(Agence Ecofin) – Commentant les performances de son groupe sur les 9 premiers mois de 2018, Ade Ayeyemi, le directeur général du groupe Ecobank Transnational Incorporated a déclaré: « Le profil de risque de notre portefeuille de crédit s’améliore, notre structure de coûts s’allège et devient plus rentable… nous restons enthousiasmés par les perspectives de notre modèle d’affaires bancaire panafricain diversifié et dans nos régions opérationnelles.»
Au delà de ses performances et de l’assurance que partage son top management, le groupe bancaire panafricain le plus présent en Afrique doit encore travailler dur sur le dernier trimestre, pour parvenir à tous les objectifs de performance qu’il a promis à ses investisseurs pour la fin 2018.

Des équilibres à renforcer sur le bilan, l’efficience et la rentabilité

Un premier point à résoudre, concerne son bilan. Il était fixé une cible de progression de 5% pour les dépôts de sa clientèle. A la fin septembre 2018, les 15,5 milliards $ d’encours de ces dépôts représentaient une hausse de 10%, comparés au niveau de septembre 2017. Toutefois, il est important de noter que, depuis la fin de l’année 2017, la hausse n’est que de 2%. De plus, lorsqu’on prend en compte les avoirs détenus au profit des banques, l’encours global de tous les dépôts à la fin septembre 2018 est en repli de 2,3%.
Toujours sur l’équilibre bilanciel, le groupe souhaite atteindre une amélioration annuelle de 2% de prêts à ses clients pour la fin 2018. Mais dans la pratique, le volume des crédits accordés à la clientèle a reculé de 7% par rapport à septembre 2017 et de 8% par rapport à decembre 2017.

Dans ces conditions, on peut comprendre que le groupe n’ait pas atteint tous ses objectifs d’efficience. Pris en Dollars US, son résultat d’exploitation n’a évolué que de 1%, contre un objectif annuel de +3%. Malgré un gros effort pour réduire ses charges, son coefficient d’exploitation (poids des dépenses d’exploitation sur le produit net bancaire) est ressorti à 61,5%, contre un objectif ciblant 60%.

Dans le même sillage, malgré le respect des engagements en terme de rendements sur les actifs (poids du bénéfice net sur les actifs globaux), on note que son bénéfice avant impôts a progressé moins vite qu’espéré à seulement +39%, contre une prévision ajustée autour de 50%.
Les bons points notables, se retrouvent au niveau de la qualité des actifs. L’éternel défi des créances douteuses continue de peser sur le groupe. Au delà des efforts fournis, le ratio des créances à risques est passé à 10,4%. C’est un niveau légèrement au dessus de l’intervalle 8 à 10% prévue par ses dirigeants.

Un risque caché, avec de nouveau en ligne de mire les activités au Nigéria.
Ces performances du groupe pourraient aussi très rapidement se détériorer. Un point remarquable est qu’il consolide ses résultats en dollars américains. Or, dans une communication faite à l’endroit de ses investisseurs, il a expliqué que pour sa filiale au Nigéria, il avait recours au taux de change fixé par la banque centrale (306 nairas pour 1$), pour convertir les performances de ce marché.

A l’analyse des comptes des autres banques ou entreprises qui convertissent leurs performances en dollars, il ressort qu’Ecobank est le seul grand groupe financier à faire recours au taux de référence de la politique monétaire, plutôt que le taux du marché interbancaire (NIFEX) ou le taux sur le marché (NAFEX), qui eux reflètent mieux le poids des charges financières en rapport aux transaction de change.

Ecobank a reconnu qu’en prenant en compte ces deux derniers paramètres, cela ferait baisser de 12,8 millions $, la contribution de la filiale nigériane à son bénéfice avant impôts et de 171,5 millions $ ses fonds propres. Ecobank n’a pas donné de précisions sur les raisons du choix porté au taux de change de la banque centrale. Certains lanceurs d’alerte au sein du groupe ont élaboré des hypothèses et n’excluent pas une possible optimisation des performances et cela depuis 2016.
Sur les différents marchés financiers où le groupe est coté, les investisseurs ont réagi différemment après l’annonce par le groupe d’avoir contractualisé un emprunt de 200 millions $ auprès de Deutsche Bank, remboursable dans 12 mois. Son action a bondi (+1,59%) au Nigéria, baissé de 5% sur la BRVM (Abidjan) et est resté stable au Ghana.
Mais sur les 6 derniers mois, la valorisation boursière d’ETI est en baisse sur chacun des trois marchés avec une médiane de +24% sur le Nigerian Stock Exchange.