Afrique si la fermeture des frontières se prolonge, le braconnage d’espèces sauvages pour leurs viandes, déjà très rependu, pourrait prendre encore d’avantage d’ampleur. Les conséquences dévastatrices sur la biodiversité, la protection des espèces et de l’environnement et la santé publique seraient alors encore plus déplorables.

Bien que la crise sanitaire actuelle ait permis à l’homme de prendre conscience des impacts de ses activités sur la nature et de mettre déjà en place des mesures pour protéger les espèces, les états ne doivent pas baisser la garde pour que la liberté retrouvée de la faune ne soit pas qu’un mirage dissipé par un excès de libertés de certains hommes. C’est ce que vont défendre tous ces experts lors du prochain congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature qui se tiendra du 7 au 15 janvier 2021 en France à Marseille.