Après le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, l’Agence européenne de sécurité aérienne a interdit de vol tous les Boeing 737 MAX. Les causes du crash du B737 d’Ethiopian restent inconnues.
Deux jours après le crash d’un Boeing 737-8 MAX d’Ethiopian Airlines , la liste des pays ayant décidé de clouer les 737 du même modèle inclut désormais la totalité de l’espace aérien européen, bien qu’aucun élément précis ne permette encore de comprendre les causes de l’accident, ni même d’élaborer une hypothèse principale.

Dans le sillage de la Chine et d’ autres pays asiatiques, et après l’annonce de décisions unilatérales du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France, l’Agence européenne de sécurité aérienne a finalement décidé, ce mardi en fin de journée, une interdiction de vol de tous les Boeing 737 MAX dans l’espace aérien européen.

Un peu plus tôt dans la journée, l’aviation civile française avait justifié sa décision au nom du principe de précaution. « Compte tenu des circonstances de l’accident en Ethiopie, les autorités françaises ont pris la décision, à titre conservatoire, d’interdire tout vol commercial effectué sur un Boeing 737 MAX à destination, au départ ou survolant le territoire français », expliquait la DGAC.

Avec cette interdiction européenne, qui s’ajoute à de nombreuses décisions similaires en Asie, près de 80 % des 387 Boeing 737 MAX en service dans le monde sont désormais cloués au sol. Du jamais- vu depuis la suspension de vol infligée en 2013 au Boeing 787, à la suite d’un feu de batteries au sol.

Toutefois, ces décisions motivées par le principe de précaution ne permettent pas d’en conclure à l’existence d’un défaut de conception commun à tous les 737 de la nouvelle gamme MAX, entrés en service en mai 2017. Seule certitude pour l’instant : un autre appareil de ce type, opéré par la compagnie indonésienne Lion Air, a également été victime d’un crash en octobre 2018.

Des vols font demi-tour
Aucune compagnie française n’exploite des Boeing 737 MAX, mais plusieurs compagnies européennes, parmi lesquelles Norwegian, Air Italy, TUIfly UK et Turkish Airlines, utilisent ce type d’appareils. A l’annonce de la décision, certains vols opérés en B737 MAX ont même dû faire demi-tour, comme le Istanbul-Londres de Turkish Airlines, pour éviter de se retrouver clouer en Angleterre.

Les Boeing Max continuent de voler aux Etats-Unis
En revanche, les Boeing 737 MAX peuvent – jusqu’à présent – continuent à voler aux Etats-Unis, l’Aviation civile américaine n’ayant pas jugé nécessaire de suspendre les vols. Ce qui signifie que la FAA américaine n’a pas identifié, à ce stade, de risque potentiel pour la sécurité des vols. « L’enquête vient juste de débuter et à ce jour, nous n’avons pas reçu d’information permettant de tirer des conclusions ou de décider des mesures à prendre », expliquait la FAA dans un communiqué diffusé lundi.

Mesures déjà annoncées
Pour l’heure, les seules mesures de la FAA concernant les Boeing 737 MAX sont celles qui avaient été prises à la suite du crash de Lion Air, fin 2018 et que l’aviation civile américaine s’est contentée de rappeler dans son communiqué de lundi. A savoir principalement, la modification en cours des logiciels du système anti-décrochage MCAS suspecté d’être à l’origine du crash du Boeing de Lion Air. Ces modifications sur laquelle les ingénieurs de Boeing planchent depuis plusieurs mois déjà, devraient déboucher sur une directive « au plus tard, en avril 2019 », indique la FAA.

Des mesures prises après le crash de Lion Air
Cette directive obligera toutes les compagnies aériennes opérant des Boeing 737 MAX à faire effectuer la mise à jour du système MCAS, ainsi que des manuels techniques et des formations afférentes. Il est cependant trop tôt pour affirmer que le problème rencontré sur le Boeing de Lion Air se soit également produit sur celui d’Ethiopian et qu’il soit à l’origine du crash.

Il n’en reste pas moins qu’il est extrêmement rare qu’un nouveau modèle d’avion connaisse deux crashs en moins de six mois. Et les deux accidents du 737 se sont produits peu de temps après le décollage.

Des profils de vols différents
Les profils des deux vols, tels qu’ils ressortent des données fournies par les sites de suivi des avions en vol, semblent toutefois assez différents. Alors que l’appareil de Lion Air avait piqué du nez à plusieurs reprises juste après son décollage, la trajectoire du vol ET302 ne fait pas apparaître d’anomalie majeure pendant les trois premières minutes du vol, laissant penser à la survenue d’un événement catastrophique plus soudain.

Malheureusement, la couverture de la zone étant incomplète, les données disponibles sur les sites Internet ne couvrent que les trois premières minutes du vol et ne permettent pas de savoir ce qui s’est passé dans les ultimes secondes du vol. Il faudra donc probablement attendre le décryptage des enregistreurs de vols pour avoir une idée des raisons du crash du vol ET302.

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