Le torchon brûle entre la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). L’institution multilatérale panafricaine basée à Abidjan réfute véhément les critiques de David Malpass, qui l’accuse de contribuer aux problèmes d’endettement de l’Afrique en prêtant toujours plus aux pays en difficultés.

C’est une cinglante réaction de la Banque africaine développement (BAD) qui tombe ce vendredi suite à la sortie médiatique de David Malpass, président de la Banque mondiale. La BAD dénonce des propos « non fondés sur des faits » qui « mettent en cause l’intégrité de la [banque], discréditent ses systèmes de gouvernance et insinuent à tort qu’elle fonctionne selon des normes différentes de celles de la Banque mondiale. Une telle idée va à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme et de notre travail de collaboration », indique un communiqué largement diffusé ce vendredi.

A un forum de la Banque mondiale et du FMI à Washington en début de semaine, David Malpass a critiqué plusieurs banques de développement, estimant qu’elles « ont tendance à prêter trop rapidement et à aggraver le problème de la dette des pays ». Le patron de l’institution de Bretton Woods a notamment cité en exemple la BAD pour ses prêts au Nigeria et à l’Afrique du Sud qui, selon lui, plongent ces pays dans une situation budgétaire difficile.

« Nous estimons que la Banque mondiale aurait pu explorer d’autres cadres existants pour discuter, entre banques multilatérales de développement, des questions liées à la dette. La déclaration générale du président du Groupe de la Banque mondiale laissant penser que la Banque africaine de développement contribue à l’endettement des pays africains et que ses normes de prêt sont moins strictes est tout simplement fallacieuse et inexacte », indique la BAD dans sa note.

Sur le terrain, la BM prête plus que la BAD

En parlant de faits, la BAD révèle que la Banque mondiale -en raison de sa puissance financière- décaisse beaucoup plus de fonds à destination des économies nigériane et sud-africaine, soit respectivement 8,3 milliards de dollars et 2,4 milliards de dollars en 2018, contre 2,1 milliards de dollars et 2 milliards de dollars pour la BAD.

Assurant suivre des normes strictes dans son processus d’octroi de prêts, l’institution financière panafricaine dirigée par le Nigerian Akinwumi Adesina reconnait la tendance d’aggravation de la dette des pays africains. Mais la BAD rappelle également qu’il est impératif de continuer d’aider ces économies « vu l’ampleur des besoins en financement du continent africain », d’autant que si cela ne dépendait que de ces pays, il faudrait en faire plus.

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